[La Coupe du monde n’aura pas lieu] Hourra pour les émeutiers de Pavao-Pavaozinho !

« Justice ! Police assassine ! » : la favela de Copacabana enterre son jeune danseur

Des centaines de personnes, une majorité de jeunes, défilent jeudi devant le cercueil ouvert du jeune danseur « DG » : il a été tué mardi dans la favela située au-dessus du quartier touristique de Copacabana, à Rio, ce qui a provoqué une émeute.

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Des proches et des connaissances de Douglas Rafael da Silva Pereira, alias « DG », tué dans des circonstances troubles dans une favela proche de Copacabana, manifestent contre la police en marge de son enterrement, à Rio de Janeiro.

Il avait 25 ans ; un bandage blanc qui ceint sa tête ne laisse voir qu’un visage au teint terreux et au nez marqué par une blessure.

« Justice ! Justice ! Police assassine ! » et « Dehors les UPP ! » (Unités de police pacificatrice), scandent quelque 400 personnes dans le cimetière Sao Joao Batista au moment où Douglas Rafael da Silva Pereira, alias « DG » est placé dans un caveau.

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« Je ressens de l’angoisse et de la révolte. Ils l’ont tué. C’était un ami. Il voulait juste danser, chanter! Il disait qu’il voulait la paix dans la favela. Ceux qui ont fait ça vont devoir payer ! Les autorités ne pensent qu’à la Coupe du monde ! » qui débute en juin, déclare à l’AFP Vitoria, une lycéenne de 17 ans.

Peu avant, la mère du danseur, Maria de Fátima Silva, une infirmière de 56 ans, haranguait les gens à l’entrée du bâtiment où se déroulait la veillée du corps. Une centaine était venue à pied depuis la favela, une marche de 5 km dans les rues de Copacabana.

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Plusieurs policiers armés surveillent de loin les événements.

« Personne n’a invité la police. C’est un hommage à DG. Pourquoi sont-ils là ? Ils ont tué mon fils et ils viennent ici ! Ils me dégoûtent », lance la mère du jeune homme. Elle affirme qu’il a été « torturé et tué par la police ».

Une vingtaine de chauffeurs de moto-taxi de la favela, profession qu’exerçait également Douglas, rendent hommage en klaxonnant pendant plusieurs minutes et en faisant tourner à fond leurs moteurs. Des feux de Bengale sont tirés, faisant sursauter la foule.

Une enquête est en cours pour savoir qui a tiré sur Douglas, la police ou les trafiquants de drogue.

À 50 jours du coup d’envoi du Mondial (12 juin-13 juillet), la mort de DG avait provoqué une émeute mardi soir chez les habitants de la favela.

Pendant ces troubles, un déficient mental, Edilson da Silva Santos, 27 ans, alias « Mateus le petit dingue », qui participait à l’émeute, a été tué d’une balle en pleine tête par un policier, selon des témoins.

« La police voit la population comme des ennemis. Ça devient une guerre urbaine ! », a ajouté la mère de DG auprès de l’AFP.

« Coupe du monde avec le sang ! »

Aline Fernandes, présidente de l’Association des femmes de Vidigal, une autre favela, assène : « Ce que je vois, c’est que le pouvoir public a décidé de faire une Coupe du monde avec le sang du peuple, des pauvres et des gens des favelas ! L’autre jour c’est une femme qui a été traînée par une voiture de police ».

Début avril, après avoir été blessée par balles par des policiers dans une favela, Claudia da Silva Ferreira, 38 ans, était tombée du coffre de leur voiture où ils l’avaient placée pour la conduire à l’hôpital, selon eux.

À la fin de la cérémonie de ce jeudi, la foule a décidé de regagner à pied la favela « pacifiquement » mais au cours du parcours des troubles ont éclaté alors que le cortège passait près d’un commissariat. La circulation a été coupée par des jeunes et la police a lancé des bombes lacrymogènes pour les disperser. Plusieurs commerces ont dû baisser leur rideau de fer avant que la situation redevienne normale.

L’émeute de mardi soir illustre la grande difficulté des autorités de Rio de Janeiro à enraciner sans heurts leur politique de « pacification » des favelas jadis tenues par les trafiquants, lancée en 2008 en vue du Mondial et des jeux Olympiques de 2016.

Le sécrétaire général de la Fifa, Jerôme Valcke, a indiqué jeudi à Fortaleza (nord-est) que « la Coupe du monde n’était pas en danger » en raison de ce « triste épisode ».

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer via LaDepeche.fr, 25 avril 2014)

 

Rio : l’émeute est finie, pas la rancœur contre la police

À 50 jours du coup d’envoi du Mondial, les autorités de Rio ont renforcé mercredi la sécurité dans le quartier touristique de Copacabana, au lendemain d’une émeute d’habitants d’une favela révoltés par le meurtre d’un jeune danseur attribué à la police.

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Cette nouvelle flambée de violence illustre la grande difficulté des autorités de Rio de Janeiro à enraciner sans heurts leur politique de « pacification » des favelas, jadis tenues par les trafiquants, lancée en 2008 en vue de la Coupe du Monde de football (12 juin-13 juillet) et des Jeux Olympiques de 2016.

Les Unités de police pacificatrice (UPP) ont contribué à faire baisser drastiquement le taux d’homicides à Rio. Mais elles sont depuis des mois la cible d’attaques de trafiquants qui tentent de regagner du terrain. Et l’attitude souvent violente des policiers dans ces quartiers déshérités suscite un rejet croissant de leurs habitants.

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Le gouverneur de Rio, Luiz Fernando Pezao, a promis mercredi sur Twitter de prendre « des mesures appropriées » dès qu’il aurait reçu les conclusions de l’enquête sur la mort de Douglas Rafael da Silva, 25 ans, alias « DG », qui travaillait pour un programme de divertissement de TV Globo.

L’annonce de la découverte du corps ensanglanté du jeune homme a déclenché mardi soir une émeute ultra violente dans la favela Pavao-Pavaozinho, qui surplombe Copacabana.

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Pendant ces troubles, un déficient mental, « Mateus », qui participait à la « révolution des jeunes », a été tué d’une balle en pleine tête par un policier selon des témoins.

Des dizaines de jeunes en furie ont érigé des barricades enflammées dans cette favela. Ils en sont descendus en colère, jetant pierres et bouteilles en verre, provoquant la fermeture d’une station de métro et de plusieurs avenues. La police a fait usage de gaz au piment et tiré à balles réelles.

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Mercredi matin, la tension avait baissé d’un cran, en ce jour férié de la Saint Jorge, avatar catholique du dieu afro-brésilien de la guerre Ogun, et patron très vénéré à Rio des policiers et des truands.

Des dizaines de policiers militaires patrouillaient dans la favela et à ses abords, au milieu de surfeurs cariocas se rendant à la plage, planche sous le bras. Les pompiers ont déblayé à l’aube les barricades érigées la veille par les manifestants.

La police s’est limitée à indiquer que le danseur retrouvé la veille sans vie, le corps ensanglanté, dans un recoin d’une crèche de la favela, présentait des blessures pouvant avoir été causées par « une chute ».

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Mais le rapport d’autopsie publié mercredi par le site d’information G1 indique que la mort a été causée par « une hémorragie interne provoquée par une blessure perforante au thorax ».

« C’est comme si on l’avait transpercé avec un objet en fer. Il y avait beaucoup de sang, comme si on l’avait traîné contre les murs », a déclaré à Globo la mère du jeune homme, l’aide-soignante Maria de Fatima da Silva.

« Comme des ordures »

Selon des amis du jeune homme, celui-ci aurait été rossé à mort lundi par des agents de l’UPP de la favela. Ils l’auraient pris à tort pour un trafiquant de drogue après un affrontement et auraient ensuite caché son corps.

Selon des habitants interrogés mercredi par l’AFP, un enfant de 12 ans aurait également été tué mardi soir par la police au plus fort de l’émeute.

Mais l’AFP n’a pu obtenir confirmation de cette information auprès de la police qui n’a publié aucun bilan de l’émeute et n’a pas répondu à ses appels.

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Le ressentiment envers la police est très vif dans nombre des 174 favelas pacifiées de Rio. « Ils nous traitent comme des ordures, ils nous insultent, ils nous frappent », confiait mardi soir à l’AFP un jeune en larmes, demandant à ne pas être identifié et à ce que son visage et son tee-shirt soient floutés sur les images vidéos.

« La police et l’occupation militaire des favelas de Rio suscitent des inquiétudes en raison de l’usage excessif de la force et le contrôle militaire des communautés », soulignait Amnesty International le 10 avril dans un communiqué.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer via LePoint.fr, 23 avril 2014)

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Une réponse à [La Coupe du monde n’aura pas lieu] Hourra pour les émeutiers de Pavao-Pavaozinho !

  1. Bonjour à vous,
    Dans cette période où l’on entend parler du Brésil à tort et à travers, je voudrais attirer l’attention sur le livre 400 contre 1, l’autobiographie de William Da Silva Lima, l’un des fondateurs du Comando Vermelho. On y entend une voix brésilienne discordante, sensible, libre et salutaire sur ce pays qui mérite bien autre chose que les clichés qu’on tente de nous vendre (foot-samba-carnaval…).
    A travers le récit de sa vie (dont 42 ans passés en prison), un « autre Brésil » apparaît, l’envers du décor qu’on nous montre à la télé…
    C’est un sacré bouquin, écrit par un poète-bandit qui nous en dit long sur son pays…

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