Afrique du Sud : reprise des incidents entre ouvriers agricoles et policiers
Des heurts ont opposé jeudi pour la deuxième journée consécutive la police sud-africaine à des centaines d’ouvriers agricoles en grève pour leurs salaires dans la région du Cap, les forces de l’ordre tirant des balles en caoutchouc pour répondre à des jets de pierres, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les ouvriers agricoles de la région du Cap occidental, principale zone de production viticole et de fruits et légumes d’Afrique du Sud, ont relancé mercredi une grève pour obtenir une augmentation de leur salaire journalier de 70 à 150 rands (6 à 13 euros).
Les échauffourées entre les policiers et des groupes de manifestants très mobiles se poursuivaient dans la matinée près de la localité de De Doorns, sur la route nationale qui relie le Cap à Johannesburg, fermée à la circulation.
Les grévistes avaient érigé des barricades sur la chaussée et lançaient des pierres sur les véhicules de police. Les forces de l’ordre, en tenue anti-émeute, ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. (…)
Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 10 janvier 2013)
Les ouvriers agricoles sud-africains reprennent leur grève et affrontent la police
De violents incidents ont opposé la police à des ouvriers agricoles en grève mercredi dans la région du Cap, faisant redouter une nouvelle flambée de violences sociales en Afrique du Sud, trois mois après la meurtrière crise des mines qui a lourdement pesé sur l’économie du pays.
Au moins 44 manifestants ont été arrêtés, et un policier légèrement touché par un jet de pierre.
La grève sauvage — qui ne respecte par les règles imposées par le droit du travail sud-africain — avait été initiée en novembre. Les ouvriers réclament une augmentation de leur salaire journalier de 6 euros à 13 euros (70 à 150 rands).
La région du Cap occidental est productrice de vin, de fruits et de légumes, largement exportés, y compris vers l’Europe.
Mercredi matin, les incidents les plus graves se sont déroulés aux abords de la localité de De Doorns, connue pour son raisin de table notamment.
Plus de 3.000 grévistes se sont regroupés en dehors de la ville, sur la principale voie rapide. D’importantes forces de police se sont positionnées face à eux, à pied et en véhicules anti-émeute, pour leur interdire l’accès au centre-ville.
Des échauffourées ont opposé les deux groupes pendant près de deux heures. Les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.
« Jusqu’à présent, un total de 44 personnes ont été arrêtées pour menaces et violences publiques », a déclaré à la mi-journée le porte-parole local de la police, Andre Traut.
Au moins un policier a été touché et légèrement coupé au front par une pierre, a constaté une journaliste de l’AFP. Aucun blessé n’avait été signalé du côté des manifestants à 14h00 (12h00 GMT).
Une voiture appartenant à des reporters sud-africains a été retournée et incendiée. « C’est devenu fou tout d’un coup », a raconté à l’AFP l’un des occupants du véhicule, Bongani Koyana. Les manifestants « nous ont lancé des pierres », pulvérisant les vitres de la voiture.
« J’ai été touché par plusieurs projectiles, avant que quelques personnes m’extraient de la voiture pour me mettre à l’abri », a poursuivi M. Koyana.
D’autres incidents mineurs se sont déroulés dans la région. À Wolseley, à 60 km de De Doorns, la police a également empêché des grévistes de pénétrer en ville, a constaté l’AFP.
Les manifestants brandissaient des pancartes comparant leur situation à celle des employés noirs sous l’apartheid, le régime raciste aboli en 1994. La grande confédération syndicale sud-africaine Cosatu, alliée au pouvoir, a de son côté demandé aux consommateurs de boycotter les produits agricoles obtenus par « du travail d’esclaves ».
L’Afrique du Sud observe avec inquiétude ce conflit, qui rappelle par certains aspects les grèves sauvages des mineurs en août et septembre, qui s’étaient soldées par une soixantaine de morts, dont 34 grévistes abattus par la police à Marikana.
La grève des ouvriers agricoles a débuté en novembre. Deux personnes avaient alors été tuées dans des affrontements avec la police.
Après une trêve de plus d’un mois, le mouvement a repris ce mercredi.
Le gouvernement refuse jusqu’à présent d’intervenir, arguant du fait que la loi prévoit que le salaire minimum ne peut être relevé qu’une fois par an, et que la dernière augmentation date de mars 2012.
Le début de l’année, l’été austral, est la haute saison pour les producteurs de fruits et de vin, qui redoutent les conséquences économiques d’un conflit social dur.
Selon le syndicat régional des ouvriers agricoles, environ 40% des travailleurs ont pointé à leur poste de travail mercredi matin. Le secrétaire du syndicat, James Cornelius, a déploré cette « faible participation » à la grève, mais affirmé que le mouvement continuerait jusqu’à ce que les fermiers entendent les revendications de leurs ouvriers.
Dans les mines, où les salaires sont nettement plus élevés, les grèves sauvages avaient permis aux ouvriers d’obtenir de substantielles augmentations, pouvant atteindre 22% pour les catégories les plus basses.
Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 9 janvier 2013)
Afrique du Sud : violents incidents entre police et ouvriers agricoles en grève
La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc sur des ouvriers agricoles en grève sauvage qui leur lançaient des pierres, aux abords de la localité de De Doorns, mercredi dans la région du Cap, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.
Les ouvriers agricoles sud-africains ont relancé mercredi une grève pour obtenir une augmentation de leur salaire journalier de 6 euros à 13 euros (70 à 150 rands). Les incidents sont survenus lorsque les manifestants ont voulu franchir un barrage de la police qui interdit l’accès au centre-ville.
Des échauffourées étaient en cours en fin de matinée, les groupes de grévistes se déplaçant rapidement entre les fumées de feu allumés sur le bord de la route, sur une chaussée jonchée de balles en caoutchouc, dans le fracas d’un hélicoptère de police survolant la zone. La route principale menant vers la ville a été fermée par la police, renforcée par deux véhicules anti-émeutes et plusieurs camions de transport de troupes. Des policiers s’affairaient à dégager des rochers posés sur la route par les grévistes dans la matinée. (…)
Presse esclavagiste (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 9 janvier 2013)
Afrique du Sud : « La fronde des ouvriers agricoles est un défi pour le leadership politique »
Les ouvriers agricoles sud-africains de la région du Cap ont relancé, mercredi 9 janvier, une grève amorcée en novembre pour obtenir une augmentation de leur salaire journalier de 6 euros à 13 euros (70 à 150 rands). La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc sur les manifestants, qui étaient entre 3000 et 3500 dans la matinée. Ces incidents sont survenus lorsque les manifestants ont voulu franchir un barrage de la police qui interdit l’accès au centre-ville du Cap. L’Afrique du Sud regarde avec inquiétude le conflit social en cours, qui rappelle par certains aspects les grèves sauvages des mineurs en août et septembre. Ces grèves s’étaient soldées par une soixantaine de morts, dont 34 grévistes abattus par la police à Marikana.
Piers Pigou, directeur du projet Afrique du Sud à l’International Crisis Group à Johannesbourg, revient sur l’origine des ces grèves.
Comment expliquer l’escalade du mouvement social des ouvriers agricoles de la province de Cap-Occidental ?
Les ouvriers agricoles ont décidé de relancer la grève qu’ils avaient suspendue en décembre car il n’y a pas eu d’accord sur un salaire minimum. Ils estiment que le régime du travail ne leur assure pas un salaire minimum décent. Nous avons encore peu d’informations [sic – NdJL] sur l’état du régime salarial et les conditions de travail dans les domaines agricoles de la province du Cap-Occidental mais le problème ne concerne pas toutes les fermes de la région. C’est le plus grand secteur d’emploi au Cap-Occidental et il a pour caractéristique de reposer sur une grande part d’emplois saisonniers.
Il y a une tension entre cet appel à accroître le salaire minimum et un coût de production pouvant garantir la compétitivité du secteur. Si les salaires sont trop élevés, la production pourrait ne pas être viable économiquement. Ce discours est contesté par les syndicats, qui estiment que les producteurs peuvent absorber le coût d’une augmentation de salaires du fait des profits extraordinaires qu’ils réalisent, notamment en appliquant de très bas salaires. Il manque un véritable intermédiaire entre les deux parties, une institution qui pourrait avoir la confiance des ouvriers comme des producteurs. Les deux parties doivent communiquer. Elles doivent s’inspirer des domaines agricoles où existent des bonnes pratiques salariales. Car il y a trop de désinformation [sic – NdJL] sur le type de profits que les producteurs agricoles font et sur les relations qu’ils entretiennent avec les ouvriers dans l’ensemble.
Le contexte est très émotionnel car on touche à des questions sensibles : les difficultés socio-économiques des ouvriers agricoles du Cap-Occidental avec notamment un taux de chômage élevé ; la division entre riches et pauvres ; les questions raciales, notamment dans un secteur où les producteurs sont majoritairement et historiquement membres de la communauté blanche et les ouvriers de la communauté noire. Ces tensions vont être exacerbées si le problème n’est pas résolu rapidement.
Quelques mois après les grèves meurtrières des mineurs, un parallèle peut-il être fait entre ces deux mouvements sociaux et des enseignements tirés sur les problèmes socio-économiques en Afrique du Sud ?
Il n’y a pas nécessairement de connexions entre les deux mouvements mais des défis communs, comme le problème des inégalités salariales. Ces deux secteurs ont une histoire commune d’exploitation, de mauvaise gestion, de manque d’application des législations du travail. Le secteur des mines et celui de l’agriculture ont ensuite leurs propres spécificités. Ce qui ne veut pas dire que le mouvement ne peut pas s’étendre à d’autres secteurs. Dans chaque secteur, des conseils de négociation fixent les termes du salaire minimum. Le problème demeure de la circulation de l’information [sic – NdJL] auprès des salariés et de leur accès aux syndicats. Il n’existe pas non plus d’infrastructure de justice de proximité. Les centres de conseil communautaires, où des conseils délivraient une aide juridique, ont disparu par manque de financement. Leur rôle était de fournir de l’information et un recours contre les violations.
En l’absence de cette protection à la base, la situation ne peut qu’empirer car il n’y a pas de soupape de sécurité. Les ouvriers agricoles sont très faiblement syndiqués et dans le pays, les syndicats ne sont pas vus d’un bon œil. Les problèmes les plus critiques se rencontrent dans les communautés agricoles où il n’y a pas de structure syndicale organisée, à même de susciter le dialogue avec les propriétaires.
Comment les politiques et les syndicats peuvent intervenir pour résoudre ce conflit ?
Ces événements sont un défi pour le leadership politique de la province de Cap-Occidental et l’opposition, notamment composée de la section provinciale du Congrès national africain (ANC). Ils ont un rôle à jouer dans ce conflit, ce qu’ils n’ont pas fait en décembre. Le gouvernement sud-africain a également un rôle à jouer pour créer un meilleur environnement de négociations. Il doit accroître ses investissements auprès de ces communautés, pour développer les services d’aide notamment dans les zones péri-urbaines et dans le secteur du droit du travail.
Dans l’état actuel des choses, la difficulté est que l’on a un gouvernement provincial perçu comme proche des propriétaires agricoles et une opposition, notamment l’ANC de la province, en ligne avec les ouvriers agricoles. Ils peuvent en cela minimiser les chances de trouver une solution. Ils doivent aider les deux camps à trouver un terrain d’entente. Le défi qui se pose à eux est de trouver une façon de promouvoir l’activité économique tout en réduisant les problèmes socio-économiques que rencontrent les ouvriers. Pour le moment, l’idée de compromis n’est pas dans l’air. Les syndicats eux-mêmes doivent jouer un rôle de modérateur face aux menaces de boycottage des produits. C’est un acte radical qui peut avoir des implications terribles pour l’industrie.
Presse esclavagiste (Propos recueillis Hélène Sallon, LeMonde.fr, 9 janvier 2013)
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