[France génocidaire] Rwanda : des révélations qui n’intéressent personne !

Un document publié par Le Parisien jeudi dernier révèle que Paul Barril s’était engagé à fournir 1000 hommes au gouvernement génocidaire rwandais, pendant le génocide.

De jeudi à lundi, quatre jours pleins auront passé sans que la presse s’avise du document explosif publié le 24 janvier par Le Parisien, en fac similé, une lettre, adressée au capitaine Paul Barril, le 27 avril 1994, vingt jours après le début du génocide des Tutsi du Rwanda, par le ministre de la défense du gouvernement intérimaire formé pour mettre en œuvre le génocide. Est « confirmé » là « l’accord » du ministre « pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces Armées Rwandaises » – pendant le génocide.

Ce document a été trouvé cet été, parmi d’autres, lors de perquisitions entreprises par le juge Trévidic dans les différents domiciles de Paul Barril. Comme la « source judiciaire » l’explique à Élisabeth Fleury, du Parisien, « Barril, à cette époque, c’est la France ».

Lors d’un colloque sur le négationnisme, qui tombait à point nommé, ce dimanche, à Paris, intervenait Patrick de Saint-Exupéry. Ancien grand reporter au Figaro, il est actuellement directeur de la revue XXI, après avoir été l’auteur en 1998 d’une série d’articles qui ont provoqué l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda. On lui doit aussi, en 2004, un des ouvrages les plus éclairants sur la question, L’Inavouable, paru aux éditions des Arènes, dont la réédition, sous le titre Complices de l’inavouable – sur la couverture de laquelle figurent les noms de responsables politiques et militaires –, est l’objet de poursuites de la part d’officiers supérieurs français qui sont intervenus au Rwanda.

C’est en tant qu’ancien reporter – accessoirement lauréat du prix Albert Londres –, ayant travaillé près de vingt ans dans un quotidien, que Patrick de Saint-Exupéry pouvait s’étonner de ce silence de la presse « qui ne fait pas son travail », suite à la publication d’un document aussi important dont la reprise n’a été assurée nulle part, hormis sur le site de Jeune Afrique, par Mehdi Ba, auteur de Rwanda, un génocide français, et sur le blog Afrikarabia de Courrier international, par Jean-François Dupaquier, également auteur de plusieurs livres sur le sujet.

Ni les radios ou les télés, ni les quotidiens… Ni Le Monde, ni Libération, ni le Figaro, n’auront daigné informer leurs lecteurs de cette « fuite » judiciaire sous forme d’un document « accablant », ainsi que titre justement le Parisien. Si « accablant », qu’« accablés » les journalistes auront préféré se taire…

Que signifie ce document ? Il est étonnamment explicite. Tout aussi étonnant, le fait que Paul Barril ait pris soin de conserver une preuve de sa participation directe à un crime imprescriptible.

Ainsi que le relève Jean-François Dupaquier, sur le site Afrikarabia, ce n’est pas le seul document de cette nature. On avait déjà connaissance, depuis le rapport de Human rights watch, Aucun témoin ne doit survivre, de « l’opération insecticide », pour laquelle Paul Barril avait signé un autre contrat avec les autorités génocidaires rwandaises. Dupaquier produit un autre document [voir ci-après], retrouvé lui dans les archives du gouvernement rwandais, en date du 28 mai 1994, un autre contrat de mercenariat, portant cette fois sur une vingtaine d’hommes « spécialisés ».

On ne disposerait donc de rien de moins que trois contrats certifiant que Paul Barril a participé de près à l’effort de guerre de ce gouvernement qui pratiquait la guerre totale contre une partie de la population – et qui fera un bon million de morts, pour la plupart massacrés dans des conditions effroyables.

Relevons qu’à ce jour aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre Paul Barril, et que cela constitue déjà en soi une lourde anomalie. L’ancien chef du GIGN serait aujourd’hui en Angleterre, et on peut supposer qu’il n’est pas pressé de reposer le pied sur le sol français, au vu de l’évolution de l’enquête du juge Trévidic. Il n’est pas sûr toutefois qu’il soit à l’abri d’une extradition – et peut-être demandera-t-il alors l’asile à l’ambassade du Qatar ?

Rappelons que Paul Barril pourrait aussi avoir à répondre de ses actes postérieurs au génocide des Tutsi, en République centrafricaine, sous la présidence d’Ange Patassé. Il y officiait alors en tant que responsable de la sécurité, et c’est sous ses ordres qu’agisssait Jean-Pierre Bemba, aujourd’hui poursuivi devant la Cour pénale internationale pour son action d’alors au Centrafrique. La cour suprême de Bangui, dans un arrêt en date du 11 avril 2006, avait d’ailleurs transmis le dossier de Barril à la CPI, et il aura fallu une intervention du gouvernement français auprès du procureur de cette cour internationale pour que son dossier soit opportunément oublié.

Interrogé à son sujet lors d’une présentation de livre qui se tenait à Ivry sur Seine jeudi soir, son collègue du GIGN, Thierry Prungnaud – co-auteur avec Laure de Vulpian d’un livre qui vient de paraître sur le sujet, Silence Turquoise –, répondait sans hésiter que « c’est un type bien », « il en a entre les jambes »…

Mais pourquoi donc ce « type bien » aurait-il commis cette bévue de débutant en laissant autant de traces écrites d’opérations criminelles, par définition ultra-secrètes ?

Émettons ici l’hypothèse que cela puisse être parce que Barril aura alors servi de couverture à la véritable opération ultra-secrète, exécutée par le COS, le commandement des opérations spéciales, sous l’autorité directe du Président de la République, alors François Mitterrand, avec son chef d’état-major particulier, le général Quesnot, et le chef d’état-major des armées, l’amiral Lanxade. Cette opération consistait à prêter assistance au gouvernement intérimaire rwandais, après la mort du général Habyarimana, après le retrait officiel de toutes les forces françaises, intervenu le 14 avril, et avant leur retour officiel avec l’opération Turquoise, fin juin. Pendant les trois mois du génocide, il y avait au Rwanda des soldats français qui poursuivaient le travail d’assistance qu’ils avaient engagé auprès des Forces armées rwandaises depuis 1990. Pendant le génocide.

On disposait déjà d’un ensemble d’informations dans ce sens, avec l’enquête de Serge Farnel, publiée en 2012 conjointement par les éditions Aviso et l’Esprit frappeur, qui recueille des dizaines de témoignages, reproduits in extenso, sous le titre Rwanda, le 13 mai : un massacre français ? Ce 13 mai 1994 a eu lieu un des plus grands massacres : selon les estimations sont morts ce jour-là vingt à cinquante mille Tutsi, qui parvenaient à résister depuis début avril à l’armée rwandaise et à ses miliciens, et qui seront débordés par un déploiement de forces inhabituel, bénéficiant d’un appui d’artillerie particulièrement efficace. Les témoins rapportent que ces batteries de mortiers étaient tenues par des soldats « blancs », identifiés comme français par une partie d’entre eux.

Notons que la première présentation de cette enquête de Serge Farnel dans la presse internationale est parue le 26 février 2010, dans le Wall street journal. Sans aucune reprise dans la presse française, hormis une tribune dans Le Monde [Voir ci-dessous], le 13 mai 2010, dans laquelle Farnel présentait lui-même les résultats de son travail.

Ce silence assourdissant qui couvre ces informations, suivant lesquelles des soldats français auraient participé directement à un des plus grands massacres du génocide des Tutsi, s’explique en partie par un débat qui aura divisé la petite communauté des experts de la question de l’implication française, certains se refusant à admettre que celle-ci ait pu aller si loin.

Les documents publiés par Le Parisien et par Afrikarabia apportent une nouvelle lumière sur ces informations. Dès le départ, la question a pu se poser de savoir si ces soldats « blancs », « français », ne pouvaient pas être des mercenaires. Les contrats de Paul Barril d’une part confirment un engagement français de ce niveau, d’autre part tendent à répondre à la question : ce ne serait pas l’armée française elle-même, mais des mercenaires ayant « dérivé », comme le suggère Christian Prouteau, l’ancien patron de Barril au GIGN.

Christian Prouteau sait très bien pourtant que les contrats de mercenariat engagés par des entreprises de sécurité françaises sont tous soumis à l’accord du ministère de la Défense, sous le contrôle très strict de la DSPD (la Sécurité militaire), sans l’aval de laquelle ils ne peuvent d’aucune façon opérer. Celui-ci est indispensable ne serait-ce que pour transporter des armes, la DPSD ayant, entre autres fonctions, celle de surveiller les trafics d’armements – et de mercenaires.

On sait de plus que le milieu du mercenariat français est extrêmement lié aux services secrets et à l’armée. Paul Barril n’en est qu’un des innombrables exemples. De travailler à titre privé ne l’aura d’ailleurs pas empêché d’être promis au grade de commandant, après ses prestations au Rwanda.

Il est douteux toutefois que Paul Barril, quelle que soit l’envergure de ses activités, ait pu, le 27 avril 1994, mobiliser en catastrophe un millier d’hommes pour les envoyer au Rwanda. Ces documents attestent indubitablement de sa proximité du groupe génocidaire rwandais, pour lequel il aura servi d’homme à tout faire.

Rappelons que Paul Barril a déjà été dénoncé comme ayant pu participer à l’attentat dont fut victime le Président Habyarimana, le 6 avril 1994, mettant le feu aux poudres du programme génocidaire. C’est à ce titre d’ailleurs que le juge Trévidic enquête, dans le cadre d’une instruction visant à établir les responsabilités dans cet attentat.

Barril nous apprend qu’il entretenait des relations étroites avec les autorités rwandaises dès 1990, avant même l’intervention française d’octobre. Comme on sait, ainsi qu’il le confirme, qu’il agissait pour le compte de François de Grossouvre, conseiller spécial du Président Mitterrand, cela permet de penser que Mitterrand aurait pu préparer cette intervention – au contraire de la version généralement admise qui voudrait qu’elle se soit déclenchée spontanément, en réaction à la rébellion du FPR.

On a déjà pu s’étonner de ce que le dispositif complet des troupes françaises, qui fonctionnera jusqu’au génocide, était en place dès le premier jour de cette intervention. Et, dès le premier jour, était lancée la chasse au Tutsi, déjà défini comme « l’ennemi intérieur ».

Paul Barril, qu’on a appelé un temps « le gendarme de l’Élysée », a publié des mémoires de cette période sous le titre explicite : Les guerres secrètes de l’Élysée.

C’est au nom de cette « guerre secrète » que, de 1990 à aujourd’hui, Paul Barril a fidèlement servi les intérêts du groupe génocidaire. Il était là avant l’intervention française, il sera toujours là après.

Patrick de Saint-Exupéry relevait que le 27 avril 1994, date du document publié par Le Parisien, était aussi le jour où des représentants du gouvernement génocidaire rwandais étaient reçus à Paris, à Matignon et à l’Élysée. Averti de cette visite, le président de la Fédération internationale des droits de l’homme, Daniel Jacoby, avait supplié l’Élysée de ne pas faire une telle chose. D’accepter de recevoir des individus dont on savait déjà qu’ils avaient entrepris un génocide était un encouragement au crime que la FIDH demandait aux autorités françaises d’éviter.

Depuis bientôt dix-neuf ans, on en est toujours au même point. De rares voix se scandalisent du fait que la France, représentée par son Président de la République, François Mitterrand, son Premier ministre, Edouard Balladur et son ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, aient pu ainsi apporter sa bénédiction au dernier génocide du XXe siècle.

De même, aujourd’hui, nul ne semble s’émouvoir de ce que la France ait pu apporter un soutien militaire direct français à la plus effroyable entreprise criminelle.

Paris s’éveille

 

Exclusif.
Rwanda : des pièces accablantes pour la France

Des documents saisis chez le capitaine Paul Barril apportent de nouvelles preuves sur le rôle de la France dans le génocide tutsi, en 1994, au Rwanda.

C’est une lettre de quelques lignes, tapée à la machine. Signée par Augustin Bizimana, le ministre de la Défense rwandais, elle est adressée « au Capitaine Paul Barril ». « Monsieur,… la situation dans mon pays devient de plus en plus critique… Vu l’évolution actuelle du conflit, je vous confirme mon accord pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces Armées Rwandaises. » La missive insiste sur « l’urgence » de la requête. Elle est datée du 27 avril 1994.

À cette date, le génocide rwandais a commencé depuis trois semaines. Depuis que, le 6 avril, l’avion du président Juvénal Habyarimana a été abattu. Les Hutus, accusant les Tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) d’avoir commis l’attentat, lancent un effroyable génocide. Hommes, femmes, vieillards, enfants : en quatre mois, essentiellement à coups de machette, ils massacrent 800’000 Tutsis (évaluation de l’ONU).

3M$ de factures d’armes, de munitions et d’hommes

Quatre ans après l’attentat contre le président rwandais, une enquête est ouverte en France pour déterminer qui a abattu l’aéronef. Très rapidement, en dépit des très nombreuses contradictions et insuffisances de ses investigations, le juge Bruguière accuse le FPR.

Mais, depuis que son successeur Marc Trévidic a repris le dossier, les cartes ont été entièrement rebattues. Le rôle des autorités françaises dans le génocide apparaît particulièrement ambigu. À ce titre, la lettre au capitaine Barril, récemment versée au dossier et dont nous nous sommes procuré la copie, est saisissante.

Lorsqu’il est sollicité par le ministre de la Défense rwandais, le capitaine Barril n’est pas n’importe qui. « Paul Barril, à cette époque, c’est la France, résume une source judiciaire. Faire appel à lui, c’est faire appel à la France. » Ancien patron du GIGN, cela fait déjà plusieurs années que, avec sa société Secrets, Barril travaille dans l’ombre, à la demande de François de Grossouvre (un conseiller de Mitterrand), pour le gouvernement rwandais. Officiellement, Barril est d’abord chargé d’« une mission d’infiltration » au service du gouvernement rwandais, avant d’être sollicité par la veuve Habyarimana pour enquêter sur les auteurs de l’attentat. Officieusement, son rôle est nettement plus discutable.

L’été dernier, à la demande du juge Trévidic, une série de perquisitions menées chez Barril et auprès de son entourage ont permis de mettre la main sur des documents accablants. Outre la demande de 1000 mercenaires, les enquêteurs ont récupéré des factures d’armes, de munitions et d’hommes, liées à « un contrat d’assistance » passé entre Barril et le gouvernement rwandais et daté du 28 mai 1994. Cartouches, obus, mortiers, grenades… le montant global dépasse les 3 M$. Le 20 décembre dernier, le juge Trévidic interroge le capitaine Barril sur ces documents. Le contrat d’assistance ? « Cela n’a jamais existé », prétend l’intéressé. Les factures ? « Cela ne s’est jamais fait. » Paul Barril, qui se présente désormais comme conseiller auprès des autorités qatariennes, a une expression pour résumer tout cela : « C’est de la mayonnaise africaine. » Une mayonnaise de près d’un million de morts.

[Source : Élisabeth Fleury, Le Parisien, 24 janvier 2013]

 

Rwanda-EXCLUSIF :
Un autre document implique Paris dans le génocide des Tutsis

Après les révélations du Parisien, Afrikarabia apporte un autre document accablant contre le capitaine de gendarmerie français Paul Barril. Il apparaît plus que jamais comme l’homme de main de Paris dans le génocide contre les Tutsis du Rwanda en 1994.

Le « Contrat d’assistance » retrouvé dans les archives de l’ancien gouvernement génocidaire à Kigali, capitale du Rwanda, est daté du 28 mai 1994. Il est signé du « Capitaine Barril », élisant domicile à sa société SECRETS, 12, avenue de la Grande Armée, dans le XVe arrondissement de Paris, et porte une seconde signature : « Son Excellence Monsieur le Premier Ministre » Jean Kambanda. Ce dernier n’était pas une oie blanche : il purge aujourd’hui une peine de prison à perpétuité pour son rôle dans le génocide des Tutsis et le massacre des Hutus démocrates en 1994.

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La date n’est pas insignifiante. Au 28 mai 1994, deux mois après le début du génocide, le Rwanda était un charnier à ciel ouvert. Dans ce pays grand comme la Belgique, plus de 900’000 personnes avaient déjà été assassinées, hommes, femmes, enfants, bébés, vieillards. Les tueurs fanatisés avaient souvent précédé de sévices atroces l’exécution de tous ces civils sans défense, uniquement coupables d’être nés tutsis. Mais l’horreur, ou la simple morale, ne semblaient pas la préoccupation majeure de capitaine en disponibilité Paul Barril. Il « s’engage à fournir une aide sur le plan humain et matériel au Rwanda ». Sur le plan humain, « 20 hommes spécialisés », c’est-à-dire 20 mercenaires. Sur le plan matériel, l’équipement sophistiqué de ces mercenaires, et surtout des cartouches de Kalachnikov et de mitrailleuses, par millions, des obus, des grenades par milliers… À ce niveau, on arrondit la facture : il y en a pour 3 millions de dollars, la moitié payable d’avance. Compte tenu de l’inflation, ça représente en valeur d’aujourd’hui entre 5 et 6 millions d’euros.

Pour l’occasion, le capitaine de la Gendarmerie française se fait aussi payer le solde d’une précédente facture : 130’000 dollars pour « l’Opération insecticide » engagée par le président rwandais Juvénal Habyarimana un an plus tôt, en 1993. Insecticide est un nom de code que les Rwandais comprennent bien : on qualifie d’insectes (plus précisément de cafards, de blattes), les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), pour la plupart des Tutsis de la diaspora qui veulent forcer le régime à leur retour au pays.

Selon nos informations, « l’Opération insecticide »  visait à assassiner Paul Kagame, le leader de la rébellion, dans son QG de Mulindi, une usine à thé abandonnée à l’est du Rwanda.

Ce « contrat d’assistance » n’était pas connu de la mission d’information parlementaire française dite « Mission Quilès », du nom de son président, qui voulait documenter le rôle de la France au Rwanda depuis 1990, date du début de la guerre civile. En 1998, Paul Quilès n’avait même pas osé interroger Paul Barril, considéré comme intouchable et trop dangereux.

Le « Rapport Quilès » n’a, en conséquence, livré qu’une analyse édulcorée de l’implication de l’Élysée et du corps expéditionnaire français dans la guerre civile au Rwanda, qui devait aboutir au génocide.

Aussi, depuis 1994, l’implication de hauts responsables politiques et militaires français dans la préparation du génocide des Tutsis est une question qui continue à tarauder les médias et l’opinion publique. Non seulement en France, mais aussi au Rwanda, en Europe, en Afrique. Ainsi que les intellectuels du monde entier. Et le rôle du capitaine Paul Barril semble central.

Revenons au signal déclencheur de ce génocide et du massacre des Hutu démocrates : l’attentat du 6 avril 1994 contre le Mystère-Falcon du président Habyarimana, qui a aussi coûté la vie à l’équipage composé de trois Français. C’est le capitaine Paul Barril qui fut l’instigateur de  la plainte de la veuve du copilote français et provoqua ainsi l’enquête confiée en 1998 au juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière pour identifier les responsables de l’attentat. Au passage, Barril fournit aux enquêteurs – visiblement sous sa coupe – un ex-espion rwandais avec qui il entretenait des relations d’affaires, Fabien Singaye, qu’il fait promouvoir interprète assermenté. Par le jeu des alliances matrimoniales, Fabien Singaye est lié à la famille Habyarimana, partie civile à l’instruction. Une « curiosité » que les avocats de la famille Habyarimana se sont bien gardés de signaler au juge. Ce ne fut pas la moindre anomalie de la procédure.

Reprise et mieux documentée par le juge Marc Trévidic, cette enquête revient en boomerang contre le capitaine de gendarmerie honoraire, qui semble avoir été la cheville ouvrière des autorités française dans le soutien aux forces génocidaires.

Il a fallu beaucoup d’énergie et de temps au juge Marc Trévidic pour progresser. Les documents sont rares, les témoins souvent manipulés. Les archives de l’Élysée furent, selon toute vraisemblance, largement « purgées » avant leur dépôt à la Fondation François Mitterrand, celles de l’ambassade du Rwanda à Paris ont également été « triées » à l’été 1994 avec l’aide de « Services » français. Celles du Quai d’Orsay, de la DGSE et de la DRM restent couvertes par le « Secret Défense ». Bien des hommes qui savaient la vérité sur le rôle de la France et de Barril sont morts. Le lieutenant colonel Ephrem Rwabalinda, correspondant des Français au sein des anciennes Forces armées rwandaises, a été liquidé par ses compagnons d’armes en juillet 1994 au moment où il s’apprêtait à fuir en Europe pour faire des révélations. Le lieutenant colonel Ntahobari, attaché militaire de l’ambassade du Rwanda à Paris durant le génocide, est par malchance (?) décédé en région parisienne au moment où il promettait au juge Bruguière des éléments nouveaux, etc.

Il faut donc s’en remettre à des fragments de documentation ayant échappé aux « nettoyeurs » pour se faire une idée encore générale de l’implication de Paris dans un génocide qui a provoqué environ un million de morts en trois mois.

Paul Barril semble avoir joué le rôle d’interface entre l’Élysée et le groupe d’exterminateurs de Tutsi au Rwanda. L’homme est lui-même décrit comme un individu peu contrôlable devenu, après avoir quitté la Gendarmerie nationale, un tueur à sang froid mû uniquement par l’appât du gain. Né le 13 avril 1946 à Vinay, en Isère, lui-même fils d’un gendarme à la carrière honorable, il atteint la notoriété en devenant co-fondateur puis commandant du prestigieux Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) pendant deux ans avant de participer à la création de la cellule antiterroriste de l’Élysée sous le premier septennat de François Mitterrand. Le GIGN lui a permis de cotôyer les services de renseignement français, notamment comme nageur de combat à la base secrète de la DGSE d’Aspretto, en Corse, il fréquente aussi les nationalistes du FLNC. Dans le milieu interlope du renseignement, du trafic d’armes et du terrorisme, le gendarme perd vite ses bases éthiques. Le président de la République a une petite manie qu’exploitent ses courtisans : il adore les ragots, surtout ceux d’alcôve. Il se régale des comptes-rendus d’écoutes téléphoniques, d’apprendre qui couche avec qui dans le Tout-Paris. À la cellule de l’Elysée, véritable police politique du régime Mitterrand, Paul Barril fait merveille : écoutes téléphoniques hors normes, notamment de journalistes, filatures, opérations de désinformation…

Barril est surnommé « l’enfumeur »  par ses collègues gendarmes. Il n’a pas son pareil pour mêler le vrai et le faux, et surtout pour se mettre en scène. Son maître en la matière est François de Groussouvre, conseiller spécial de François Mitterrand pour les affaires de Renseignement… et les affaires de cœur du Président.  De Grossouvre est son rabatteur de jolies femmes, surtout il a la haute main sur les services d’espionnage et contre-espionnage. Il protège particulièrement Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand, et sa mère Anne Pingeot. Paul Barril deviendra à la fois homme de confiance, confident, occasionnellement garde du corps aussi bien de François de Grosssouvre que de Mazarine et sa mère.

Patatras, François Miterrand le force à quitter la cellule de l’Élysée à la suite d’un retentissant scandale : une affaire de « terroristes irlandais » montée de toutes pièces par Barril et d’autres gendarmes dévoyés. Mais le flamboyant capitaine reste proche de Groussouvre quil l’a introduit auprès du président du Rwanda Juvénal Habyarimana. Pour commencer, Barril lui vend un portique de sécurité et un écran anti-balles. Ensuite, avec l’aide de Fabien Singaye, il s’introduit dans le système de Renseignement rwandais et obtient de juteux contrats.

Notre consœur du Parisien Élisabeth Fleury vient de révéler l’un d’entre eux. Dans le milieu mercenaire, on ne s’embarrasse pas de papier à en-tête. Comme le « Contrat d’assistance » du 28 mai 1994,  c’est une lettre de quelques lignes, tapée à la machine, signée par Augustin Bizimana, le ministre de la Défense rwandais. S’adressant « au Capitaine Paul Barril ». Augustin Bizimana (aujourd’hui encore recherché par le Tribunal Pénal International) lui écrit : « Monsieur,… la situation dans mon pays devient de plus en plus critique… Vu l’évolution actuelle du conflit, je vous confirme mon accord pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces Armées Rwandaises. » La missive est datée du 27 avril 1994, un mois avant le « Contrat d’assistance ». Les soldats des FAR sont plus occupés à tuer et à piller qu’à combattre les troupes du FPR, aussi ils reculent sur tous les fronts.

Le Parisien écrit : « Lorsqu’il est sollicité par le ministre de la Défense rwandais, le capitaine Barril n’est pas n’importe qui. “Paul Barril, à cette époque, c’est la France”, résume une source judiciaire. Officiellement, Barril est d’abord chargé d’“une mission d’infiltration” au service du gouvernement rwandais, avant d’être sollicité par la veuve Habyarimana pour enquêter sur les auteurs de l’attentat. Officieusement, son rôle est nettement plus discutable ».

Interrogé à trois reprises par l’équipe singulièrement peu performante de la Division nationale antiterroriste, Paul Barril s’était tiré de questions à peine gênants par des pirouettes.

Réinterrogé en juillet dernier par les gendarmes du juge Trévidic, l’homme a perdu de sa superbe. Celui qui se plaisait à faire circuler des photos le représentant un énorme revolver 357 Magnum en mains (une arme dont la balle peut couper un homme en deux), qui se targuait d’être le meilleur tireur d’élite de la Gendarmerie française, apparaît un sexagénaire prématurément vieilli, agité de tremblements, souffrant sans doute de la maladie de Parkinson. Lui qui a si longtemps et si impunément manipulé les journalistes se plaint des médias qui le présentent « injustement » comme un homme impliqué dans l’attentat du 6 avril 1994. Il affirme qu’il ne s’est jamais rendu au Rwanda plus de deux ou trois jours de suite. Il confirme qu’il a été présenté à Habyarimana par Grossouvre « avant 1990 » et qu’il était chargé d’infiltrer « les Tutsi du FPR » pour les retourner. Il reconnaît avoir agi d’abord avec Groussouvre puis avec Fabien Singaye. Il prétend à présent qu’il effectuait des missions ponctuelles au Rwanda sans recevoir d’argent, seulement des billets d’avion et le remboursement de ses frais.

Mais parfois le naturel de « l’enfumeur » reprend le dessus. Paul Barril joue les diplomates de haute volée. Il affirme que c’est à son instigation que Paul Kagame « et quatre personnes dont je ne me rappelle plus les noms » sont venus à Paris en septembre 1991 pour négocier « les accords d’Arusha ». Il se présente comme agissant pour François Mitterrand afin d’aider Habyarimana à assurer la paix. Mais à d’autre moments il présente la guerre au Rwanda comme opposant « les Hutu et les Tutsi » et bien sûr il était dans le camp des Hutu.

Un alibi pour le 6 avril ?

Le plus intéressant est qu’il présente un alibi pour le 6 avril 1994. Curieusement, il s’agit d’une sorte d’attestation d’huissier à qui il aurait montré son visa et les tampons d’entrée et de sortie des États-Unis, où il aurait passé une quinzaine de jours missionné par la Garantie Mutelle des Fonctionnaires (GMF). Mais il s’avère aujourd’hui qu’il possédait à l’époque deux passeports français à son nom.

Paul Barril aurait été appelé par Agathe Habyarimana qu’il aurait rencontrée « complètement désemparée » par la mort de son mari pour faire une enquête sur l’attentat. On lui demande s’il ne travaille pas plutôt pour Mobutu. Il esquive en disant qu’il est allé voir aussi Mobutu en venant par Goma, et qu’un hélicoptère Gazelle l’a ensuite emmené au nord du Rwanda près de la frontière, puis à Kigali. Il insiste sur le fait qu’il était seul.

On lui présente ses précédentes dépositions et ses contradictions. Paul Barril élude encore, il ne se souvent plus. Notamment pour les lance-missiles qu’il n’aurait pas eu vraiment dans ses mains. On lui rappelle ses déclarations dans Guerres secrètes à l’Élysée, un livre de souvenirs où il règle ses comptes après le suicide de Grossouvre, intervenu curieusement le 7 avril 1994, 24 heures après l’attentat.

Une citation accablante

Paul Barril y écrit page 176 : « J’ai appris le décès de celui que je considérais comme le général en chef d’une nouvelle armée de l’ombre, apte à rétablir la France [François de Grossouvre], sur une colline perdue au centre de l’Afrique, au moment où les officiers tutsis du Front patriotique rwandais (FPR), formés et conseillés par la C. I. A., préparaient les premiers mouvements de l’offensive qui devait leur assurer le pouvoir à Kigali, capitale du Rwanda, ainsi que le contrôle de toute la région des Grands Lacs. François Durand de Grossouvre est mort le 7 avril 1994, peu avant 20 heures. Exactement 24 heures avant, le 6 avril à la même heure, l’avion du président rwandais Habyarimana a explosé en plein vol, au-dessus du palais présidentiel de Kigali, frappé traîtreusement par deux missiles soviétiques sol air SAM 16. Leurs numéros de série indiquent qu’ils ont appartenu à l’armée irakienne. Peut-être ont-ils été récupérés par les soldats américains après la guerre du Golfe. Dans ce cas devrait-on y voir une manipulation de la C. I. A. ? Mais pourquoi ? Ou plutôt, afin de ménager les intérêts de qui, à Kigali, et au Rwanda en général ? »

Que faisait Paul Barril à Kigali le 6 ou le 7 avril, selon son propre aveu ? Il répond que le livre était en partie un roman, un « roman-enquête » et que tout n’était pas vrai. Il dit que c’était « pour faire bouger les choses ».

On lui rappelle les « 80 enregistrements de témoins ayant assisté à l’attentat » dont il avait fait grand cas en 1994 dans la presse, notamment le quotidien Le Monde. Non, il n’a pas ces enregistrements, il avait simplement « pris des notes », et puis c’était des témoignages « à l’africaine » (?) dont il ne se souvient pas clairement.

On lui demande ses liens avec Singaye. Il dit que c’est lui qui l’a présenté aux enquêteurs du juge Bruguière. Il reconnaît savoir que Singaye était un agent des services de renseignement. Il dit qu’il était très bien renseigné et qu’il l’aidait à enquêter sur l’attentat, « pour la défense des familles des trois militaires français de l’équipage ». On lui demande à quel titre il enquêtait. Il bafouille une vague réponse.

Barril explique que l’avion a été abattu sur ordres de Kagame dont les hommes suivaient l’arrivée par des lunettes infra rouge. Et que les deux tirs sont partis du même endroit du camp militaire des FAR à Kanombe (il avait présenté auparavant une version bien différente, visiblement il a intégré l’expertise balistique communiquée au juge Trévidic en janvier 2012, et qui semble innocenter le FPR).

Pressé par ses anciens collègues gendarmes qui « connaissent la musique », Paul Barril s’énerve progressivement. À la fin, un enquêteur lui indique qu’on va perquisitionner ses différents domiciles (trois résidences en France, dont une en montagne). Il répond qu’il ne peut assister aux perquisitions vu son état de santé. Paul Barril ironise sur l’idée qu’on pourrait demander à perquisitionner sa résidence au Qatar, et que ça n’arrangerait pas les relations entre le Qatar et la France. Humilié et mortifié d’être traité en témoin ordinaire, cet homme qui a fait trembler tant de politiciens français n’est plus que l’ombre de lui-même mais voudrait se donner de l’importance. Il ajoute que puisque c’est comme ça, il ne donnera pas les documents qu’il avait apportés. Et il refuse de signer le procès-verbal d’audition, ce qui est acté.

Les perquisitions engagées n’ont pas été sans résultat car si Barril a souvent fait le ménage chez les autres, il avait négligé bureaux et demeures personnels. Les gendarmes ont mis la main sur quelque 800 pages de pièces accablantes, une sorte de « best of » des turpitudes de la Françafrique. L’inusable Barril était de tous les trafics d’armes, de bien des magouilles… On a ainsi découvert la demande de 1000 mercenaires pour aider au génocide contre les Tutsi, et une copie du « contrat d’assistance » passé entre Barril et le gouvernement rwandais daté du 28 mai 1994, dont le premier exemplaire avait été trouvé à Kigali. Selon Le Parisien, le juge Trévidic a réinterrogé le capitaine Barril sur ces documents le 20 décembre dernier. Ce contrat d’assistance « n’a jamais existé », prétend l’intéressé. Les factures ? « Cela ne s’est jamais fait. » Il prétend que tout ça tout cela « c’est de la mayonnaise africaine. »

« Une mayonnaise de près d’un million de morts » observe notre consœur Elisabeth Fleury. En juin 1994, juste après le génocide, Paul Barril a été promu capitaine honoraire de la Gendarmerie française. Pour quels services rendus ?

[Source : Jean-François Dupaquier, Afrikarabia, 25 janvier 2013]

 

Rwanda : le capitaine, l’avion et le génocide

Un document mis au jour par le juge français Marc Trévidic et divulgué le 24 janvier par le quotidien Le Parisien repose la question des prestations assurées jusqu’en 1994 par l’ancien gendarme Paul Barril au bénéfice de l’armée génocidaire rwandaise…

Le filet se resserre autour de Paul Barril, dont le rôle trouble pendant le génocide au Rwanda de 1994 vient d’être éclairé par un document inédit. Dans son édition du 24 janvier, le quotidien Le Parisien publie en effet le fac-similé d’un courrier embarrassant pour l’ancien du Groupe français d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et de la cellule antiterroriste de l’Élysée.

Ce document a été exhumé lors des perquisitions qui ont visé Paul Barril et son entourage en juin 2012. L’opération avait été diligentée par le juge Marc Trévidic, en charge de l’instruction sur l’attentat commis le 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana. Dans ce courrier daté du 27 avril 1994, le ministre de la Défense rwandais, Augustin Bizimana (recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda – TPIR – et-toujou-s en fuite) « confirme » au « capitaine Barril » son « accord pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces armées rwandaises ». À cette date, l’armée gouvernementale livre combat au Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé. Mais elle encadre parallèlement, aux côtés de la gendarmerie, la campagne de massacres ciblés visant la population tutsie.

Au service du « Hutu Power »

Le Parisien apporte une nouvelle pièce au puzzle relatif à l’implication de Paul Barril au service des extrémistes hutu, avant comme pendant le génocide. Mais, bien que largement méconnus, des documents versés dans diverses procédures judiciaires illustrent déjà les prestations contre-nature assurées au pays des milles collines par le gendarme français reconverti dans la sécurité privée.

C’est ainsi qu’en novembre 1989, Barril adressait deux factures pro-forma au colonel Gasake, des Forces armées rwandaises. Celles-ci portaient sur la fourniture par sa société de sécurité, Secrets, de « portiques de détection type MD 2000 », de « détecteurs de métaux portatifs », de « PM Beretta » et de « valises attaché-case à ouverture rapide ».

En plein génocide, le 28 mai 1994, un contrat d’assistance est signé entre le Premier ministre, Jean Kambanda, et Paul Barril, en vertu duquel ce dernier « s’engage à fournir une aide sur le plan humain et matériel au Rwanda ». Vingt hommes spécialisés et différents armements doivent être fournis aux extrémistes hutus, alors en difficultés face à l’armée du FPR. « La prestation est évaluée à 3’130’000 dollars », poursuit le contrat, qui précise qu’un acompte de 50 % devait être versé à la signature.

Un versement d’1 million de dollars

Dans un « compte rendu de réunion » classé « Très secret » et daté du 29 septembre 1994, le général-major Augustin Bizimungu, chef d’état-major des ex-FAR (désormais en exil en RDC) évoque une autre prestation qui aurait été assurée par l’ancien commandant du GIGN au bénéfice de l’armée génocidaire. Sollicité pour apporter une formation aux militaires rwandais en matière d’opérations spéciales, Paul Barril a, selon le document, perçu un acompte de 1,2 millions de dollars, là encore en plein génocide. Mais la prestation sera finalement annulée en raison du déploiement concomitant de l’opération française Turquoise.

La question qui se pose à présent au juge Trévidic est de savoir si Paul Barril a pu jouer un quelconque rôle dans l’attentat à propos duquel porte son instruction. « Très tôt dans le dossier, nous avons invité les enquêteurs à mener des investigations sérieuses du côté de M. Barril, confie à Jeune Afrique l’avocat belge Bernard Maingain, qui défend les sept Rwandais de l’entourage du président Paul Kagamé encore mis en examen dans ce dossier. Les résultats récents de l’instruction semblent justifier nos demandes. »

De son côté, selon Le Parisien, le sulfureux capitaine conteste que ces différents contrats aient été suivis d’effets, résumant la controverse au sujet de son rôle au Rwanda à « de la mayonnaise africaine ».

[Source : Mehdi Ba, Jeuneafrique.com, 24 janvier 2013]

 

Barril : ça sent la poudre !
par Alain Gauthier, président du  Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda

Le Parisien « révèle » aujourd’hui le rôle qu’aurait pu jouer le capitaine Paul Barril dans le génocide des Tutsi au Rwanda. Ces « révélations » ne surprendront que ceux qui ne le connaissent pas.

La lettre d’Augustin Bizimana, ministre de la Défense du gouvernement génocidaire, adressée à Paul Barril le 27 avril 1994, vient confirmer ce que beaucoup d’entre nous répétions depuis des années : Paul Barril, et donc les autorités politiques françaises de l’époque, a joué un rôle déterminant auprès des autorités politiques rwandaises au pouvoir en 1994.

Sa proximité revendiquée avec madame Habyarimana, la veuve du président assassiné, ses apparitions dans les médias lors de la « découverte » de la boîte noire de l’avion présidentiel, sa présence sur les collines du Rwanda en avril 1994, tout cela faisait de lui un témoin privilégié.

• Comment imaginer que la Mission d’enquête parlementaire n’ait pas exigé qu’il vienne témoigner ?

Nous aurions même souhaité, il y a bien longtemps, que l’ancien patron du GIGN soit soumis au détecteur de mensonges tellement nous avions la certitude qu’il en savait beaucoup plus qu’il ne le prétendait. La découverte de documents compromettants saisis à son domicile ramènent le capitaine Barril sur le devant de la scène.

Le Parisien précise que, « outre la demande de 1000 mercenaires » réclamés par Augustin Bizimana, « les enquêteurs ont récupéré des factures d’armes, de munitions et d’hommes, liées à un “contrat d’assistance” passé entre Barril et le gouvernement rwandais et daté du 28 mai 1994. »

Le plus choquant, ce sont les réponses que ce monsieur ose faire au juge Trévidic qui l’interroge : pas de contrat d’assistance, pas de factures… « Tout cela c’est de la mayonnaise africaine ». « Une mayonnaise », conclut le journaliste, « de près d’un million de morts ».

Quel mépris pour l’Afrique et les Africains sur le dos desquels il a bâti sa fortune ! Quel mépris pour les victimes du génocide des Tutsi déjà si durement affectés par les lenteurs de la justice française !

Quand on évoque le nom de Barril, ça sent effectivement la poudre. Le juge Trévidic, qui a pris le contrepied du juge Bruguière, arrivera-t-il à faire parler Paul Barril ? Ce serait souhaitable. Cela permettra-t-il aussi de faire enfin la lumière sur la mort de monsieur de Grossouvre, « suicidé » le 7 avril 1994 dans son bureau de l’Élysée ? Rien n’est moins sûr, mais l’étau se resserre : quel a été le rôle exact des autorités françaises de l’époque dans la mise en place du génocide des Tutsi ?

Souhaitons au juge Trévidic de faire un jour la lumière : mais il ne faudrait plus trop tarder.

Près de vingt ans se sont écoulés et les mémoires défaillent, les rescapés disparaissent, ainsi que les bourreaux.

• Qui restera-t-il à juger ?

Les procès attendus contre des présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français feront-ils exploser ce baril de poudre sur lequel notre pays s’est assis ?

Alain Gauthier, président du CPCR
[Source : Izuba, CPCR, 24 janvier 2013]

 

Rwanda, le 13 mai 1994

Les résultats de l’enquête que j’ai menée au Rwanda depuis avril 2009 ont été partiellement révélés, en février dernier, à l’occasion d’une pleine page publiée dans le Wall Street Journal. De nombreux témoignages, aussi bien de rescapés que d’anciens génocidaires, y attestent de la participation directe de ce qui apparaît être des soldats français au génocide de dizaines de milliers de civils tutsis le 13 mai 1994 à Bisesero, dans l’ouest du Rwanda. Les deux dates des 13 mai et 14 mai 1994 correspondent probablement aux deux plus importantes journées de massacres génocidaires ayant eu lieu dans le pays des mille collines au printemps 1994. On estime que 40’000 civils tutsis auraient été génocidés au cours de ces deux jours à Bisesero, la plus grande partie d’entre eux l’ayant été le 13 mai. Deux jours d’intenses massacres qui ont emboîté le pas à la journée du 12 mai dédiée, elle, à leur préparation.

La connaissance du fait que ces deux jours furent consacrés à de grands massacres génocidaires n’est pas nouvelle en ce que cela avait déjà été consigné dans le rapport de l’ONG londonienne African Rights, avant d’être documenté par nombre de témoignages portés devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ce qui est nouveau en revanche, et qui résulte de cette enquête menée à l’occasion de deux voyages au Rwanda — l’un en avril 2009 (soixante-dix heures d’interview filmées), le suivant en février 2010 (trente heures de tournage de reconstitutions sur le terrain) , est le fait que des Français en uniforme militaire, armés de mitraillettes, mortiers et/ou de lance-roquettes y ont non seulement activement participé aux côtés des milices interahamwe, de la population hutu et des gendarmes, policiers et soldats rwandais, mais qu’ils ont également été aux premières loges de son organisation. Voici un résumé de ce que cette enquête permet notamment d’affirmer.

La journée du 12 mai 1994 est consacrée à préparer le massacre génocidaire du lendemain. Il s’agit de venir à bout de ces dizaines de milliers de Tutsis qui sont parvenus, en se réfugiant dans les collines de la région de Bisesero, à échapper à leur génocide perpétré jusque-là au sein des stades et des églises de la préfecture de Kibuye. À cette fin, une reconnaissance est notamment réalisée d’un endroit nommé Mubuga à un autre endroit nommé Mumubuga : une centaine de miliciens et de paysans hutus font le chemin par une piste avec pour ordre de ne pas s’en prendre aux Tutsis, tandis qu’un convoi de véhicules, contenant des Blancs en uniforme, et qui viennent d’être présentés à la foule comme Français, se rend par la route à la rencontre de ces derniers. Il s’agit de rassurer à cette occasion les Tutsis découverts quant au fait qu’il n’y aura plus de massacre et qu’ils bénéficieront au contraire désormais de protection. Dans la soirée, le conseiller municipal de Mubuga, Vincent Rutaganira, fait battre le tambour afin d’inviter la population à venir participer au massacre prévu pour le lendemain à l’encontre des Tutsis qui viennent d’être débusqués.

DES MILLIERS DE TUEURS

Le 13 mai 1994, a lieu, vers 7 heures du matin, un grand rassemblement sur la place de Mubuga : plus de cent personnes sont réunies quand arrive le bourgmestre de Gishyita, Charles Sikubwabo (actuellement en fuite et recherché par le TPIR), accompagné d’une dizaine d’hommes en uniforme militaire qu’il prend alors soin de présenter à la foule comme Français, et dont le visage est cette fois camouflé avec de la suie noire. La réunion dure à peine un quart d’heure. Tout le monde s’en va ensuite en direction de la colline de Mumubuga, la foule de miliciens empruntant une piste tandis que Sikubwabo et les Français regagnent eux leur véhicule avant de prendre la route. Il faut à peu près une heure trente aux premiers miliciens pour rejoindre le point de rendez-vous qu’ils se sont fixé avec les Français. Afin de se différencier des Tutsis qu’ils s’apprêtent à exterminer, ils sont pour nombre d’entre eux recouverts de ces feuilles de bananier dont la région regorge. Des milliers de tueurs sont maintenant présents sur le terrain du génocide : miliciens interahamwe, soldats et policiers rwandais, sans oublier la population hutu rameutée pour l’occasion.

Les grands chefs miliciens saisissent leur mégaphone pour scinder puis diriger les attaquants en plusieurs groupes tandis que les Français ont, eux, déjà fait la jonction avec ceux qu’ils ont laissés un peu plus tôt à Mubuga. Accroupis dans la brousse, seule une dizaine de mètres les sépare de ces miliciens et paysans hutus qui n’attendent désormais plus que leur feu vert aux fins d’investir les collines d’en face. Pour le moment, ils restent couchés dans la brousse, le temps que les Français finissent d’arroser de leurs obus (ou roquettes) les buissons où se cachent les Tutsis. Effrayés, ces derniers se mettent alors à fuir leurs cachettes, après quoi les Français mitraillent une à une ces cibles mouvantes que constituent les civils tutsis sans défense. C’est alors au tour des miliciens et paysans de se mettre au « travail », tachant d’abord de repérer des mouvements dans les collines avant d’aller achever au gourdin ou à la machette les Tutsis qui ne sont que blessés.

Bilan de la journée du 13 mai 1994 : le génocide de quelques dizaines de milliers de civils tutsis.

En mars dernier, le procureur du TPIR a été informé que mes témoins (une cinquantaine, parmi lesquels des rescapés et des anciens génocidaires) se tenaient à sa disposition aux fins de reproduire en justice les témoignages dont ils m’ont fait part.

Serge Farnel est ingénieur, écrivain et journaliste d’investigation.
[Source : Le Monde, 13 mai 2010]

 

[Ci-dessous, la préface du livre-enquête de Serge Farnel, par Géraud de la Pradelle, président de la Commission d’enquête citoyenne sur l’implication de la France au Rwanda et auteur de Imprescriptible, consacré à l’examen juridique des responsabilités  françaises.]

Préface de Géraud de la Pradelle

Le degré d’implication des autorités civiles et militaires françaises dans le soutien au Gouvernement intérimaire rwandais pendant qu’il procédait au génocide, est controversé.

Divers travaux révèlent – entre autres méfaits – que, sur le terrain, dans le cadre des opérations ‘‘Amaryllis’’ (du 8 au 14 avril 1994) et ‘‘Turquoise’’ (du 22 juin au 22 août 1994), des militaires, agissant conformément aux ordres reçus, ont abandonné, sinon livré, des civils à leurs assassins dont ils avaient auparavant formé les cadres. Par ailleurs, une dizaine de procédures introduites par des victimes de viols et de sévices graves qu’auraient commis ces soldats, sont actuellement pendantes devant le Tribunal aux armées de Paris. Toutefois, jamais encore on n’avait sérieusement prétendu, encore moins démontré, que des commandos de l’Armée française avaient directement participé à certains massacres. C’est chose faite aujourd’hui.

Le présent ouvrage expose les multiples aspects d’une enquête menée en deux temps, d’abord fin avril 2009, puis en février 2010, dans la région de Kibuye et les collines de Bisesero, à partir d’une information recueillie par hasard.

Quelques lignes suffisent pour caractériser l’apport essentiel de cette enquête.

En mai 1994, une quinzaine de militaires français en uniformes auraient occupé une salle de réunion dite « CCDFP », dépendant de la municipalité de Gishyita. Ils s’y seraient encore trouvés, le 24 juin, pour accueillir un contingent de ‘‘Turquoise’’ qui s’est logé au même endroit.

Le 12 mai, ces militaires auraient participé à l’expédition montée par le bourgmestre et consistant à rassembler la population pour l’emmener vers les collines de Bisesero où s’étaient réfugiés, en très grand nombre, des Tutsi qui avaient jusqu’alors efficacement résisté aux génocidaires. Il s’agissait de rassurer ces réfugiés en promettant de leur procurer vivres et protection – promesses appuyées par une parodie de maîtrise d’une foule hostile.

Un tout autre programme fut exécuté, dans ces mêmes lieux, dès le lendemain, 13 mai : ce jour-là, plusieurs dizaines de milliers de Tutsi furent massacrés.

La chose est de notoriété publique. En revanche, jusqu’à présent, il n’avait pas été question d’une présence, encore moins d’une participation française à ces horreurs. C’est pourtant ce qui résulte de l’enquête menée par Serge Farnel.

D’après les témoignages qu’il a pu recueillir, la participation des militaires cantonnés au CCDFP aurait été déterminante : puissamment armés, passant de colline en colline, ils auraient mitraillé, pilonné, les Tutsi encerclés par la multitude des génocidaires locaux qui, ensuite, achevaient les blessés à coups de gourdins et de machettes.

Quelques articles précédemment consacrés par Serge Farnel à ces événements odieux ont été fort mal reçus dans pratiquement tous les milieux.

L’hostilité de ceux qui avaient été plus ou moins directement mêlés à la politique du moment est, somme toute, normale. L’agacement d’une opinion traditionnellement oublieuse des turpitudes passées, l’est également.

En revanche, les réserves de gens qui se sont investis dans l’examen critique des activités nationales au Rwanda, sont plus difficiles à comprendre. Du moins, peuvent-elles s’expliquer par le fait que l’essentiel du dossier n’était pas encore publié.

Désormais, ces réticences ne sont plus de mise.

En effet, Serge Farnel ne se contente pas de transmettre les informations dont il dispose.

Il publie l’intégralité de témoignages qui ont été non seulement enregistrés mais, encore, filmés ; rend minutieusement compte, de la manière dont il a procédé pour les susciter et les recueillir ; enfin, il passe en revue les questions que ces témoignages suscitent, à juste titre : pourquoi des militaires français se seraient-ils mêlés aux massacres du mois de mai ? d’ailleurs, s’agissait-il de Français ; qui plus est, de militaires en service ? comment expliquer le silence des témoins – observé pendant quinze ans et, soudainement, brisé pour lui ? surtout, est-il concevable que l’intervention de soldats aient échappé aux autres enquêteurs alors que les massacres du 13 mai 1994 sont parfaitement connus ?

Le lecteur constatera que les réponses apportées ou suggérées sont solides.

Dans ces conditions, le signataire de ces lignes – qui croit bien connaître Serge Farnel – ne met pas en doute la sincérité de son travail.

Il reste à compléter l’enquête pour, le cas échéant, tirer les conséquences qui s’imposent.

Elles sont avant tout d’ordres moral et politique ; une prise de conscience est indispensable pour qu’à l’avenir, les citoyens que nous sommes fassent moins aveuglément confiance aux dirigeants qu’ils ont choisis.

On doit également évoquer d’éventuelles suites judiciaires. Les faits rapportés par les témoins que Serge Farnel a entendus sont constitutifs d’une participation directe au génocide. Ces faits relèvent à la fois de la compétence du Tribunal pénal international pour le Rwanda et, par application de la loi du 22 mai 1996, de celle des juridictions françaises. À cet égard, il est intéressant que certains officiers aient demandé « justice pour la France et ses soldats ». Il conviendrait de les prendre au mot – tout en gardant à l’esprit que la responsabilité première incombe au pouvoir civil dont les militaires ont exécuté les ordres.

Géraud de Geouffre de la Pradelle, 11 février 2012

Géraud de Geouffre de la Pradelle est professeur émérite de l’Université de Paris-X Nanterre. Juriste international, il a présidé, en 2004, la Commission d’enquête citoyenne sur l’implication de la France au Rwanda. Il est l’auteur de Imprescriptible. L’implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux publié en 2005 aux éditions des Arènes.

 

[Au sujet des méfaits de Barril au Centrafrique, ci-dessous l’extrait d’un article paru en 2006 :]

Antérieurement, Patassé n’avait pas procédé autrement, cette fois « dans le cadre » d’un contrat de « mercenariat », avec le bien connu Paul Barril. Chargé de la sécurité présidentielle, celui-ci se voyait même bombardé responsable de la lutte anti-terroriste « intérieure et extérieure » – on était après le 11 septembre. En même temps que ces fonctions de super-ministre de la « sécurité », Barril commercialisait des services de « gardiennage » privé – pour arrondir ses fins de mois, peut-être. L’adjoint de Barril, en ces sombres débuts de XXIe siècle, un certain Abdoulaye Miskine, aura gagné son brin de célébrité en semant la terreur, au moins autant que ses compères de l’actuelle Brigade de sécurité présidentielle.

Le vent ayant tourné, Bozizé renversant Patassé, cela leur vaut – à Barril, à Miskine comme à leur commanditaire Patassé –, d’être poursuivis devant la Cour Pénale Internationale. Un arrêt de la cour de cassation de Bangui le confirmait le 11 avril 2006. L’acte d’accusation leur reproche d’avoir « volontairement donné la mort à plusieurs individus avec préméditations, tortures et sévices, volontairement porté des coups ayant entraînés la mort sans intention de la donner, détenu et séquestré plusieurs individus, recelé des cadavres, pillé et détruit des biens appartenant aux victimes en réunion ou en bande ». Patassé est accusé d’avoir fait venir des mercenaires de diverses nationalités qu’il a placés sous la direction de Paul Barril – nommé Directeur national de la lutte contre le terrorisme international. L’acte d’accusation mentionne également une milice, « connue sous l’appellation de Société centrafricaine de protection et de surveillance (SCPS) », qui sévissait sous les ordres de Victor Ndoubabe et Paul Barril. Victor Ndoubabe, idéntifié par ailleurs comme le « chauffeur » de Patassé, est le quatrième de la liste d’accusés transmise à la Cour Pénale Internationale. Le cinquième est plus connu : il s’agit de Jean-Pierre Bemba, fameux milliardaire et chef de milice zaïrois. Ses hommes seront particulièrement redoutés à Bangui cette année-là. Selon l’arrêt de la cour de cassation centrafricaine, Bemba devrait au fait d’être devenu entretemps vice-président du Congo-ex-Zaïre de bénéficier d’une immunité. Les élections approchent au Congo – et le criminel françafricain craint de perdre sa précieuse immunité. [Et à raison : Jean-Pierre Bemba sera arrêté à Bruxelles le 24 mai 2008, suite à un mandat de la Cour pénale internationale, en raison d’accusations de crimes contre l’humanité commis lors des incursions de ses troupes en République centrafricaine pendant la période allant du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003. Le 4 juillet, Bemba comparaissait une première fois devant les juges. Ses avocats n’ont pas demandé la mise en liberté provisoire de leur client, attendant d’être en possession de toutes les pièces transmises par les autorités belges avant de se prononcer. L’audience de confirmation de charges doit se tenir le 4 novembre.] Propriétaire de plusieurs chaînes de télévision, il fait feu de tout bois pour alimenter autant que faire se peut son unique planche de salut politique : l’ethnisme à outrance. [Mais ne parviendra pas pour autant à s’imposer dans la joute électorale congolaise.]

Ainsi que le remarque la FIDH, « l’ordonnance ne distingue pas la responsabilité pénale de Miskine de celle de Paul Barril ». Et soutient : « À la lumière des pièces du dossier… que pendant les événements de 2002/2003 ils se sont rendus coupables de nombreuses exécutions sommaires et autres infractions ; que les personnes estimées à plusieurs centaines sont victimes des exactions commises » par les deux inculpés. « L’ordonnance mentionne des fosses communes identifiées aussi bien à Bangui que dans les villes de province, ainsi que des cas nombreux d’arrestations illégales », précise la FIDH. Le président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Sidiki Kaba, dénonçait le « silence assourdissant » du procureur de la Cour internationale, qui ne semble pas pressé de se saisir du dossier de l’officier français. « Son inaction favorise le climat d’impunité », soulignait-il. Et « son intervention, attendue par les victimes, pourrait au contraire prévenir la répétition de crimes les plus graves ». Le 23 mai, le procureur de la Cour pénale internationale était justement reçu à Paris par le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, pour évoquer nombre d’affaires en suspens, sur lesquelles « toute la lumière » devrait être faite. Mais le dossier centrafricain n’était pas mentionné dans le communiqué du Quai d’Orsay. Sûrement un oubli.

[Source : État d’urgence, Le Cobaye international]

Publié par Michel Sitbon sur le site parisseveille, 28 janvier 2013

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