[20 décembre 2011]
Partie sortie des tripes « L’espoir est une richesse qui donne des ailes »
Je dois reconstruire sur des ruines ma ville mon royaume plus le droit à l’erreur la défaite est inconcevable, j’ai sorti ma tête in extremis de l’eau alors que je coulais, tout droit issu de ma Mauritanie natale, j’ai chaviré sur la Méditerranée je me suis laissé porter par le courant car je ne savais pas nager, j’ai appris très vite à flotter… parmi les requins qui attendaient que je coule pour me dévorer. Mon corps inerte chavire et arrive dans une île déserte j’y étais le seul être humain pendant une dizaine d’années forcé par le destin isolé de tout c’était mon royaume, j’ai survécu malgré la dureté de l’épreuve.
À QUOI BON VIVRE SEUL ALORS QUE TOUT L’MONDE TE CROIT MORT ?
J’ai attendu et espéré dix ans qu’un bateau vienne me chercher, mais que dalle rien aucun bateau à l’horizon alors perdant patience j’ai fabriqué un radeau sur un coup de tête pour m’évader de mon quotidien qui fait de moi un être sans avenir un mort-vivant, tout le monde me pensait mort beaucoup tapaient un twist sur ma mémoire, j’étais devenu un homme de l’ombre j’ai mis plusieurs années à construire mon radeau il était insubmersible je l’ai mis à l’eau je suis monté dessus et à l’aide de mes bras j’ai pagayé jusqu’à plus de force.
ON N’EST JAMAIS MIEUX SERVI QUE PAR SOI-MÊME.
Donc j’ai réapparu alors que personne s’y attendait personne aurait misé un euro sur ma résurrection sur mon endurance, ils pensaient tous que le temps aurait eu raison de ma raison car chaque jour sans mes nouvelles les confortait sur ma mort. J’ai le cœur qui saigne balafré par des faux frères et sœurs qui ont oublié que tout se sait que même les morts avaient des oreilles.
Je suis donc revenu plus fort avec la recette pour affronter les mesquineries de ces gens sans vie qui ne vivent qu’à travers le malheur des autres c’était devenu un fonds de commerce très prometteur.
Maintenant fini de jouer on passe aux choses sérieuses, le rescapé que je suis a bien pris conscience de l’étendue du taf j’étais écorché vif mais pas le temps de se lamenter sur mon passé sombre je parle au passé de mon combat alors que je suis encore en plein dedans c’est pour avoir moins mal que je tourne en dérision la tragédie humaine c’est une sorte d’anesthésie naturelle beaucoup de mes vrais frères sont morts pendant mon exil forcé mon cœur a pleuré des larmes rouges quand j’ai appris ces drames le temps est assassin mais je lui en veux pas car il fait son taf.
La prochaine fois que je marcherai sur les rues de la liberté à mon slam tu reconnaîtras et sentiras mon passé amer, le combat continue mais je suis sûr de remporter la guerre la bataille je l’ai perdue plus d’une fois mais la guerre je compte bien la gagner je n’ai pas le choix c’est marche ou crève ma réussite est une survie si je perds la mort m’attend au tournant donc je dois gagner ce putain de combat avec honneur au détriment du malheur de personne.
Personne se doutait que le cancre que j’ai été sur les bancs scolaires était doué et savait manier la langue de Molière avec tant d’aisance il y a beaucoup de ratures comme l’a été ma vie mes fautes d’orthographe reflètent les erreurs de ma vie de mon parcours mes faux pas mes excès m’ont amené à manger de la soupe froide pendant des années mais j’assume mon passé c’est ce qui fait que je referais jamais les mêmes erreurs j’en ferai sûrement d’autres car personne n’est parfait.
Je suis né le 26 décembre 2005 dans un mitard dans une des nombreuses maisons d’arrêt françaises mes yeux s’ouvrent sur des barbelés dans une pièce glauque sale vide de vie ça sentait le suicide poussé par le désespoir. Je venais de venir au monde mais je voulais déjà repartir, un morceau de béton me servait de lit ma plume était ma bouée de sauvetage pour survivre et combler ma solitude qui finirait par me rendre fou, j’ai dû apprendre à m’en servir moi qui détestais lire et écrire mais pas l’choix c’était mon seul échappatoire à force j’y ai pris goût qui aurait cru que je passerais des coffres-forts à l’encre d’une plume.
DE MON MALHEUR J’AI PUISÉ MA FORCE.
J’ai accepté mon sort et tout fait pour le changer ceux qui m’avaient mis là étaient sûrs de ma défaite mais c’était sans compter sur la détermination du descendant d’esclaves venu du soleil caniculaire du sable chaud du désert du Sahara tout ça était dans mes gènes donc physiquement d’origine j’avais des prédispositions pour tenir l’intenable, mais maintenant j’aspire à une vie sans turbulence je ne souhaite à personne mon parcours le temps est passé il a guéri certaines de mes douleurs mais je serai marqué à vie par mon parcours dont je ne nie rien.
LES BARREAUX NE PEUVENT PAS T’EMPÊCHER DE RÊVER…