À propos de l’attaque incendiaire du véhicule de la police privée d’Aéroport Grand Ouest
Les vigiles sont des flics privés de plus en plus utilisés par les entreprises et autres exploiteurs. Ils sont nos ennemis au même titre que la police d’État.
Mais dans la nuit du lundi 12 au mardi 13, le vigile n’a reçu aucun coup, car cela n’était pas notre but et que ça n’a pas été nécessaire. Il n’a pas joué les héros en tentant de défendre le véhicule, et il était loin de celui-ci lorsqu’il a été incendié.
Six jours d’ITT pour de l’intox, ça fait toujours un vigile hors d’état de nuire.
Des opposant-e-s à l’aéroport et à son monde
À propos de l’expulsion d’un vigile et du feu de joie qui s’en est suivi
C’est avec une grande colère que je lis les dépêches du jour concernant le vigile agressé près d’une maison évacuée et murée près du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Je n’ai comme seules informations sur cette affaire les différentes versions des médias, qui parlent souvent d’un ouragan quand il n’y a qu’une simple brise (ou l’inverse).
Bien sûr, ce vigile ne fait pas partie des riches, des décideurs et autres grands oppresseurs de se monde. Bien sûr, j’éprouve une compassion humaine pour cet individu qui s’est retrouvé pris dans un conflit qui ne le concernait pas. Je fais parti des gens qui ont été viré.e.s manu militari de l’endroit ou ils et elles ont choisi de vivre, à ce titre je comprends la violence qu’a pu ressentir ce vigile, qui va sans doute bien plus loin que quelques coups reçus aux poignets et aux pieds.
Mais putain, qu’est-ce qu’il foutait là ce con. Quels sont les connards inconscients qui ont choisi de l’exposer ainsi, au premier rang d’une guerre qui n’est pas la sienne. Depuis un mois, plus d’une centaine de gens vivent au quotidien une pression policière permanente. On a perdu les maisons qu’on a construites et celles qu’on s’est réappropriées. On a perdu nos lieux de vie et nos lieux d’organisation. C’était vraiment une idée débile, d’envoyer une personne seule surveiller une maison dans une zone où cent cinquante personnes ont été expulsées. Une idée qui ne peut venir que de gens qui considèrent les êtres humains comme des pions.
Je pense qu’on est plusieurs à avoir un sentiment fort de solidarité avec celles et ceux qui, en bas de l’échelle sociale, doivent chaque jour en chier pour survivre. Mais même au nom de ce sentiment de solidarité on ne peut pas accepter que des gens qui ne semblent pas du tout partager ce sentiment de solidarité nous interdisent l’accès aux maisons qu’on a investit et qui sans nous, n’auraient pas d’autre vocation que celle d’être détruites pour servir les intérêts économiques des aérocrates. Je ne connais pas ce vigile, mais j’espère qu’il aurait réagi exactement de la même façon si des gens étaient venus détruire tout ce qu’il avait construit.
La tension et la colère montent chaque jour un peu plus contre le projet d’aéroport, et à travers lui, contre la logique capitaliste qui veut qu’on aménage chaque portion de terre en fonction des intérêts de l’économie de marché. Dans ce contexte, des heurts violents comme celui-là sont amenés à se répéter. Vigiles, gardien.ne.s, flics et ouvrier.e.s d’entreprises de travaux, vous n’avez pas à risquer vos vies pour un projet qui n’est pas le vôtre. C’est vraiment dégeulasse de la part de Ayrault, Auxiette, Vinci et le patron de votre boîte de vous envoyer vous faire péter la gueule pour un projet qui ne vous concerne pas. S’ils tiennent tant que ça à ce projet, pourquoi ne viennent-ils pas eux-mêmes protéger les maisons qu’ils ont expulsés ?
Quand on prend l’initiative d’expulser des dizaines de maisons et d’en détruire la plupart, on ne peut pas vraiment s’indigner que dans la colère qui s’en suit, des gens détruisent la voiture de quelqu’un qui interdisait à ces mêmes gens de retourner dans une des maisons dans laquelle elles et ils ont vécu. Ce n’est pas quelque chose de glorieux c’est même quelque chose d’assez moche de devoir en arriver là, mais c’est quelque chose qui devait forcément arriver et qui se reproduira encore.
Personne ne devrait se permettre de porter des jugements de valeur sur la façon qu’ont les gens de réagir quand ils et elles sont confronté.e.s à toute la violence du capitalisme. Surtout pas celles et ceux qui ont été les instruments de cette violence. Dans cette histoire, le gouvernement PS-EELV a voulu mener une guerre propre pour imposer son projet, mais une guerre propre, ça n’existe pas.
Vigiles, gardien.ne.s et autres petites mains du projet, nous pourrions être du même côté. Refusez de vous battre contre nous, dans le cas contraire, ne vous étonnez pas de notre colère !
Indymedia Nantes, 15 novembre 2012