[Révolution tunisienne] « Si la révolte explose à nouveau, cette fois il ne restera rien de Tunis et de ses quartiers huppés. La colère et le ressentiment sont tels que tout brûlera… »

(…) Mohamed est le patron d’un café à Douar Hicher. Pour lui, il ne fait aucun doute que l’image que l’on donne de son quartier est archifausse : « Ce ne sont pas les salafistes qui font la loi, mais la violence, la misère, l’anarchie… Depuis la révolution, personne n’ose s’aventurer ici. Rien n’a changé. C’est tout simplement pire ! »

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La révolution a exacerbé dans ces quartiers la haine de l’autorité. Organisés en quartiers selon une recomposition tribale ou régionale, la population vit sur le fil du rasoir. À la colère d’avant est venue se rajouter une énorme déception. Celle de penser que la révolution n’a pas servi à grand-chose.

Il n’y a pas que les populations des régions qui sont déçues. Les déçus et marginaux de ces quartiers aussi portent en eux une grande rancœur. Installés dans les faubourgs de Tunis par une politique défaillante d’exode rurale, ils sont juste conscients qu’ils peuvent mettre Tunis à feu et à sang. Ils ont davantage conscience que l’explosion de leur colère peut dangereusement peser sur l’avenir.

Cette ceinture qui étrangle la capitale est, nous dit-on, le deuxième bidonville d’Afrique. Des chiffres pas du tout officiels parlent de 800.000 habitants. Combien sont-ils devenus aujourd’hui près de 22 mois après le 14 janvier 2011 ? À l’époque, l’exode était considéré comme une soupape pour contenir la contestation des régions. À une centaine de kilomètres plus loin, Fatma BM se souvient : « À chaque fois qu’il y avait une large contestation du côté de Kasserine, le système Ben Ali inondait Bizerte sans crier gare ! Ces gens délogés et déracinés sont lâchés sans dispositifs ni encadrements. On connaît la suite. »

À Douar Hicher, comme Mohamed, nombreux sont convaincus que « si la révolte explose à nouveau, cette fois il ne restera rien de Tunis et de ses quartiers huppés. La colère et le ressentiment sont tels que tout brûlera… »

Le café de Mohamed se trouve à côté du seul poste de police encore en fonction. Les autres, bien que reconstruits et repeints après les événements, sont transformés en dépotoirs. Les forces de l’ordre en position, jeunes et bien habillés, paraissent bien frêles dans cet environnement explosif. (…)

Publié par des ennemis de la révolution (Amel Djait, DirectInfo, 11 novembre 2012)

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