Solidarité avec les barricadiers d’Amiens-Nord !

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Amiens : les émeutes d’août 2012 jugées en deux temps et trois mouvements

Ce lundi 12 mai commence le procès de cinq mineurs impliqués dans les émeutes d’Amiens Nord en août 2012. Les majeurs suivront jeudi, un autre volet sera abordé en juin.

D’ici un mois, la justice aura soldé le compte des émeutes urbaines qui ont mis le feu aux quartiers nord d’Amiens en août 2012. Il serait plus prudent d’ajouter « en première instance ». En effet, on imagine mal qu’aucun des dix-huit jugements qui seront prononcés ne fasse pas l’objet d’un appel…

Un contrôle vu comme une provocation

Tout commence par une veillée funèbre, le dimanche 12 août 2012, en mémoire de Nadir, un homme de 20 ans qui s’est accidentellement tué à moto le jeudi. Les policiers procèdent à des contrôles. La famille et les amis le vivent comme une violation de leur chagrin. Le lendemain, ils organisent une manifestation devant les grilles de la préfecture, qui réunit une centaine de personnes et se finit en échauffourées. La nuit qui suit sera celle de l’embrasement : de très violentes émeutes éclatent, cent à cent cinquante personnes affrontent les policiers. Des armes à feu sont utilisées, trois bâtiments publics, dont une école maternelle, sont incendiés. Le restaurant du collège César-Franck est également la cible des vandales. Seize policiers sont blessés, visés par des coups de feu et par des tirs de mortier. Une voiture remplie d’essence est projetée sur eux.

Les dégâts sont considérables (la mairie parle en 2012 d’un préjudice d’un million d’euros). La salle de musculation du centre Albatros, détruite par le feu, devra être rasée et reconstruite. L’école maternelle Voltaire restera privée de ses petits élèves pendant un an. Vingt voitures et cinquante poubelles ont été incendiées. Trois véhicules sont volés ou détruits après que leurs occupants en ont été extirpés de force. La préfecture décrit « une opération coordonnée et préméditée ». Comme les secousses qui suivent un séisme, les nuits suivantes seront encore violentes et ne s’apaiseront que par un renfort massif de CRS. Au plus fort de la tension, on estime que 250 policiers patrouillent dans le quartier.

Une enquête compliquée

Politiquement, ces nuits bleues ne peuvent rester impunies. C’est le sens du martial discours que vient délivrer, sous les huées, l’alors ministre de l’Intérieur Manuel Valls, le 14 août. Commence une enquête difficile. Les caméras de surveillance n’ont rien à dire ; les images prises par l’hélicoptère de la gendarmerie ne sont pas davantage exploitables ; dans le quartier, la peur des représailles scelle les bouches. Les policiers devront avoir recours à des témoignages sous X. Ils retrouveront des armes et les feront parler. Ils reconstitueront également les achats auprès d’armureries qui avaient précédé les événements, signant à leurs yeux la préméditation.

Quinze prévenus

Quelques comparutions immédiates sont ordonnées. Il s’agit de faits annexes : deux hommes, limités intellectuellement, qui ont mis le feu à des poubelles ; un autre qui avait été violent lors du rassemblement à la préfecture ; Cédric H., dit « Shrek », condamné à huit mois dont quatre ferme, le 12 septembre 2012, pour « provocation directe à un attroupement armé suivi d’effet ».

Des dizaines de personnes sont entendues. Au final, il reste cinq jeunes hommes, de 16 à 19 ans, mineurs au moment des faits, qui répondront de destructions de biens publics et association de malfaiteurs ce lundi 12 mai devant le tribunal pour enfants. Parmi eux, le propre frère du jeune homme qui s’était tué à moto. Le 15 août 2012, il avait revendiqué devant les caméras de la télévision régionale sa participation aux émeutes. Jeudi et vendredi, pour les mêmes faits, six majeurs suivront, dont le fameux « Shrek ».

La crainte d’un procès politique

« Ma crainte, c’est qu’après de tels événements, il faille trouver quelqu’un sur qui taper », regrette Me Stéphane Daquo, son avocat ainsi que celui d’un mineur. « Je ne veux pas que l’on sacrifie mon client sur l’autel de l’ordre public, renchérit Me Jérôme Crépin, conseil d’un des mineurs. Je crains un procès de contexte, dans un environnement pas seulement judiciaire mais aussi politique ». Et d’insister sur le fait qu’il ne lutte pas contre des « éléments matériels » mais contre des témoignages sous X. Pour lui, rien ne serait pire qu’une « relaxe condamnante ou une condamnation relaxante ».

Les 5 et 6 juin, il sera cette fois question des tirs sur les policiers. Six prévenus comparaîtront (dont deux déjà impliqués cette semaine). Il ne s’agit pas des tireurs, qui n’ont jamais été identifiés, mais de ceux qui leur ont facilité la tâche, notamment en fournissant les armes.

Terrain miné

Les trois verdicts seront observés à la loupe. Trop sévères, ils pourraient annoncer un été chaud ; trop laxistes, ils constitueraient un camouflet pour les autorités. Une chose est sûre : la justice n’a pas été expéditive depuis un an et demi. Sur cent cinquante émeutiers, vingt-sept ont été mis en examen, et seuls quinze jeunes hommes (à noter l’absence totale de filles ou de femmes) feront face à des juges. Le premier, Me Daquo se félicite que le juge d’instruction ait refusé « de renvoyer sur la base d’un seul témoignage anonyme ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Tony Poulain, Courrier-Picard.fr, 11 mai 2014)

 

Émeutes d’Amiens : les accusés sont des « boucs émissaires », selon la défense

Amiens (AFP) – Le premier procès des émeutes d’Amiens-Nord d’août 2012, qui avaient par leur violence suscité une vive émotion jusqu’au plus haut sommet de l’État, s’est ouvert lundi à huis clos avec la comparution de cinq jeunes, mineurs à l’époque, présentés comme des « boucs émissaires » par la défense.

Les prévenus, âgés aujourd’hui de 16 à 19 ans, sont entrés peu après 09H00 dans la salle d’audience du tribunal des enfants d’Amiens, dans le calme et entourés de leurs proches, sous une présence policière discrète.

Ils sont jugés pour des dégradations et des incendies volontaires, et pour des violences volontaires avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique, des faits en grande partie contestés.

Dans la nuit du 13 au 14 août 2012, dix-sept policiers avaient été blessés, dont certains par arme à feu, lors de heurts avec une centaine de jeunes d’Amiens-Nord, quelques jours après le classement du quartier en zone de sécurité prioritaire (ZSP). Plusieurs bâtiments publics, dont une école maternelle, avaient été incendiés, suscitant le déplacement dès le 14 août de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur.

Certains avocats de la défense ont déploré un « procès à connotation politique » et accusé les enquêteurs d’avoir « manqué d’objectivité », car il fallait « trouver des coupables à tout prix ».

« On a fait croire aux uns et aux autres (mis en cause) qu’ils se balançaient mutuellement, alors que ce n’était pas vrai », a ainsi expliqué Me Stéphane Daquo, précisant que les débats s’étaient passés « très calmement », avant une suspension d’audience vers 12H30.

« On ressent un manque d’objectivité dans cette enquête. Il fallait à tout prix aboutir à n’importe quel prix », a affirmé quant à lui Me Jérôme Crépin.

Sauver le bateau judiciaire

L’accusation repose sur « beaucoup de témoignages sous X et de témoignages indirects », a souligné Me Guillaume Combes, autre avocat de la défense, mettant en garde contre la condamnation « aveugle » de « personnes qui n’ont participé à rien du tout », des « boucs émissaires » pour « des faits très graves et inadmissibles ».

« À l’époque, les émeutes avaient été d’une extrême violence. Amiens était à feu et à sang et les politiques s’étaient promis d’apporter une exemplarité à la réponse judiciaire qui devrait être posée », a renchéri Me Djamila Berriah, estimant que pour l’accusation « il fallait trouver des coupables à tout prix » pour « sauver le bateau judiciaire qui coule ».

« Concernant mon client, le dossier se dégonfle. Il n’y a plus qu’un témoin qui n’a plus que des versions totalement divergentes et contradictoires, notamment sur le lieu où il se trouvait », a-t-elle indiqué lors de la suspension d’audience.

L’enquête a permis de mettre en lumière des achats d’armes, des vols de véhicules et des préparations de cocktails molotov avant les faits, ce qui accrédite la thèse d’émeutes organisées, selon l’accusation.

Pour la défense, les violents affrontements s’étaient déroulés « plus sous le coup de l’émotion », au lendemain d’une opération de police jugée disproportionnée, à proximité d’une cérémonie en hommage à un jeune homme du quartier, mort dans un accident de moto quelques jours plus tôt.

Au total, 27 personnes avaient été mises en examen courant 2013 dans le cadre des deux procédures ouvertes par le parquet d’Amiens, l’une concernant les dégradations de bâtiments publics et les violences sur les agents, l’autre les tentatives d’assassinat de policiers, mais seules 15 ont été renvoyées devant la justice, les autres ayant bénéficié d’un non-lieu.

Six autres prévenus, majeurs eux, comparaîtront jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel d’Amiens dans le dossier des dégradations. Le volet concernant les tirs contre les policiers sera quant à lui examiné les 5 et 6 juin devant le même tribunal. Deux des prévenus jugés comme mineurs lundi et mardi sont également renvoyés dans ce dossier, pour recel de téléphone portable en détention alors qu’ils étaient entre temps devenus majeurs.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer via tempsreel.nouvelobs.com, 12 mai 2014)

 

(…) « Ce n’était pas la première année qu’il y avait des violences urbaines. Seulement, c’était la première fois qu’il y avait une telle détermination et une telle organisation », a assuré Me Hélène Bertrandie, avocate de huit des dix-sept policiers blessés au procès ouvert, hier, devant le tribunal pour enfants d’Amiens (Somme). (…)

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Ouest France via maVille.com, 13 mai 2014)

 

Émeutes d’Amiens : de six mois avec sursis à trois ans dont deux ferme requis contre cinq jeunes

De six mois avec sursis à trois ans dont deux ferme ont été requis mardi à l’encontre de cinq jeunes hommes jugés à huis clos devant le tribunal pour enfants d’Amiens, pour leur participation présumée aux émeutes d’août 2012 dans les quartiers nord de la ville, a-t-on appris de sources concordantes.

Les prévenus, âgés aujourd’hui de 16 à 19 ans, mais tous mineurs au moment des faits, comparaissaient depuis lundi pour des dégradations et des incendies volontaires, et pour des violences volontaires avec arme sur les policiers, des faits en grande partie contestés.

Trois d’entre eux sont également poursuivis pour association de malfaiteurs, l’accusation ayant mis en évidence un projet concerté d’émeutes. Ils encourent pour ces faits jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

La peine la moins lourde requise par le parquet est de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et de mise à l’épreuve, tandis que la plus lourde est de trois ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis et mise à l’épreuve, a confirmé à l’AFP Jean-Philippe Rivaud, magistrat délégué à la communication au parquet général d’Amiens.

Une exécution provisoire de la peine a été demandée à l’encontre de ce dernier, a précisé son avocat, Me Guillaume Combes.

Le jugement devrait être rendu dès mardi après-midi, après les plaidoiries des avocats de la défense.

Ceux-ci, qui présentent les prévenus comme des « boucs émissaires », ont déploré ces réquisitions de condamnations, les jugeant disproportionnées.

« On ne veut pas reconnaître dans cette procédure qu’il n’y a aucune preuve sérieuse de leur culpabilité. Mais il faut sauver la face judiciaire. Alors, dans le doute, on propose de condamner (…) pour satisfaire l’opinion », a déclaré le conseil d’un des mis en cause, Me Jérôme Crépin.

Une opération de police à proximité d’une cérémonie, le 12 août 2012 au soir, en hommage à un jeune homme mort en scooter quelques jours plus tôt, avait fait office de détonateur pour les violents affrontements de la nuit du 13 au 14 août 2012.

Dix-sept policiers avaient été blessés, dont certains par arme à feu, et plusieurs bâtiments publics, dont une école maternelle, avaient été incendiés, causant des millions d’euros de dégâts et suscitant une vive émotion dans l’opinion et jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence faut Payer via La-Croix.com, 13 mai 2014)

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Une réponse à Solidarité avec les barricadiers d’Amiens-Nord !

  1. tvnr dit :

    Je ne sais pas comment vous contacter, mais voici un article qu’il faudrait relayer si c’est possible :
    http://tvnr.noblogs.org/post/2014/05/16/proces-no-tav-la-cours-de-cassation-annule-le-jugement-pour-terrorisme/

    Merci !
    Tvnr

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