[sous-surveillance.net] « Nous voulons fournir un outil fonctionnel pour fédérer. Le but est de créer des dynamiques autour du site et dans la rue »

La carte collaborative des caméras de surveillance s’invite à Paris

Une carte répertoriant l’ensemble des caméras publiques et privées dans Paris, avec leur marque, leur orientation… Des militants anti-caméras s’y sont attelés et ont sorti fin novembre la déclinaison parisienne du site sous-surveillance.net, une cartographique collaborative des moyens de surveillance de la rue.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0720.jpg

Capture d’écran du site Paris Sous-surveillance

D’abord fondée sur des données publiques, elle est destinée à s’étendre avec les remontées des utilisateurs, qui peuvent en signaler de nouvelles ou améliorer la fiche des existantes. Mercredi 19 décembre, les initiateurs du projet parisien ont d’ailleurs organisé une série d’ateliers de réflexion autour du site et de la vidéosurveillance.

Cette carte est une initiative du collectif d’extrême-gauche lyonnais Rebellyon [LOL – NdJL], qui a d’abord déployé une version locale, avant de porter le concept à d’autres villes. « La contestation doit être locale avant d’être nationale. La mobilisation à partir d’un site local est une idée très prégnante à Rebellyon, qui fait que nous nous adressons à un public plus large que les militants », explique Arthur, membre de Rebellyon qui a collaboré à l’élaboration de la version parisienne de sous-surveillance.net. Depuis le lancement du site lyonnais cet été, vingt-cinq projets de déclinaisons ont été lancés, notamment à Bruxelles et à Genève à partir d’initiatives existantes.

UN OUTIL « PÉDAGOGIQUE »

Ses initiateurs veulent inscrire l’outil dans une démarche plus pédagogique, avec une présentation simple des caméras et un flux national d’information sur la vidéosurveillance. Une application pour les smarpthones Android, pour l’instant non-disponible sur le magasin officiel de Google, est d’ailleurs téléchargeable pour connaître les caméras autour de soi.

Le site se veut également une collaboration directe entre militants et hackers (bidouilleurs), qui auraient habituellement des difficultés à se rencontrer. « Il n’y a pas de projets communs entre hackers et militants. La vision des hackers, qui veulent délivrer un produit fonctionnel, peut être enrichie par celle des militants, qui pensent plus à la prise de conscience », poursuit Arthur.

Le développeur de l’application Android s’est ainsi associé au projet il y a deux mois, après avoir débuté son premier outil. Montpelliérain, il avait ainsi conçu une application qui fait vibrer le portable à proximité d’une des caméras listées dans les données publiques de la ville. Quelques semaines plus tard, il sortait la première version de l’application de sous-surveillance.net, dont l’objectif est de permettre d’enregistrer aisément les caméras sur le site en utilisant notamment le GPS intégré.

MULTIPLIER LES SITES, SIMPLEMENT

Comme tout projet censé s’étendre, la simplicité technique est au cœur des préoccupations des développeurs. Le site est fondé sur le système de gestion de contenus Spip, utilisé en premier lieu par Rebellyon. Pour afficher la carte, les développeurs ont conçu une extension dédiée à la gestion des caméras, Spip Camera. Les données cartographiques sont tirées du projet libre OpenStreetMap et les vues satellites de Google Maps. À terme, l’équipe prépare une bascule complète sur OpenStreetMap, qui contient en lui-même une base de données de caméras à remplir. Les développeurs souhaiteraient ainsi disposer de deux bases, l’une sur sous-surveillance.net et une autre disponible plus largement par OpenStreetMap.

« Nous voulons fournir un outil fonctionnel pour fédérer. Le but est de créer des dynamiques autour du site et dans la rue », explique encore Arthur. Ce souhait d’une base technique stable n’est pas limité à sous-surveillance.net, le collectif souhaitant capitaliser sur cet outil, notamment en mettant en place des sites « d’information alternative » similaires à Rebellyon dans d’autres villes. Le site de cartographie de la surveillance serait ainsi une étape, vouée à être maintenue activement « un ou deux ans », pour « créer le débat ».

« Mobiliser est plus difficile à Paris. Peut-être que nous aurions dû procéder par arrondissement plutôt que pour la ville entière, par exemple », reconnaît enfin le militant.

Leur presse (Guénaël Pépin, LeMonde.fr, 21 décembre 2012)

Ce contenu a été publié dans Cybernétique, La police travaille, Vidéosurveillance, Violences policières et idéologie sécuritaire, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.