Tirs de sommation contre des manifestants, gaz lacrymogènes, tensions sociales, grèves, sit-in, et un gouverneur et son délégué contraints de décamper… À Sidi Bouzid, la tension est à son comble !
Depuis un certain temps déjà, Sidi Bouzid vit au rythme des grèves et sit-in en tout genres. Vendredi 5 octobre, la tension est montée d’un cran.
En effet, la police a été acculée à tirer des balles en caoutchouc et utiliser du gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants qui réclamaient le départ du gouverneur accusé d’ »incompétence ».
Certains manifestants ont bien tenté d’envahir les locaux du gouvernorat, mais les forces de l’ordre se sont interposées pour disperser les protestataires surveillés par un dispositif important de la police et de l’armée.
Le gouverneur a été ensuite évacué de son bureau par la police après des négociations entre les manifestants et l’armée.
La veille, c’est le délégué de Sidi Bouzid ville-Ouest qui avait été contraint à quitter son bureau sous escorte militaire.
Les tensions sociales sont grandissantes et plusieurs manifestations contre la pauvreté, des coupures d’eau et des retards de salaires sont apparues ces dernières semaines, notamment à Sidi Bouzid.
Depuis le début du mois en cours, les manifestations se sont multipliées notamment pour protester contre l’arrestation de manifestants arrêtés à Menzel Bouzaïane et à El Omrane et pour exiger leur libération.
Publié par des ennemis de la révolution (Espace Manager, 5 octobre 2012)
L’idée de faire un comité auto-organisé pour la gestion de la ville [par] la société civile à Sidi Bouzid suite au dégagement du gouverneur aujourd’hui 05-10-2012 me paraît assez importante et assez révolutionnaire mais il faut être solides et solidaires au sujet du savoir-faire…
Témoignage d’un habitant de la région (sur Facebook, 5 octobre 2012)
TUNIS – Le gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, a été démis de ses fonctions à la suite des troubles qui ont secoué cette région du centre-ouest de la Tunisie, une décision critiquée lundi par des organisateurs de la contestation.
Le chef du gouvernement, l’islamiste Hamadi Jebali, a remplacé Mohamed Néjib Mansouri par Amara Tlijani, qui était jusqu’alors préfet de Kébili (sud).
Economiste de formation et haut fonctionnaire, M. Tlijani a occupé des fonctions dans le secteur du développement régional sous le régime du président déchu Ben Ali (1999-2010) notamment à Sidi Bouzid.
Sa nomination intervient après des semaines de tensions, plusieurs manifestations contre la pauvreté, des coupures d’eau et des retards de salaires, ayant été réprimées depuis le mois d’août, notamment dans la ville de Sidi Bouzid.
Si le départ de M. Mansouri a été bien accueilli par les organisateurs des mouvements sociaux, ces derniers ont vivement critiqué son remplaçant en tant que représentant de l’ancien régime.
Le gouvernement provisoire a désigné comme gouverneur une personne qui a échoué dans la gestion du développement de Sidi Bouzid durant cinq ans, sous le président déchu, a dénoncé dans un communiqué l’Instance de protection de la révolution du 17 décembre qui se dit indépendante des partis politiques.
Le Mouvement du Peuple, un parti d’opposition nationaliste, a estimé de son côté que la nomination de M. Tlijani visait à détourner l’attention des revendications populaires.
Le chef du gouvernement Hamadi Jebali, a rejeté ces critiques à l’antenne de la radio Mosaïque FM. Nous essayons toujours de trouver la personne la plus compétente, la plus efficace, la plus honnête, a-t-il dit.
Les conflits sociaux et les manifestations se multiplient en Tunisie depuis l’été notamment à l’intérieur du pays, particulièrement pauvre et touché par le chômage.
Sidi Bouzid revêt une importance très symbolique en Tunisie en tant que point de départ du soulèvement qui a renversé Ben Ali le 14 janvier 2011, après le suicide par immolation de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant.
Mais les régions voisines ont aussi été gagnées ces dernières semaines par les manifestations et les conflits sociaux.
Une grève générale a ainsi paralysé lundi la ville de Thala, dans la région de Kasserine, gagnée par la colère contre le gouvernement accusé de ne pas accorder assez d’importance au développement économique de la région limitrophe de Sidi Bouzid.
Des manifestants avec des revendications similaires ont aussi protesté et bloqué une route dans la région de Kébili (sud), selon l’agence officielle TAP.
AFP / 08 octobre 2012 19h32