[Désintégration] La mairie de Bordeaux travaille

Roms à Bordeaux : le courant rétabli … sous conditions

Après une coupure qui a fait sortir 200 Roms dans la rue vendredi soir, l’électricité a été rétablie hier dans le squat de l’avenue Thiers. Sous conditions.

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L’électricité a été rétablie hier dans le squat.

L’électricité a été rétablie hier après-midi au squat du 150 de l’avenue Thiers à Bordeaux. Pas parce que la veille 200 Roms, qui en avaient été privé, ont envahi le trottoir, la chaussée et les voies du tramway et gêné la circulation, mais parce que la sanction a tout de suite été imaginée comme provisoire par la mairie de Bordeaux qui est à l’origine de la coupure de courant.

Depuis vendredi soir, les commentaires vont bon train et les points de vue se crispent entre ceux qui jugent indigne qu’on prive ainsi des gens installés dans la précarité d’un confort élémentaire et ceux qui s’indignent que la mairie règle les factures d’électricité de personnes sans titre de séjour.

Mais pour comprendre ce qui s’est passé vendredi, il faut revenir sur le sort réservé aux 600 à 800 Roms recensés dans la CUB. 567, dont 141 enfants, sont répartis dans neuf squats à Bordeaux. Parce que le débat ne se résume peut-être pas à « régulariser ou démanteler », parce que la réalité humaine est souvent plus complexe, un pacte et un pari républicain lient en quelque sorte les élus de l’agglomération bordelaise.

« Un contrat moral »

« Notre ligne de conduite c’est la résorption des squats par l’intégration », résume Alexandra Siarri, adjointe au maire de Bordeaux, chargée de la lutte contre les précarités. Avec quelques résultats, notamment dans les domaines de la scolarisation des enfants, de l’apprentissage du français. Après deux ans de Mous (Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale), initiée par la préfecture de la Gironde, la municipalité a intensifié, grâce à deux médiateurs, son travail de terrain au contact des populations migrantes.

« Le but est de connaître ces gens », détaille Alexandra Siarri, « de favoriser des conditions de vie acceptables pour permettre une meilleure intégration et d’être aussi à l’écoute des riverains tant il est dur, notamment en terme de nuisances sonores, de vivre à côté d’un squat comme celui de l’avenue Thiers ».

Dès 2007, la mairie a fourni l’eau. Et l’électricité depuis un an. « Sur la base d’un contrat moral, pour bien montrer que ce n’est pas un dû », précise l’élue. Le courant est passé dans un premier temps. Des règles de vie et de ville ont été établies et acceptées. L’électricité gratuite contre le respect de ces dernières.

Si certains jouent le jeu, se laissent accompagner, d’autres « font n’importe quoi, vendent de l’alcool, mettent la musique à fond en permanence, jettent par terre les déchets qui s’amoncellent alors que des conteneurs ont été mis à disposition, trafiquent la ferraille », dénonce Alexandra Siarri. « Ces graves troubles à la tranquillité et l’ordre public ne sont plus acceptables ».

D’où la solution de la coupure d’électricité pendant moins de vingt-quatre heures. Contestée par les fauteurs de trouble qui ont poussé tout le camp à descendre dans la rue. Comprise par d’autres, plus discrets, qui regrettent cependant de devoir pâtir du comportement d’autres, comme ce jeune homme rencontré hier sur place au milieu des siens.

Lui qui achète ses sacs poubelles et les remplit, organise des tournées de nettoyage du camp, travaille dès qu’il le peut, se désole que des rats et les maladies qu’ils véhiculent soient aux bords du camp et que certains se moquent de la salubrité des lieux. « L’électricité on en a besoin. Pour s’éclairer, garder les courses, regarder la télévision, se chauffer. On ne veut pas vivre toute notre vie ici mais ça aide à en sortir ».

Presse insalubre (Florence Moreau, SudOuest.fr, 7 octobre 2012)


Bordeaux : 200 Roms bloquent les voies

Ils sont descendus dans la rue pour protester contre une soudaine coupure d’eau et d’électricité.

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Les manifestants ont envahi la chaussée et les voies du tram. Ils ont été repoussés sur le trottoir par les policiers.

« Electric ! electric ! electric ! » Armés de ce seul slogan scandé à tue-tête, quelque 200 Roms sont descendus dans la rue, hier devant leur squat du 150 avenue Thiers à Bordeaux. À la tombée de la nuit, l’électricité et l’eau ont en effet été coupées dans l’incompréhension générale, privant les habitants d’un précieux courant et de l’eau courante. « La facture n’était pas payée », explique un des policiers appelés pour contenir la foule.

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Car les manifestants, d’abord sur le trottoir, ont envahi la chaussée puis les voies du tramway. La circulation des voitures et des rames de la ligne A a été entravée et ralentie, voire bloquée, pendant près d’une heure, le temps que des renforts policiers arrivent et repoussent — aussi pour leur sécurité — les Roms en colère. « Nous ne comprenons pas, soupire un des Roms. Nous avons le droit être ici, la mairie a donné son accord. » Ce n’est pas la première fois que l’électricité est ainsi coupée puis rétablie au bout de quelques jours. Certains parlent de représailles, de punition à cause de nuisances, notamment sonores, occasionnées par leur présence et dénoncées par des riverains. D’autres font valoir les difficultés d’un quotidien sans électricité. « La nourriture va pourrir, pas d’eau chaude pour les enfants et pour le biberon », résume une mère tenant un bébé dans ses bras au milieu de la rue. Reste que le mouvement d’humeur a été remarqué. De nombreux passants, usagers du tramway ou cyclistes ont cherché à en savoir plus, donnant au passage leur avis sur la méthode employée.

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Presse insalubre (Florence Moreau, SudOuest.fr, 6 octobre 2012)

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