ÉGYPTE. Trois nouveaux morts dans les affrontements de lundi
Au total, 52 personnes ont péri au total et des centaines ont été blessées dans les violences qui ont débuté jeudi soir.
L’Égypte a connu lundi 28 janvier sa cinquième journée consécutive de violences, avec des heurts meurtriers au Caire et à Port-Saïd. Trois personnes au total sont mortes, portant à 52 le total des personnes tuées dans les affrontements qui secouent le pays depuis plusieurs jours.
Deux manifestants sont ainsi morts lors de heurts devant des postes de police à Port-Saïd. Au Caire, une personne a également été tuée par un tir de chevrotine lors des heurts sporadiques qui se sont poursuivis toute la journée entre groupes de manifestants et policiers aux abords de la place Tahrir.
Un couvre-feu a été imposé dimanche soir dans les trois gouvernorats longeant l’axe majeur du trafic maritime mondial — Port-Saïd, Ismaïliya, Suez — par le président islamiste Mohamed Morsi.
52 personnes ont péri au total et des centaines ont été blessées dans les violences qui ont débuté jeudi soir, au moment où le pays marquait le deuxième anniversaire du début de la révolte contre l’ex-président Hosni Moubarak, sur fond de mécontentement contre l’actuel chef de l’État islamiste.
Les heurts les plus sanglants ont eu lieu à Port-Saïd, où 42 personnes ont péri dans des violences depuis la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, impliqués dans des heurts meurtriers l’an dernier à l’issue d’un match contre le club cairote d’Al-Ahly. Lundi, des sources de sécurité ont indiqué que des affrontements opposaient des manifestants aux forces de sécurité devant plusieurs commissariats, tandis que l’armée a annoncé avoir « fait échouer une tentative d’assaut mené par un groupe armé visant la prison » de la ville.
Au Caire, le calme est revenu mardi matin aux abords de la place Tahrir, où les heurts sporadiques qui se déroulent depuis jeudi soir entre la police et des groupes de jeunes se sont poursuivis jusque tard dans la nuit.
Les hommes du ministère de l’Intérieur et ‘les milices’ des Frères musulmans tirent à la chevrotine depuis le toit des hôtels » alentour, affirmait plus tôt un militant présent sur la place, faisant état de nombreux blessés.
Le Sénat a ratifié un projet de loi autorisant Mohamed Morsi à déployer l’armée afin qu’elle participe au maintien de l’ordre jusqu’à la fin des législatives prévues dans les prochains mois, a par ailleurs rapporté lundi l’agence officielle Mena. Le Sénat, investi du pouvoir législatif en l’absence d’Assemblée nationale, a accordé à l’armée le pouvoir temporaire d’arrêter des civils.
Dimanche soir, Mohamed Morsi avait appelé les représentants de l’opposition, comme les partis islamistes le soutenant, à un dialogue national.
Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens », a répondu devant la presse Mohamed El Baradei, figure de proue du Front du salut national (FSN), qui regroupe plusieurs mouvements et partis en majorité de gauche et libéraux.
Le Front réclame notamment que le président assume la responsabilité des violences de ces derniers jours, et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Il a appelé dans un communiqué le « peuple à descendre sur toutes les places Tahrir vendredi 1er février pour (…) réaliser les objectifs de la révolution » et protester contre la mort de dizaines de personnes ces derniers jours.
Amnesty International, s’appuyant sur des témoignages, a pour sa part condamné « l’usage par les services de sécurité d’une force létale (…) y compris contre des manifestants qui ne représentaient pas de menace imminente » [sic – NdJL]. (…)
Presse contre-révolutionnaire (Le Nouvel Observateur avec l’Agence Faut Payer, 29 janvier 2013)