Les luttes de classes en Bosnie

Bosnie : les émeutes des salariés sans salaire

Une vingtaine de personnes, manifestants et policiers, ont été blessées en Bosnie, dans un mouvement de protestation qui a dégénéré en émeutes.

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Salariés d’entreprises en faillite, chômeurs, ils étaient 600 dans les rues de Tuzla, au nord-est du pays. Les échauffourées ont éclaté lorsque les manifestants ont essayé sans succès d’investir un immeuble abritant l’administration régionale.

“Les élections ne vont rien changer, remarque un manifestant, et seulement des actions comme celle-là, et même j’en ai peur des plus radicales, peuvent forcer les politiciens à démissionner.”

Les protestataires accusent les autorités d’avoir frauduleusement privatisé leurs entreprises, des entreprises aujourd’hui incapables de payer les salaires depuis plusieurs mois.

Deux décennies après la guerre en ex-Yougoslavie, la Bosnie n’arrive pas à se relever économiquement, il y a plus de 44% de chômage.

Leur presse (fr.euronews.com, 5 février 2014)

 

Bosnie-Herzégovine : Tuzla se révolte contre la misère et le chômage

À Tuzla, au nord-est de la Bosnie-Herzégovine, une manifestation de chômeurs a dégénéré ce mercredi, faisant une vingtaine de blessés et autant d’arrestations. Dans un pays où la situation sociale est critique, cet événement pourrait bien marquer le début d’une grande vague de protestations. Déjà, une manifestation est prévue à Sarajevo ce jeudi, en soutien aux concitoyens de Tuzla.

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« Tuzla à genoux » titre Slobodna Bosna, l’un des principaux hebdomadaires de Bosnie-Herzégovine. Le bilan final des violences de mercredi est en effet très lourd : 23 manifestants ont été blessés, 27 autres ont été arrêtés par la police.

Le rassemblement, qui a dégénéré en révolte, avait commencé de façon assez ordinaire : quelques centaines de personnes, principalement des travailleurs au chômage réunis à travers le groupe Facebook « 50’000 personnes dans les rues pour un futur meilleur », se sont données rendez-vous en face de l’édifice du gouvernement du canton pour se plaindre de leur situation.

Mais la manifestation a dégénéré très rapidement. Les manifestants ont commencé par jeter des pierres et des œufs sur la façade du bâtiment gouvernemental. Par la suite, face au refus du Premier ministre de les rencontrer, les manifestants ont décidé de forcer le cordon de police pour entrer dans l’édifice. Déjà lors de ce premier corps-à-corps, un policier et un journaliste ont été blessés.

Immédiatement, le comité cantonal de la Confédération des syndicats indépendants, qui avait soutenu la manifestation, a décidé de se distancier des manifestants, pendant que l’administration du canton annonçait « ne pouvoir absolument rien faire pour résoudre les problèmes de ces chômeurs ». « Les manifestants demandent au gouvernement de rétribuer des dizaines de personnes », peut-on lire dans le communiqué officiel, « ce qui est absolument impossible ».

Une fois occupé le siège du gouvernement, les contestataires ont aussi décidé de bloquer les rues dans le nord de la ville. Mais leur tentative a été très brève : après les avoir invités à « se disperser pacifiquement », les forces de police ont décidé d’utiliser la force pour obliger les manifestants à abandonner leurs positions.

Pendant quelques heures, les rues de Tuzla ont été témoins de scènes de guérilla urbaine. La chronique de la journée est choquante surtout si l’on considère qu’il s’agit de la première manifestation violente en Bosnie-Herzégovine depuis des années. En 2013, la société bosnienne avait fait l’expérience d’une nouvelle vague d’activisme et de rassemblements dans les rues. Mais dans aucun cas les manifestants ne s’étaient battus avec la police. Les événements de mercredi sont aussi le signal d’une croissante exaspération des tensions sociales, dans un pays où environ 44% de la population n’a pas d’emploi.

Le pays risque désormais de connaître une nouvelle vague de contestation. Les manifestants de Tuzla ont déclaré que la lutte continuait. Ce jeudi, les citoyens de Sarajevo ont décidé de descendre dans les rues pour montrer leur soutien aux concitoyens de Tuzla.

Mise à jour :
Quelque 4.000 manifestants se sont rassemblés jeudi en début d’après-midi devant le bâtiment du gouvernement du Canton de Tuzla, avant d’être dispersés par la police à l’aide de gaz lacrymogènes. On déplore plusieurs blessés parmi les protestataires et les policiers. D’autres manifestations ont lieu au même moment à Sarajevo, Zenica, Bihac et Prijedor.

Leur presse (Andrea De Noni, correspondant à Sarajevo, Le Courrier des Balkans, 6 février 2014)

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