Anarchie en Tunisie

Tunisie : après l’assassinat d’un opposant, l’ordre contre l’anarchie

Tunisie : Laâridh fait des propositions et pointe les anarchistes nihilistes
Gnet.tn, Lundi 29 Juillet 2013 à 19:11

Le chef du gouvernement, Ali Laâridh, a déclaré ce lundi que « le gouvernement va poursuivre de remplir son devoir et redoubler d’efforts, non pas par son souci de se maintenir au pouvoir, mais dans le but d’assumer sa responsabilité totalement, jusqu’à la dernière minute ». Il a dit sa détermination « de faire avancer la Tunisie vers l’achèvement de cette transition le plus tôt possible et au moindre coût ». Il a opposé une fin de non-recevoir à tous les appels « nihilistes et anarchistes » qui prônent l’annulation du processus transitoire et le retour à la case départ.

… Le chef du gouvernement a évoqué « la tentative de putsch contre le processus transitoire qui a failli précéder l’assassinat du martyr ». Il a pointé « une tentative de s’emparer des institutions de l’État ». « Le défunt Mohamed Brahmi n’était pas encore arrivé à l’hôpital, que des voix appelaient à la désobéissance, au chaos, au néant, et à l’inconnu ». Il a dénoncé l’exploitation de cet assassinat pour des considérations partisanes, et le fait que des individus cinq à six personnes s’autoproclament tenants de l’autorité. Il a qualifié cet agissement de despotique, qui, plus est, « loin du vent de la démocratie et de la souveraineté du peuple ».

Ali Laâridh a qualifié les auteurs de cet agissement « d’aventuriers, égocentriques, qui exploitent toutes les occasions pour assouvir des convoitises partisanes et personnelles, se félicitant que le peuple ait pu avorter leur tentative, et n’ait pas suivi ces aventuriers anarchistes ». Il a également salué les unités de la sécurité et de l’armée qui « ont veillé à préserver la sécurité, les biens et les institutions, et ont fait avorter ce plan qui a voulu exploiter une conjoncture requérant l’unité nationale ». « Ceux qui ont tenté ou tentent de s’emparer des institutions n’ont tenu compte d’aucun intérêt sécuritaire, économique ou autres. Ils ont tenté de pervertir les intérêts des gens pour des aspirations étriquées », a-t-il martelé.

Tunisie en crise : Soumaya Ghannouchi qualifie les opposants à son père d’« anarchistes » et de « putschistes »
Kapitalis.com, 1er août 2013 à 00:29

De son Qatar d’adoption, Soumaya, fille de Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha, a lancé un appel au gouvernement tunisien pour appliquer la loi et frapper fort ce qu’elle a qualifiés de « putschistes ».

Après Yusra qui a manipulé les images du sit-in du Bardo, en utilisant des images des opposants au gouvernement pour illustrer un tweet sur la mobilisation des pro gouvernement, c’est le tour à sa sœur Soumaya Ghannouchi, épouse Rafik Bouchlaka, ancien ministre des Affaires étrangères, résidente au Qatar et employée de la tristement célèbre chaîne Al-Jazira, a adressé, aujourd’hui, sur sa page Facebook, un message au gouvernement.

Selon elle, il faut mettre fin à ce mouvement de protestation appelant à la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC) et du gouvernement provisoire, conduit, selon elle, par des « anarchistes » et des « nostalgiques de la période d’avant le 14 janvier 2011 ».

Mme Bouchlaka a notamment appelé le gouvernement de la troïka, dominé par le parti Ennahdha, d’appliquer au plus vite la loi, de dire la vérité au peuple pour qu’il assume sa responsabilité et défende sa révolution, les institutions et les biens publics.

Brèves du désordre, 29 juillet 2013

 

“Les défavorisés doivent vivre… Les défavorisés doivent gouverner”

Le peuple tunisien et la jeunesse de la révolution vivent depuis la suspension du sit-in de la Kasbah 2 sur le rythme de la domination d’une classe politique avide de pouvoir vivant sur le sang des pauvres et des marginalisés, qui use des richesses des régions en ignorant leurs ressortissants de sorte que le peuple a continué à souffrir de la détérioration de son niveau de vie et à sombrer dans le chômage et la pauvreté.

Cette situation coïncide avec une tendance fasciste ayant arrivé à l’assassinat des deux militants politiques Chokri Belaid et Mohamed Brahmi et la liste est plus que jamais ouverte.

Le régime capitaliste dictatorial qui a repris son souffle depuis la mise en place de la haute instance de Ben Achour en passant par les élections du 23 octobre, jusqu’à l’investiture de l’assemblée générale constituante avec sa majorité et son opposition et toutes les instances qui en sont issues, est responsable de la détérioration de la situation économique et sociale et de la dégradation de la situation sécuritaire avec la poursuite du terrorisme et des assassinats.

Si les différentes régions du pays ont vécue, les derniers jours, une mobilisation populaire de grande envergure couronnée par la prise de quelques locaux administratifs dans les régions de l’intérieur, ce pas révolutionnaire, quoique symbolique, nécessite que ces régions affirment leur droit à la gestion de leurs affaires courantes et de leurs ressources et se défendent contre toutes les tentatives de détournement et de récupération par les composantes du paysage politique et civil avides de pouvoir.

L’initiative des masses révoltées de mettre en place des conseils locaux et régionaux doit prendre effet et avoir le droit et la priorité dans la gestion des affaires publique et ce par :

• La mise en place de conseils de gestion des affaires publiques et l’autogestion des ressources et des richesses au niveau des municipalités, des villages, des régions rurales, des usines, des exploitations agricoles, et des localités, ayant droit aux assemblées et à la prise de décision.

• La mise en place de conseils régionaux (au niveau des gouvernorats) qui gère les affaires régionales et assure la coordination pour la prise de décision régionale.

• La mise en place d’un conseil national général composé de mandatés des différentes délégations qui conçoit les fondements d’un programme de développement et les principes généraux de la vie courante des Tunisiens, et d’instances exécutives veillant au suivi des décisions du conseil.

Nous présentons ici des propositions aux forces militantes sur le principe de la chute du régime et ce pour assurer la souveraineté de la prise de décision, rompre avec la pauvreté, le dépouillement, l’exclusion régionale, la violence et le terrorisme avec le droit de se défendre contre toutes les tentatives de détournement qui se manigancent dans l’enceinte de l’assemblée de la bassesse, dans les quartiers généraux des partis politiques, et les ambassades des pays étrangers sous des prétextes comme le secours, l’union nationale, la transition démocratique et qui ne sont en réalité que des compromis pour la récupération de la révolution et des richesses.

Harraket A’ssyan – Mouvement Désobéissance – 30 juillet 2013

 

(…) L’impossible tentation anarchiste

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Telle une réponse on ne peut plus claire à la perverse récupération politique du mouvement initié au Bardo, le « A » encerclé, emblème de l’anarchisme, s’affiche de plus en plus fréquemment sur les murs qui longent l’esplanade.

Le désir de ne pas se mélanger avec d’autres composantes du sit-in est parfois formulé sans détour : « Nous préférons arriver tard dans la nuit, une fois que la bourgeoisie et les adeptes des photos mondaines sont partis », confie un des leaders anar’.

Comment exister en marge de la machine politico-financière des partis ? Une poignée de jeunes activistes osent le « ni Ennahdha, ni Nidaa » vendredi, en scandant : « Ennahdha et Nidaa sont les ennemis des martyrs ». Ils restent cependant très minoritaires sur cette ligne réellement subversive.

C’est une réaction à la nuit précédente, qui avait atteint des sommets en termes de mainmise Nidaa. Contrairement à la coloration plutôt à gauche de la nuit du 2 août, jeudi ce sont quelques thèmes favoris de la droite qui étaient au menu sur une scène assez BCBG : sécurité, vocabulaire militariste, et chants patriotiques que l’on n’avait plus entendus depuis l’ancien régime.

Mais l’idée anarchiste fait son chemin. Presque instinctivement, une partie de la génération révolutionnaire réalise que les représentants de la politique de métier ne défendent en rien ses intérêts. Lorsque l’opposition surfe sur « l’échec » du gouvernement, elle n’évoque d’ailleurs que rarement le volet social.

La devise radicale de cette jeunesse lui vaut même d’être agressée au Bardo. L’émoi provoqué par le drame des soldats égorgés de Chaambi lundi laisse peu de place à une troisième voie entre le sécuritarisme et l’intégrisme.

Si dans cette bataille des droites, les anarchistes, dépassés par l’ampleur des manifs, ne pourront empêcher le vol de « leur » bébé, le rejet de la classe politique dans son ensemble auprès de franges de plus en plus larges augure d’un avenir plus radieux pour les « ni dieu ni maître ». (…)

Seif Soudani – Nawaat, 4 août 2013

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