[Istanbul] La police travaille

À Istanbul, heurts entre la population et la police autour d’un projet urbain controversé

Istanbul, correspondance. La dernière charge de la police anti-émeute, envoyée pour ratisser le parc au petit matin, a laissé des traces. « Ils ont utilisé une brutalité démesurée, mais il en faudra plus pour nous décourager « , raconte, Baris, 25 ans, barbu et la tignasse en bataille, en se massant le corps endolori.

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Vendredi matin 31 mai, après les avoir copieusement enfumés à grands renforts de gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre ont délogé manu militari quelque 300 personnes du parc de Gezi, un espace vert situé au-dessus de la place Taksim, en plein cœur d’Istanbul et menacé par un projet de construction de la mairie.

« Un de nos amis s’était accroché à un arbre, ils l’ont roué de coups, il doit être opéré des testicules », raconte Marti Büyüközden, une porte-parole de Solidarité Taksim, quelques heures après l’intervention musclée. Mais les militants sont revenus, ils ont replanté leurs tentes entre les arbres et ressorti les instruments de musique qui n’avaient pas été brûlés par la police.

Depuis le début de l’occupation du parc, mardi, plusieurs milliers de personnes sont venus témoigner leur soutien : des associations culturelles, des syndicats, des groupes d’artistes, d’étudiants, des défenseurs de la nature, des anticapitalistes, quelques punks avec leurs chiens… Et, au-delà, tous les riverains stambouliotes ulcérés par la marchandisation du centre-ville et le remodelage urbain mené par la municipalité à coups de bulldozers.

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http://juralib.noblogs.org/files/2013/05/1014.jpgÀ l’orée d’une troisième nuit d’occupation, jeudi soir, ils étaient plus de 10’000 serrés sur les pelouses, pour une assemblée générale à ciel ouvert. Le parc de Taksim a tout pour devenir le point de départ d’une contestation inédite contre la politique du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

L’opposition l’a vite compris. Plusieurs députés, dont le chef du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, sont venus se montrer. Même au sein de la majorité, le projet attire des critiques.

Le premier ministre et ancien maire d’Istanbul (1994-1999) a pour l’instant traité par le mépris cette mobilisation. « Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, notre décision est prise », a-t-il lancé, mercredi, en inaugurant le chantier pharaonique du troisième pont sur le Bosphore, un autre de ces projets fortement contestés et entrepris sans guère de concertation.

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« DES DIZAINES DE PROJETS DANGEREUX POUR NOTRE VILLE »

« La place Taksim et le projet de rénovation de la mairie sont extrêmement symboliques, note Akif Burak Atlar, le secrétaire de la chambre des planificateurs urbains. Quand on a quelque chose à revendiquer, à crier, à célébrer, cela se passe toujours ici. C’est le lieu des manifestations. Mais, pour Erdogan, aussi c’est un le lieu d’expression d’une idéologie. Ce quartier vivant et festif représente tout ce que le gouvernement déteste. »

À l’emplacement du parc, le gouvernement veut reconstruire les anciennes casernes de l’armée ottomane qui avaient été détruites en 1940. M. Erdogan qui, pour beaucoup, est resté le véritable maire d’Istanbul, a laissé entendre que ces casernes néo-ottomanes pourraient aussi abriter un centre commercial. Istanbul en compte déjà des dizaines. Pour couronner le tout, le chantier a été confié à un architecte, Halil Onur, employé par la municipalité.

« C’est le plus emblématique, mais il y a comme cela des dizaines de projets dangereux pour notre ville », ajoute M. Atlar. Le pouvoir s’est lancé dans une frénésie de construction à Istanbul, avec le troisième aéroport, prévu pour être le plus grand du monde, la mosquée géante de Camlica ou encore les infrastructures à ériger pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2020, auxquels Istanbul est candidate.

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Leur presse (Guillaume Perrier, LeMonde.fr, 31 mai 2013)

 

(…) Des manifestations similaires ont éclaté à Ankara, la capitale, ainsi qu’à Izmir, grande ville industrielle sur la mer Égée.

Leur presse (France 24, 31 mai 2013) via Solidarité ouvrière

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