[Conseil culinaire] Le yaourt, dans le croupion du poulet, ça aide à ce qu’il ne se désèche pas

Charleville-Mézières. Il jette des yaourts sur les policiers…

Les policiers n’en avaient pas après lui mais ce très jeune récidiviste n’a pu s’empêcher de leur jeter ce que renfermait son réfrigérateur.

À l’époque des cow-boys et du Far West, les indésirables étaient recouverts de goudron et de plumes. Le temps a passé, les ingrédients ont changé mais pour signifier son inhospitalité, le procédé reste globalement identique. Dernier exemple en date, mardi, lorsque dans le quartier Manchester à Charleville-Mézières, des policiers achèvent d’interpeller deux des trois responsables du vol survenu dans les locaux de l’association du Noël ardennais (nos éditions de jeudi).

Quelques curieux viennent assister à la scène. « Ce n’était pas un rassemblement hostile », prend soin de préciser un policier qui se trouvait sur place. Outre le jeune homme et son amie mineure, les quatre policiers repartent de l’appartement perquisitionné avec une moto manifestement volée — numéro de série, plaque d’immatriculation, etc.

Quelle mouche a alors piqué Anthony, totalement étranger — a priori — à la scène ? Âgé de 18 ans, celui qui habite avec sa mère un étage au-dessus se décide à transformer le contenu de son frigo en munitions. Et se retrouve à jeter, non sans adresse d’après les constatations, yaourts, compote et œufs.

Les policiers, fumasses mais déjà bien chargés, s’en vont. Et reviennent le lendemain au petit matin. Personne. S’en vont au domicile du père d’Anthony. Personne. Le jeune homme, qui apprend qu’il est recherché, finit par se rendre au commissariat.

Mais cette reddition n’est qu’un répit. « Vous êtes des putes ! », lance-t-il aux policiers pendant sa garde à vue. Quelques heures plus tard, il se rebelle à nouveau et envoie une volée de coups de pied. Présenté hier au tribunal dans le cadre de la comparution immédiate, Anthony a demandé — comme c’est son droit le plus strict — un délai afin de mieux préparer sa défense.

Pour statuer sur son sort d’ici au 5 décembre, date à laquelle se tiendra son procès, la substitut du procureur déroule le prometteur CV judiciaire du prévenu : déjà six mentions au casier pour des vols et violences. La dernière condamnation, pour des faits de même nature, remonte à juin dernier. Avec trois sursis au-dessus de la tête, Anthony risque gros.

La substitut requiert son placement en détention provisoire. Au contraire, l’avocate de la défense plaide en faveur d’un contrôle judiciaire. « On sait bien que la prison va lui permettre de faire de mauvaises rencontres », résume-t-elle. En outre, son client devait lundi prochain reprendre le chemin du lycée où il tente de décrocher un CAP de peinture. « L’éducatif doit primer ! », assure l’avocate.

À l’issue du délibéré, Anthony est envoyé derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Charleville-Mézières. Qui, paraît-il, propose souvent du yaourt au dessert.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (lunion.presse.fr, 10 novembre 2012)

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