Fronde ouvrière en Iran sous l’effet de l’inflation

Des ouvriers iraniens ont envoyé, pour la troisième fois depuis le mois de juin, une pétition au ministre du travail : ils dénoncent leur appauvrissement croissant et des fermetures d’usines en série, dans une période d’inflation majeure en Iran. Les 10’000 signataires refusent un projet de réforme de la loi du travail proposé au Parlement, qui faciliterait les licenciements. Une telle réforme « mettrait [leur] vie en péril », écrivent-ils, selon l’agence officielle Ilna, le 18 décembre. Ils demandent également au ministre du travail, Abdolreza Sheikholeslami, de démissionner.

« Plus de 50 % des usines du pays ont été fermées ou sont sur le point de faire faillite », affirment ces ouvriers, à la suite de coupes dans les subventions d’État sur l’énergie et les produits de première nécessité mises en œuvre par le président Ahmadinejad en 2010. Selon eux, « des centaines d’ouvriers ont été licenciés » et « le salaire de la plupart des ouvriers – qui est inférieur au seuil de pauvreté – est systématiquement payé avec quelques mois de retard ».

Malgré la forte inflation qui a suivi ces baisses des subventions d’État, les signataires font également valoir que « le salaire moyen des ouvriers en 2011 et 2012 a diminué par rapport aux années d’avant cette politique ».

« Des mesures urgentes »

Le projet de réforme du droit du travail iranien, soumis au Parlement par le ministère du travail, est par ailleurs qualifié d' »anti-ouvriers ». Il prend « pour cible la sécurité et les conditions de travail des travailleurs », se désolent-ils.

Les signataires demandent à tous les responsables concernés « des mesures urgentes » pour mettre fin à leurs souffrances et exigent que le salaire minimum soit réévalué suivant « l’inflation réelle ».

Le Bureau des statistiques de la banque centrale avait annoncé, en juillet, qu’il cesserait de publier les données de l’inflation. Le dernier chiffre avancé par cette institution date d’octobre dernier : 24,9 %. Pourtant, beaucoup d’économistes et d’analystes font valoir que la vraie valeur de l’inflation est bien supérieure. Gholamreza Tajgardoon, membre de la commission de l’économie du Parlement iranien, avait évoqué, le 9 décembre, le « chiffre effrayant de 58 % ».

Leur presse (Assal Reza, blog Nouvelles d’Iran, 20 décembre 2012)

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