[Chronique de Youv derrière les barreaux] « J’ai appris à lire en relisant ma déposition en garde-à-vue »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[30 mars 2012]
Mon intimité

Dans mon intimité je te souhaite la bienvenue, ne fais pas attention au bazar que tu y vois c’est un désordre organisé.

J’ai enterré mes larmes sous le paillasson et caché mes chaînes sous mes manches, assis-toi et prends place deviens témoin de mon vécu.

Surtout s’il te plaît ne me juge pas épargne-moi ta morale la vie me la fait déjà tous les soirs… La liberté à n’importe quel prix « on n’est pas tous égaux au royaume de l’argent illégal » génération fusil-mitrailleur dent pour dent deuil pour deuil, j’ai appris à lire en relisant ma déposition en garde-à-vue.

Je fais partie de ces enfants à qui on a lâché la main donc devenu autodidacte dans le crime organisé j’ai fait mes classes parmi les plus grosses crapules de Mantes-la-Jolie j’avais les félicitations à chaque fin de trimestre je visais le doctorat dans la voyoucratie.

Mon intimité te dévoile ce que je n’ai jamais su dire ou montrer, crois-moi sur parole quand j’te dis que j’ai changé dans ma manière d’être ouvre les yeux promène-toi dans le jardin de mon intimité tu ne trouveras pas un brin de haine et de colère aucune envie de vendetta j’ai rangé mon Beretta il a ensanglanté mon passé mon avenir si tu le cherches est caché sous la mine de mon crayon.

S’il te plaît ne me pousse pas à refaire parler les balles sur tes rotules en légitime défense.

Assis-toi c’est moi qui régale ce soir je suis ton guide touristique dans ma mémoire là où personne a accès tu es VIP un invité de marque.

Je te sers un verre de mélancolie cocktail de gâchis et de tragédie étiqueté cas sociaux j’ai slalomé longtemps entre les bombes humaines les kamikazes de la rue qui une fois la nuit tombée, tombent le masque enfilent la cagoule.

Mon intimité que j’aurais pu appeler tout simplement ma vérité, je m’y suis réfugié parfois les yeux rouges d’incompréhension, la vie m’a mis sur le côté le voyou castré par l’administration, les barreaux ne font plus peur donc une peine à deux chiffres j’ai écopé pas le choix que d’assumer « ils peuvent enfermer un révolutionnaire mais pas la révolution ».

Le monde est à toi si tu assumes ce que tu es et ce que tu fais, je suis un inconnu mais avoue que j’ai le coup de stylo qui tue, derrière ces lignes se cache un homme qui refuse de mourir avant son heure « la connaissance libère » donc je suis libre même derrière ces putains de barreaux.

La nuit m’a pardonné toutes mes nuits blanches pas le temps de dormir je me reposerai une fois mort.

Ça fait longtemps que je ne rêve plus depuis que j’ai raté le virage depuis que ma vie est en cage.

« Serre-moi dans tes bras et dis-moi que tu m’aimes » m’a dit un jour mon pire cauchemar c’est pour ça que je n’ose plus fermer les yeux.

Mes cicatrices refont surface à certaines dates anniversaires impossible de les gommer avec le temps.

On [est] condamné à dire Allah himo toute notre vie.

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