Quand les flics de Sarkozy montent un club
Autour de l’ancien chef de la police nationale s’est créée une amicale des nostalgiques de l’ex-président.
La « firme » est morte, vive le « club ». Les grands flics que l’on a vus en première ligne durant les années Sarkozy ne veulent pas tourner définitivement la page. Ils ont pris l’habitude, depuis l’automne 2011, de se retrouver une fois par mois autour d’un repas, histoire de serrer les rangs et de préparer, sait-on jamais, un éventuel retour aux affaires une fois la gauche défaite. Une sorte d’amicale qui pourrait prendre un jour des allures de shadow cabinet.
Ils n’ont pas cherché longtemps leur chef de file : Frédéric Péchenard s’est imposé comme le leader naturel de cette génération qui a mobilisé son énergie pour son champion, passé de la Place Beauvau à l’Élysée avec l’appui d’une bonne partie de ceux qui comptent dans la police. Ami intime de Nicolas Sarkozy, Frédéric Péchenard faisait une carrière honorable à la PJ lorsqu’il a été propulsé directeur général de la police nationale. La majorité sortie des urnes en mai dernier l’a écarté, tout en le ménageant, puisqu’il a hérité, à sa demande, de la sécurité routière, un job qui lui assure une logistique non négligeable. Et lui laisse le temps de voir ses amis.
Lorsqu’ils préparaient l’alternance, les policiers et hauts fonctionnaires fidèles à la gauche se retrouvaient à La Rotonde, un restaurant parisien proche de Montparnasse. Le « club » a opté pour un lieu plus discret : Le Royal, un restaurant marocain de Clichy, dans ces Hauts-de-Seine longtemps considérés comme le fief de la Sarkozye.
Le dernier dîner du « club » s’est tenu le 13 mars. Autour de la table, présidée par l’ancien chef de la DGPN, une brochette d’anciens directeurs ayant tous en commun d’avoir été mis sur la touche par Manuel Valls, le successeur de Claude Guéant : Jacques Fournier, ancien directeur central de la sécurité publique, Christian Sonrier, ancien directeur de la sécurité publique dans l’agglomération parisienne, Dominique Boyajean, surnommé « Domboy » par ses amis, ancien patron de l’Inspection générale des services, et Gilles Furigo, ex-chef du service de protection des hautes personnalités. Au menu, outre le couscous traditionnel, la situation administrative des uns et des autres, l’état de la délinquance, mais aussi la préparation de jours meilleurs. Peut-être aussi un brin de nostalgie, mais n’est-ce pas naturel ?
Publié par une officine policière (Frédéric Ploquin, Marianne2.fr, 1er avril 2013)