[Mais nous on le sait bien qui assassine] « Y a des moments où on se dit que les mots ça suffit plus … Peut-être devrait-on songer à varier nos méthodes »

Novlangue préfectorale

Du  compte rendu ce soir à la réunion autour du CSP du 17e, de la délégation qui a été reçue à la préfecture je ne résiste pas à vous livrer deux perles :

« Les dossiers c’est de la fiction … c’est pour ça qu’on vous demande beaucoup de papiers ».

On comprend enfin l’attitude des préfectures : ils ne nous voient pas. Nous n’existons pas vraiment, nous nous amusons à bâtir des romans, des fausses vies. Quand on dépense des milliards à Frontex ça doit être pour jouer à la guerre ! Les milliers de morts en Méditerranée c’est du faux ! c’est rien que pour la couleur locale. C’est comme une super console : « game over » ça veut pas dire : « t’es mort ». Je me demande si je ne vais pas plutôt me consacrer à la broderie moi, à Calais peut-être ?

Deuxième perle de la soirée : Comme on reprochait aux représentants de la pref de pratiquer un arbitraire total on nous a rétorqué « l’arbitraire c’est la justice ».

Alors là, la rhétorique m’accable, j’avoue, je suis assommée par l’argument. Peut-être devrait-on songer à varier nos méthodes et à faire des lectures publiques du 1984 de Georges Orwell. Ceux qui l’ont lu doivent se souvenir de  sa novlangue : « la servitude c’est la liberté » etc.

Zebda  disait dans une chanson « avec les mots, tu sais qui assassine ». Mais nous on le sait bien qui assassine et y a des moments où on se dit que les mots ça suffit plus.

Mailing RESF, 27 novembre 2012

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