Après la grève des conducteurs de bus à Singapour

Singapour : Quatre travailleurs menacés de prison pour grève

Singapour est une cité-État très densément peuplée entre la Malaisie et l’Indonésie, où les mouvements sociaux y sont tout simplement interdits. Quatre chauffeurs de bus ont été arrêtés ce matin. Ils sont accusés de grève illégale et risquent un an de prison.

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Le débrayage a frappé la cité-État en début de semaine. 171 employés de la société de transport public ont abandonné leur volant et leurs navetteurs. Chez nous on appelle ça une grève, mais à Singapour, ce genre de mouvement d’humeur est inimaginable. À tel point que les médias ont eu toutes les peines du monde à nommer l’évènement. Le mot grève est presque lui-même banni.

Sur Internet, les blogs et les réseaux sociaux se sont régalés en proposant des synonymes. « Service indisponible pour cause d’évènement interne à l’entreprise »… « Pause café prolongée »… Ou encore « journée de cohésion ».

Blague à part, cette grève – parce que c’est bien de cela qu’on parle – voulait attirer l’attention sur les discriminations qui existent dans le secteur. Un chauffeur d’origine chinoise gagnant l’équivalent de 400 dollars de moins qu’un chauffeur malais. Les protestataires demandaient aussi de meilleures conditions de logement. Résultats, les quatre chauffeurs accusés d’être les instigateurs de l’affaire risquent une lourde sanction.

Les critiques des habitants de Singapour sont elles partagées… Entre appels à l’expulsion de tous les travailleurs chinois qui ont participé à la grève et la dénonciation de l’exploitation de la main d’œuvre. Qu’en est-il des revendications des grévistes ? Leur salaire ne va pas augmenter d’un sou, par contre, très gênée par le remous que cette histoire a créé, l’entreprise de transport en commun a promis de revoir les logements des chauffeurs, de laver et de réparer les dortoirs où ils dorment entassés. Cette histoire aura au moins le mérite de faire parler de ces travailleurs étrangers à Singapour. Ceux qui viennent de loin pour faire fonctionner cette bouillonnante cité-État.

Presse esclavagiste (RTBF, 30 novembre 2012) via Solidarité ouvrière


Singapour. Les chauffeurs de bus font la révolution

Un arrêt de travail de deux jours chez le principal transporteur public fait scandale. La grève met en lumière les conditions de travail de la main d’œuvre étrangère.

Quatre chauffeurs de bus ont été arrêtés le 29 novembre à Singapour, rapporte Today, pour avoir « incité leur collègue » à participer à une grève illégale. Les quatre hommes risquent jusqu’à un an de prison s’ils sont reconnus coupable d’être à l’origine du mouvement qui a mobilisé 171 employés de la compagnie de transport publique locale les 26 et 27 novembre. Ils ont enfreint la loi qui interdit tout mouvement social dans la cité-État. D’ailleurs, au démarrage de la grève, les sites des principaux journaux utilisaient des périphrases pour qualifier le mouvement. Une attitude immédiatement tournée en dérision sur mrbrown, un blog très populaire.

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Mrbrown a immédiatement proposé à ses abonnés sur twitter de suggérer des synonymes au mot grève. Dans ce florilège, on trouve notamment, « rassemblement de mécontents » (« unhappy gathering »), « service indisponible pour cause d’évènement interne à l’entreprise » (« Service closed due to company function »), « pause café prolongée » (« extended coffee break ») ou enfin « journée de cohésion » (« cohesion day »).

Selon The Straits Times, la compagnie de transport SMRT « a concédé ses erreurs » durant « ces évènements dramatiques », notamment en ce qui concerne les ouvriers chinois, à l’origine du mouvement. Recrutés pour des contrats de deux ans, ils gagnent 400 dollars de moins que les chauffeurs malaisiens, pour le même travail. Ils demandaient un alignement de leur salaire et une amélioration de leurs conditions d’hébergement. S’ils n’ont pas obtenu satisfaction sur leur première revendication, l’entreprise a promis de nettoyer et de réparer les dortoirs dans lesquels elle loge ses employés et de rechercher des moyens pour leur offrir de meilleures conditions de logement.

En réaction à ces articles, on peut lire de nombreux commentaires sur la toile qui appellent à la déportation pure et simple des ressortissants chinois à l’origine du mouvement. Autre son de cloche sur Online citizen, un site communautaire citoyen, « bien que dans d’autres pays développés, les lois protègent les travailleurs, il apparaît que dans le cas de Singapour, les lois protègent l’exploitation des travailleurs ».

Singapour fait face à un manque de main d’œuvre pour des emplois peu qualifiés. Les entreprises recrutent à l’étranger, en particulier en Malaisie, en Chine ou aux Philippines. Mais les conditions d’immigration sont très strictes et les travailleurs immigrés très contrôlés.

Presse esclavagiste (Christine Chaumeau, CourrierInternational.com, 29 novembre 2012)

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