Tunisie : les violences s’étendent à plusieurs villes de la région de Siliana
TUNIS – Au troisième jour de la grève générale décrétée par l’Union régionale du travail (URT), la tension persistait jeudi à Siliana, une région déshéritée du centre de la Tunisie affectée par des taux de chômage et de pauvreté élevés, selon des sources concordantes.
Les unités de police s’étaient retirées de la ville la veille au soir, après deux jours d’émeutes qui ont fait quelque 300 blessés, dont de nombreux cas graves, selon une source hospitalière.
Mercredi, un journaliste français de France 24 et son chauffeur ont également été blessés. Le reporter a déclaré avoir été blessé par des tirs de chevrotine et a été hospitalisé. « Nous nous trouvions dans les manifestations avec des centaines de jeunes (…) et nous avons reçu une dizaine de plombs dans les jambes », raconte-t-il sur sa chaîne.
L’armée tentait de s’interposer
Après une manifestation pacifique, qui a rassemblé jeudi matin plus de 15.000 personnes, venues des différentes villes de la région, les violences entre les habitants et les forces de l’ordre ont repris en début d’après-midi avec l’arrivée de renforts policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule, selon un témoin sur place.
Les unités de l’armée tentaient de s’interposer entre les belligérants pour calmer la situation, a déclaré Mouldi Kenzizi, un témoin, joint par l’Associated Press.
Les habitants de Siliana ont réagi avec colère aux propos tenus à la télévision par le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, attribuant les actes de violence aux manifestants et justifiant l’usage par la police de balles à billes qui ont grièvement blessé des manifestants aux yeux.
Manifestation à Tunis
Selon une source hospitalière, 19 personnes ont été blessées, dont 12 qui risquent de perdre la vue.
Dans d’autres villes du gouvernorat (préfecture), des affrontements ont été signalés entre les forces de l’ordre et les habitants qui manifestaient leur « solidarité et leur soutien » à la population de Siliana.
À Tunis, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l’Intérieur pour dénoncer « la répression policière » à Siliana.
Les manifestants scandaient des slogans appelant à « la chute du régime » et à « une nouvelle révolution ».
« La Tunisie est libre », criaient les protestataires encadrés par un dispositif policier à l’affût.
Le mouvement social a éclaté car la population de Siliana considère qu’elle continue à être marginalisée après la chute du régime de l’ancien président Ben Ali.
Publié par des ennemis de la deuxième révolution (Sipa-AP, 29 novembre 2012)
Suite aux violences survenues dans la ville de Siliana au cours des trois derniers jours, plusieurs manifestations populaires ont été organisées à travers le pays aujourd’hui 29 novembre 2012, pour exprimer le soutien des habitants des différentes régions à leurs concitoyens de Siliana.
Au Kef, à Mahdia, à Monastir, à Kairouan et à Sfax, des rassemblements ont été organisés où des slogans ont été scandés, soutenant les habitants silianais et dénonçant les pratiques répressives des forces de l’ordre à leur encontre. (…)
Publié par des ennemis de la deuxième révolution (BusinessNews, 29 novembre 2012)
(…) Des affrontements entre les habitants et des forces de l’ordre. Difficile de savoir ce qui a déclenché ces nouvelles violences. Pour les uns, ce sont des provocations de policiers. Pour les autres, ce sont des jets de pierres de la part d’adolescents. En tout cas, les habitants ont jeté des pierres sur les véhicules de police venus en renfort depuis d’autres régions. Chacun essayant de gagner du terrain sur l’autre.
Un va-et-vient incessant avec des policiers qui faisaient parfois mine de foncer sur la foule avec leurs véhicules. Selon un infirmier, un habitant se serait d’ailleurs fait écraser la jambe. Aux dernières nouvelles, ces violences auraient fait une vingtaine de blessés ce jeudi 29 novembre, principalement à coups de matraques et de gaz lacrymogènes.
Avant la fin des violences, les protestataires ont crié de joie et ont brandi deux fusils probablement saisis au cours des affrontements. De source policière, ils auraient ensuite remis ces armes au commissariat local où travaillent cette fois des policiers de Siliana contre qui ils n’ont montré aucune agressivité. Ces habitants se disent déterminés à continuer cette grève générale tant que les forces de sécurité ne sont pas parties et que le gouverneur n’a pas quitté son poste.
Publié par des ennemis de la deuxième révolution (RFI.fr, 29 novembre 2012)
(…) des militants syndicaux et politiques ainsi que des représentants de la société civile avaient décidé, au cours d’un grand meeting, jeudi matin, devant le siège de l’Union régionale du travail (URT) de Siliana, d’organiser une marche symbolique, vendredi, en direction de Tunis, sur une distance de deux kilomètres.
À travers cette initiative, les organisateurs visent à transmettre un message qui sous-entend qu’on « laisse la ville de Siliana au gouverneur », en cas de non-satisfaction de leurs revendications. Les demandes des protestataires sont, notamment, l’ouverture d’une enquête autour de ce qu’ils ont qualifiés « de dépassements sécuritaires » dans les événements de la région de Siliana, durant les deux derniers jours, la libération des personnes arrêtées, depuis le 26 avril 2011, le départ du gouverneur, ainsi que le droit au développement.
Un accord a été établi, au cours du meeting, pour poursuivre la grève générale ouverte, jusqu’à la satisfaction de toutes les revendications.
Le secrétaire général-adjoint de l’URT de Siliana, Ahmed Chafaï, (…) a rappelé que « les forces de sécurité continuent de tirer des balles à grenailles pour disperser les protestataires dans les délégations de Kesra et de Sidi Bourouis ».
Des sources sécuritaires ont expliqué que l’usage des balles à grenailes est destiné à empêcher les manifestants de mettre le feu aux postes de police et d’incendier les véhicules de forces de la sécurité. (…)
Publié par des ennemis de la deuxième révolution (TAP via Directinfo, 29 novembre 2012)