La coke et les prostituées font les affaires des statisticiens européens. Après la Suède, l’Italie et l’Espagne, au tour de la Grande-Bretagne de compter les revenus de la prostitution et du trafic de drogue comme une richesse nationale. Ces pays se conforment à une nouvelle règle statistique européenne qui veut que les transactions économiques illégales soient comptabilisées dans le PIB des États.
Cette méthodologie, nommée SEC 2010, a été rédigée par Eurostat pour établir de nouvelles normes comptables européennes qui permettent de comparer les statistiques des différents pays membres de l’UE. La France s’y est conformée pour la première fois en mai. Mais l’Insee a refusé d’intégrer l’économie illégale dans le calcul du PIB.
L’Institut français de la statistique « n’incorpore pas les activités illégales dans ses estimations, dans la mesure où les circonstances dans lesquelles s’effectuent ces activités ne permettent pas de considérer que les parties prenantes s’engagent toujours librement dans ces transactions », précise-t-il.
Plus de budget pour l’Europe
Dommage pour l’Hexagone, parce qu’en Grande-Bretagne, les recettes des trafics de stupéfiants et d’êtres humains, de plus de 12 milliards d’euros, ont fait progresser le PIB de près d’un point, selon l’Office national des statistiques (ONS). Il grossirait de la même proportion en Espagne, selon l’Institut National de la Statistique (INE).
« Une façon commode de gonfler le PIB », estime Olivier Berruyer, spécialiste de la gestion du risque dans la finance et l’assurance, et surtout, de diminuer l’endettement, en tout cas en apparence. « Quand le PIB augmente, le ratio dette/PIB diminue », explique Olivier Berruyer.
Bruxelles peut également s’en réjouir pour ses propres recettes : les pays-membres dont le PIB grossit participent plus au budget européen, puisque leur contribution est indexée à leur niveau de richesse.
Leur presse (BFMTV, 30 mai 2014)