Des villages pour rassembler les marginaux à Amsterdam
Le maire de la ville doit lancer en janvier un programme visant à construire des camps où seraient logées les personnes violentes ou considérées comme anti-sociales.
Les opposants à ce projet parlent de « scum villages », des villages pour marginaux. En janvier, Eberhard van der Laan, le maire travailliste d’Amsterdam lancera un programme visant à lutter contre les comportements anti-sociaux. Les familles à problèmes, les personnes violentes, …, seront réunies dans des conteneurs maritimes basiquement aménagés, rassemblés dans des banlieues, où on leur apprendra « à se comporter ». Ceux qui ne montreront pas d’amélioration seront expulsés de leur maison et contraints de rester dans ces logements rudimentaires.
D’après Bato Bauer, le porte-parole du maire, 13.000 plaintes pour violences sont recensées chaque année en Hollande. Une ligne d’urgence va être installée pour que les victimes de violences puissent porter plainte au plus vite. Une équipe spécialisée sera chargée de repérer les lieux qui concentrent les problèmes et de tenir des rapports sur les responsables de ces violences.
Les personnes apparaissant fréquemment sur ces listes seront envoyées dans des camps spéciaux. Ceux qui sont déplacés temporairement (six mois) seront surveillés 24 heures sur 24 par la police. « Le but n’est pas de récompenser les gens qui agissent mal en les installant dans un cinq pièces avec vue sur jardin. C’est supposé être dissuasif », explique le porte-parole. Quant aux personnes définitivement « installées » dans des logements spéciaux, elles auront accès à des docteurs et à des travailleurs sociaux. Le gouvernement prévoit de déplacer à long terme environ 10 familles par an. Le tout pour la somme de 1 million d’euros chaque année.
« Mettre toutes les ordures ensemble »
Pour les détracteurs de ce plan, celui-ci rappelle beaucoup le projet proposé par le député populiste Geert Wilders l’année dernière. Ce dernier voulait créer des «scum villages» dans chaque province. Les marginaux n’auraient pu les quitter qu’une fois un an d’étude ou de travail accomplis. «Il faut mettre toutes les ordures ensemble et laisser les gens normaux tranquille», avait-il lancé à l’époque.
Le journal hollandais Parool remarque que ces idées ne datent pas d’hier. Au 19e siècle, les fauteurs de troubles étaient embarqués dans des villages spécialisés à Drenthe et Overijssel, en dehors d’Amsterdam. Des initiatives qui ont rarement porté leurs fruits, les villages se transformant en véritables taudis et devenant un poids pour le gouvernement.
« Nous avons appris du passé », assure le porte-parole du maire. Il affirme que l’idée n’est pas de loger les marginaux dans une même maison et que ces villages ne sont pas faits pour le voisin bruyant qui met sa musique trop fort un samedi soir, mais pour les gens « extrêmement violents et intimidants » qui s’en prennent continuellement une seule victime. À ceux qui qualifient ce plan de liberticide, il rappelle qu’il a surtout été lancé afin de protéger les homosexuels, fréquemment victimes de harcèlements. « Nous voulons une société qui les défende » clame-t-il.
Si le maire d’Amsterdam a récemment assuré que les coffee shops vendant légalement de la marijuana resteraient ouverts malgré la nouvelle loi contre le « tourisme de la drogue », ce nouveau plan pourrait faire perdre à la capitale hollandaise sa réputation mondiale de « ville de la tolérance ».
Presse à chier qu’il faut atomiser (Raphaëlle de Tappie, LeFigaro.fr, 5 décembre 2012)