Pas de résignation. Insoumission, Rage et Courage
La question du fichage ADN est complexe, y compris pour les spécialistes et les généticiens. Celui-ci est trop souvent perçu positivement : il permettrait d’innocenter des condamnés à mort aux États-Unis, il s’appliquerait et serait utile dans le cadre des violences sexuelles, il faudrait ficher tout le monde dans un souci d’égalité… Grâce à une propagande permanente dans les séries télévisées et dans les médias en général, nous sommes 2,2 millions de personnes à être fichées (25’000 fichages par mois) en France.
Écrire sur le refus
Ce texte est écrit en soutien à notre compagnonne qui passe en procès pour refus de prélèvement ADN. Ce refus fait suite à un premier procès, perdu, pour violences et rébellion, vis à vis d’un flic de la BAC de Tours.
Nous aurions pu écrire sur les dangers du fichage, sur le business et le lien entre la société de contrôle et le capitalisme, sur cette pseudo certitude scientifique qu’est la « preuve par l’ADN » et sur la sacralisation de la science et de la biotechnologie en général… Mais nous avons choisi d’écrire sur le sens du refus de se soumettre au pouvoir, parce qu’il nous paraît être un des fondements de notre participation à différentes luttes.
Une insoumission ponctuelle peut paraître banale, pourtant elle peut aussi déclencher des luttes et des révoltes qui amènent à se libérer. Dans tous les espaces, l’insoumission est un acte fort : en taule, en famille, dans la rue patriarcale, au travail, en centre de rétention administrative…
La répression est inhérente à nos luttes
Ne pas comprendre le refus du fichage comme une insoumission, nécessitant la solidarité, c’est avoir déjà intégré la répression au fond de soi, la trouver légitime. Se révolter tout le temps face à l’oppression permet de ne pas laisser s’installer la répression dans nos têtes, même si nous savons le prix à payer : encore plus de répression…
Refuser de donner son ADN peut paraître un acte individuel
Lorsqu’on nous demande notre ADN, on est seul face à un ou plusieurs flics dans un commissariat. Pourtant nous pensons que ce refus a forcément une dimension, un sens collectif.
Refuser de donner son ADN, c’est refuser le fichage de notre famille, si on a décidé d’en avoir une, puisque les empruntes génétiques sont gardées plusieurs dizaines d’années.
Refuser de donner son ADN, c’est ne pas permettre à la police et à la justice de mettre une pression supplémentaire sur les personnes qui refuseront à leur tour : les flics et les juges ne se gênent pas pour dire « si les autres l’ont fait, alors pourquoi pas toi ? »…
Refuser de donner son ADN, c’est être solidaire de ceux qui ont refusé, de celles qui refusent et refuseront.
Dans la solitude d’un commissariat et sous la pression qui s’y exerce, des copains et des copines ont donné leurs empruntes génétiques : il ne s’agira jamais de les culpabiliser ou de les moraliser, la culpabilité et la morale sont les armes du pouvoir.
« Elle est pas là F. ? dommage, elle aurait dégusté ! »
La police-justice nous harcèle à travers cette affaire jusque dans nos quotidiens. Être reconnue coupable lors d’un premier procès ne suffit pas, il faut s’acharner pour nous faire taire. Des menaces constantes envers la même camarade, ont été constatées, lors de contrôles d’identité d’autres compagnons encore, contrôles au cours desquels le même flic de la BAC de Tours déclare : « Elle est pas là F ? dommage, elle aurait dégusté ! »
Ce genre de personnage se croit protégé par son uniforme, que ce soit le képi ou la robe noire : il se trompe. Que notre Amie soit quand à elle certaine de notre soutien et de notre solidarité irrépressible.
Nous appelons à être présent.e.s le 17 juin à 12h30 place Jean Jaurès à Tours, pour exprimer cette solidarité avec F. d’une façon ou d’une autre, cette solidarité avec tous les copains et les copines Insoumis.e.s.
Les AmiEs du mardi, 9 juin 2013
Touche Pas à mon ADN !
Si tu te fiches du fichage, tu seras fiché !
Refusons le fichage de la population !
7 mois après condamnation, F. connue pour ses engagements sociaux, a été convoquée le 30 Octobre dernier pour « prélèvement de matériel biologique ». Le Procureur de la République « l’invitait » à donner son ADN à la police pour l’intégrer au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG).
Pour rappel, le 8 mars 2012, F. passait devant les juges tourangeaux. Elle était accusée d’avoir mis deux coups de tête à un policier de la BAC au cours de la Gaypride 2011. F. a été rendue coupable par la Justice, de Rébellion et Violences sur agent, alors que c’est elle qui avait été violentée (8 jours d’ITT) par le policier en question. Elle a été condamnée à 3 mois de prison avec sursis + 800 € de dommages et intérêts + 500 € de frais d’avocat (celui du policier).
Accompagnée par son comité de soutien, F. a refusé le prélèvement Adn. Ce choix la conduira une nouvelle fois devant les tribunaux le 17 juin 2013.
Répression, à qui le tour ?
Les poursuites judiciaires envers les militants s’accumulent : faucheurs volontaires d’OGM (procès le 26/11/12), les 4 de Tours impliqués dans la solidarité avec les sans-papiers (toujours poursuivis par le Ministère de l’Intérieur depuis 2009), syndicalistes SUD/PTT (local perquisitionné, passage devant juge d’instruction le 16/05/13)…
La pratique du fichage au FNAEG se généralise, concernant des milliers d’anonymes poursuivis en Justice ou interpellés.
Stoppons le règne de la suspicion et du contrôle généralisé !
Une fois encore l’exception devient dangereusement la norme. Le FNAEG est un fichier informatisé créé en 1998 soit disant pour lutter contre les crimes sexuels. Or au 31/08/12, plus de 2,2 millions de personnes y étaient fichées en France (25’000 prélèvements/mois en 2006-2008 et ça ne faiblit pas !). Les motifs (crimes, délits simples, soupçons) sont extrêmement variés (en sont exclus les délits financiers…). Durée de fichage ? 25 ans pour les “mis en cause”, 40 ans pour les condamnés.
La volonté d’étendre le fichage aux personnes politiquement actives ne fait plus aucun doute. Citons par exemple en France les cas des militants syndicaux de Goodyear, de squatters, d’opposants au projet d’aéroport de ND des Landes, ou des écologistes anti-OGM. On a pu entendre parler de ces cas parce que certains d’entre eux ont refusé d’être prélevés.
Ce fichage de la population, l’utilisation de l’ADN comme preuve juridique et scientifique, et l’informatisation des informations que peuvent fournir l’ADN sur la population, sont largement critiquables et ont de quoi inquiéter.
Il est donc grand temps de mettre un coup d’arrêt à ces prélèvements !
Pour pouvoir prendre l’Adn d’une personne, il faut qu’elle soit « volontaire » (sauf pour certains crimes) ! Hypocrisie de plus, le refus constitue un délit, et les poursuites judiciaires conduisent surtout à des condamnations. À toutes les étapes, les pressions sont fortes pour que les individus s’y soumettent. Mais face à l’injonction de donner leur Adn, des personnes bloquent la banalisation du fichage en opposant leur refus. 10% de refus suffirait à encombrer conséquemment les tribunaux.
Participons à ce refus du contrôle généralisé de la population, en nous mobilisant autour de la camarade qui a décidé de refuser le prélèvement !
Informez-vous, faites part de vos témoignages sur le sujet… Nous pouvons maintenant rassembler nos forces afin de dénoncer efficacement les poursuites et l’utilisation de l’ADN !
• 4-12 juin : Exposition L’ADN pour ficher la population ?
• Jeudi 6 juin 20h : Projection-Débat « L’ADN pour ficher la population ? » au Cinéma Studio rue des Ursulines
• Samedi 8 juin 14h : Lecture collective “Adn Superstar ou superflic ?” Rdv bar Chez Colette, 57 quai Paul Bert
• Lundi 17 juin 2013 à 13h au TGI de Tours (place J. Jaurès) : Soutien à F. jugée pour son refus