Millau. Des roses pour honorer Nabil, tué par la BAC
Une marche a été organisée, hier après-midi, à Millau, par le comité de soutien à la famille de Nabil Mabtoul, ce Villefranchois de 26 ans tué par un policier millavois en juin dernier. L’hommage s’est achevé par un dépôt de roses blanches sur les lieux du drame.
Agir pour que l’affaire ne soit pas oubliée. Ce dimanche après-midi, à Millau, dans la salle du café-concert La Loco, l’ordre du jour de la réunion du comité de soutien à la famille de Nabil Mabtoul est limpide. Mais avant d’entreprendre quelque action que ce soit, ce collectif de citoyens, tous des farouches opposants à la brigade anticriminalité (BAC), veut obtenir l’accord de la famille du Villefranchois de 26 ans, mort à Millau, le 26 juin dernier, après le tir d’un agent de cette unité du commissariat de la sous-préfecture du sud Aveyron. Le comité de soutien espère également obtenir des informations sur l’avancée de l’instruction du dossier dans lequel le policier suspecté d’être l’auteur du coup de feu mortel a été mis en examen du chef de « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par personne dépositaire de l’autorité publique ».
Majid Mabtoul, le père de la victime, présent à cette réunion, ne le cache pas. Il est « ému » par cette attention et de voir qu’une quarantaine de personnes est prête à se mobiliser. Mais de son propre aveu, il « ne sait pas beaucoup de choses ». Puis, très vite, il embraye : « Je suis pour la police qui protège mais contre la police qui tue. Ce soir-là, mon fils aîné, ma chair, s’est retrouvé face à deux individus qui, pour moi, ne sont pas des policiers car si je dis qu’ils sont policiers, je salis l’image de la police. Mon fils, répète-t-il, s’est retrouvé face à deux individus qui ont préféré l’action à la réflexion. Ils se sont pris pour John Wayne et Clint Eastwood, pour des fous de la gâchette. Eux, pour moi, ne sont pas des policiers. »
« Des choses pas claires dans cette histoire »
Pendant plus d’une heure, les larmes aux yeux, émouvant bon nombre de membres de l’assistance, Majid Mabtoul revient sur le drame qui a coûté la vie à Nabil. Comme lors de la marche blanche organisée à Villefranche-de-Rouergue le 1er juillet dernier, ce père explique qu’il ne croit pas à la version selon laquelle son fils transportait de la drogue dans sa voiture. Il s’interroge aussi sur le fait qu’il n’a été averti que près de neuf heures après le drame ; qu’à son arrivée sur place, le médecin des pompiers n’a pas vu l’impact de la balle ; que l’appartement de son fils n’a jamais été placé sous scellés ni même perquisitionné afin de démontrer si, oui ou non, Nabil était un trafiquant de drogue… Bref, Pour lui, il y a des choses « pas claires » dans cette histoire.
Enfin, il s’étonne : « J’ai vu que les deux policiers ont été mutés. Mais le chef est toujours là. Pourquoi ? C’est lui qui les a laissés faire. S’ils n’avaient pas eu carte blanche, ils n’auraient jamais fait tout ça. » Sur ce point, le comité de soutien ne peut qu’acquiescer. Depuis des mois, et bien avant les tragiques événements de juin dernier, il réclame la dissolution de la BAC et la démission de l’officier qui dirige le commissariat millavois.
Mais surtout, comme le père et toute la famille de Nabil, le comité veut « la vérité sur toute cette histoire ».
Après cette rencontre, une marche blanche s’élance de la Loco. Via la place du Mandarous et la sous-préfecture, à côté de laquelle sont stationnés des CRS, le cortège arrive sur les lieux où, le 26 juin, vers 3 heures, Nabil Mabtoul est décédé d’un coup de feu tiré par un policier dans des circonstances qui pourront, peut-être, être éclaircies lors d’une reconstitution annoncée pour jeudi soir.
Presse proflic (Denis Slagmulder, LaDepeche.fr, 12 novembre 2012)
Millau. Mort par balle du jeune Nabil Mabtoul : ne pas lâcher l’affaire
Alors qu’une reconstitution est prévue jeudi en début de soirée, la famille et le collectif de soutien ont fait le point hier.
Abdelmajid Mabtoul, le père de Nabil, ce jeune Villefranchois de 26 ans tué par balle lors d’un contrôle de la brigade anticriminalité dans la nuit du 25 au 26 juin à Millau, avait répondu hier, avec une partie de sa famille, à l’invitation lancée par le collectif de soutien constitué dans la sous-préfecture sud-aveyronnaise au lendemain du drame.
Alors qu’une reconstitution des faits est prévue jeudi à hauteur de la piscine, avenue Jean-Jaurès (les circulations piétonne et automobile devraient être interdites dans le secteur entre 17 et 23 h), il s’agissait de faire le point sur l’avancement de l’enquête à laquelle les avocats de la famille (le cabinet Phung de Montpellier) ont partiellement accès et d’envisager de nouvelles actions pour que l’affaire ne soit pas enterrée. Et que toutes les responsabilités soient établies…
« Je ne suis pas contre la police qui protège nos enfants, nos commerçants, mais je suis contre la police qui tue », a rappelé M. Mabtoul, père brisé mais digne, dont le témoignage ne peut qu’émouvoir ses auditeurs. L’homme s’étonne toujours que l’appartement de son fils à Villefranche-de-Rouergue n’ait pas été placé sous scellés et perquisitionné alors que Nabil a été, juste après sa mort, décrit par la police et le parquet de l’Aveyron comme un trafiquant de stupéfiants présumé. Et ce, même si les quantités de cannabis déclarées retrouvées dans sa voiture ont diminué, de 4 kg à 1,6 kg, au fur à mesure des communications officielles.
« Sonnette d’alarme »…
À l’instar de la famille Mabtoul, le comité de soutien millavois ne comprend toujours pas comment le commandant de la circonscription de police et le procureur de la République, voire le médecin qui aurait pratiqué le massage cardiaque sur la victime, ont pu d’abord affirmer que Nabil n’avait pas été tué par balle, avant de le confirmer 24 heures plus tard.
L’opacité qui a régné autour de l’affaire les laisse à penser que « les autorités ont cherché à couvrir une bavure » ou, à tout le moins, à en minimiser la gravité. S’il assure « faire toujours confiance en la justice », Abdelmajid Mabtoul dit aussi attendre avec impatience la vérité.
Quant au collectif de soutien, il rappelle avoir tiré, par voie de manifestations (on retrouve dans ce collectif une bonne partie des membres du collectif de soutien aux victimes de la Bac créé en avril 2011, ndlr) la « sonnette d’alarme » sur les « méthodes » de la Bac bien avant le drame. Lequel aurait sans doute pu être évité…
Presse proflic (Hugues Cayrade, MidiLibre.fr, 12 novembre 2012)
Millau. « Un homme en tue un autre, 20 ans de prison. Un flic tue Nabil, 2 jours de garde à vue »
Nabil Mabtoul est mort fin juin au volant de sa voiture alors qu’il tentait de se soustraire à un contrôle. Le policier soupçonné d’être l’auteur du coup de feu mortel dit avoir agi en légitime défense.
La famille et les membres d’un comité de soutien à Nabil Mabtoul, jeune homme de 26 ans tué par un policier lors d’une course-poursuite le 29 juin à Millau (Aveyron), ont manifesté dimanche pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une bavure policière.
Le policier soupçonné d’être l’auteur du coup de feu mortel dit avoir agi en légitime défense. Il a été mis en examen pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. D’après la police, le jeune homme d’origine marocaine est mort au volant de sa voiture alors qu’il tentait de se soustraire à un contrôle de police de deux agents de la brigade anticriminalité (Bac). Les deux policiers ont été mutés depuis les faits.
« Cette affaire ne doit pas tomber dans l’oubli »
La trentaine de manifestants mobilisée a demandé que la lumière soit faite sur cette affaire, la démission du patron du commissariat de Millau et la dissolution de la Bac locale, déjà critiquée avant les faits. « Cette affaire ne doit pas tomber dans l’oubli », dit Inaki Aranceta, porte-parole du comité de soutien.
Sur une banderole, on pouvait lire « un homme en tue un autre, 20 ans de prison. Un flic tue Nabil, deux jours de garde à vue ». Dans la voiture de Nabil Mabtoul, la police a découvert 1,6 kg de résine de cannabis.
Presse proflic (Hugues Cayrade, MidiLibre.fr avec l’Agence Faut Payer, 11 novembre 2012)
Toutes les infos sur l’affaire sont ici : http://graindesel.fr.gd/Justice-et-V-e2-rit-e2–pour-Nabil–ar-.htm
On ne lâche rien !