Les histoires de révolte qui suivent sont des messages destinés aux personnes sans papiers enfermées dans la prison pour étrangers (CIE en Italie) de Turin. Lors de rassemblements bruyants de soutien que nous faisons au moins une fois par mois, nous mettons ces bouts de papiers dans des balles de tennis que nous envoyons au dessus des hauts murs du centre pour que les détenus puissent les recevoir.
Il nous semble intéressant que ces histoires traversent un peu les frontières … à diffuser dans vos réseaux de luttes contre toutes les prisons, ici et ailleurs…
Dernière info d’Italie : un decret législatif vient de passer en Italie, celui-ci allongera la période de rétention passant de 6 mois à 18 mois (ce que la directive européenne autorise). Cette loi ne va pourtant pas arrêter les révoltes, que nous soutenons … Enrageons-nous aussi dehors, car lorsque les cris de liberté de l’extérieur rejoignent ceux de l’intérieur, les murs deviennent alors uniquement des briques à détruire.
Les prisons ne sont pas à humaniser … elles sont à détruire !
À Milan, dans le CIE de la rue Corelli, les conditions des prisonniers sont très graves : dans une seule section sont enfermés 28 personnes, on ne leur permet pas d’avoir des téléphones portables depuis déjà plusieurs mois et ils ne peuvent même plus sortir dans la cour, de plus des personnes malades ne reçoivent aucune assistance médicale. Quelques détenus ont décidé de protester en commençant une grève de la faim. Il faut les soutenir avec une solidarité active, combattre à l’intérieur et à l’extérieur des Centres. LIBERTE.
À Bologne, cinq compagnons italiens sont en prison depuis plus de deux mois. Ils ont été arrêtés pour leur participation infatiguable à un certain nombre de luttes, dans laquelle celle contre les CIE et les expulsions. Dans beaucoup de villes, des groupes de personnes se battent aux côtés de ceux qui se rebellent dans les Centres, et pour cela, la police et l’État les frappent durement. Ils ont peur que la rage d’une part et d’autre des murs se rencontre, ils ont peur que nos cris se parlent, parce que ensemble nous pourrions être un danger. Ne nous rendons jamais.
À Turin, la semaine passée, 40 Égyptiens ont été appelés à venir au commissariat afin d’avoir un permis de séjour. Au lieu de ça, la police les a chargés de force dans des fourgons, et avec ce piège, les expulser, grâce à un accord entre le gouvernement italien et celui égyptien. Devant le commissariat, s’est regroupé un groupe de proches, d’amis et de personnes solidaires, et a rendu difficile le travail des flics en tentant de bloquer les rues et en affrontant la police. Même si cette fois-ci, nous n’avons pas réussi, répondre avec cette force à l’arrogance de la police a de l’importance, parce qu’on peut concrètement empêcher l’expulsion de quelqu’un.
Lundi, au Centre de Modena, un groupe de Tunisiens venant de Lampedusa a poursuivi pendant plusieurs heures une protestation déterminée sur le toit. Ces 22 personnes, qui s’étaient distingués en faisant de nombreux actes de rebellion, ont attendu l’heure du repas pour sortir de la section, poussant les gardiens et montant à l’étage supérieur. Après cela, ils se sont barricadés sur le toit, hurlant leur volonté de liberté et d’avoir un permis de séjour pour rester en Italie. Les gardiens et la police n’ont pas réussi à les faire descendre, donc les personnes ont interrompu la protestion lorsqu’ils l’ont décidé. Si les actes de résistance continuent à se diffuser dans tous les Centres, un jour ou l’autre ils ne réussireront plus à les gérer, parce qu’ils ne pourront plus empêcher qu’ils explosent.
Le 13 mai, il semble qu’un Tunisien de 26 ans a réussi à s’échapper du CIE de Restinco, près de Bari. Après la fuite, il a rencontré des personnes qui lui ont donné du soutien et l’hospitalité. Mais le 23 mai, au CIE de Ponte Galeria, à Rome, quelqu’uns des détenus sont montés sur le toit et ont brûlé des matelas. Un des leurs a tenté de fuir mais il a été pris alors qu’il escaladait la clôture.
Mercredi 25 mai, un homme a réussi à s’échapper de la zone violette du Centre de Turin : il a ressenti une douleur à l’estomac et a été porté à l’hôpital, il a alors réussi à s’enfuir. Alors quelques jours après, l’évasion de 5 Maghrébins, qui ont tenté de s’enfuir à l’aide d’une corde, a échoué. Un d’eux a été mis en isolement.
Le 5 juin, après un rassemblement bruyant de quelques personnes solidaires, il s’est passé une tentative d’évasion du CIE de Bologne. Quelques prisonniers ont entassé des tables pour tenter d’escalader le mur, mais la police est intervenue avec des matraques et jets d’eau. Le jour d’après, au CIE de Bari, des affrontements ont eu lieu entre un groupe de Marocains et la police, à l’origine de cela, l’interdiction de regarder une partie de foot.
Le 9 juin, au CIE de Santa Maria Capua Vetere, de fortes protestations des détenus ont eu lieu et ont abouti à des affrontements avec la police et des violences. Les mauvais traitements des policiers contre un homme tunisien, qui demandait à sortir du Centre après avoir appris la mort de son frère, ont fait monter la rage de la part de ses compagnons. Après des charges policières, des dommages matériels et des lancers de lacrymogènes, un incendie s’est déclaré et a rendu inutilisable la structure, et donc fermée.
Durant les mois passés, des centaines de harragas venant de pays d’Afrique du Nord sont arrivés à Paris. Le 1er mai, après un cortège qui a traversé les rues de Paris, les Tunisiens ont occupé un batiment de la propriété de la mairie. Le 4 mai, la police les a expulsé, émettant beaucoup d’arrêtés d’expulsion. Le 7 mai, les harragas et personnes solidaires ont aussi occupé un gymnase, qui est devenu un centre d’organisation où se sont tenues des réunions et des manifestations malgré la pression policière. Une structure d’accueil a également été occupée, expulsée plus tard le 27 mai avec l’arrestation de quelques Tunisiens, parmi lesquels huit sans-papiers ont été transférés au CRA (CIE) de Vincennes. Quelques jours après, il y a eu un grand cortège organisé par les Tunisiens avec une banderole « Ni police ni charité, un lieu pour s’organiser ». Un groupe de Tunisiens du gymnase ont encore occupé un immeuble, qui appartient à l’ancien parti de Ben Ali, autour duquel se sont regroupés beaucoup de solidarité, incitant la police à se retirer sans aucune arrestation.
Dans le CIE de Turin, dimanche 12 juin, à minuit, un détenu a réussi à s’enfuir grâce à la cellule laissée ouverte par un gardien distrait. Alors que mardi, trois prisonniers désespérés ont tenté de fare la corda, accrochant des cordes aux grilles des clôtures. La police les a tabassés ainsi que les détenus qui sont venus les aider.
À Lampedusa 200 Tunisiens en attente d’expulsion ont entrepris des protestations, s’affrontant à la police. Alors qu’il y a quelques jours quelques-uns des leurs ont avalé des lames de rasoir pour éviter d’être expulsés.
Samedi 18 juin 2011.
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