[Afrique du Sud] Hideux dans leur apothéose / Les rois de la mine et du rail / Ont-ils jamais fait autre chose / Que dévaliser le travail ?

Afrique du Sud : les mineurs de Marikana peinent à échapper aux bidonvilles

« Il y a une liste d’attente pour les foyers. Et il faut toujours payer des pots-de-vin ! » Nosiphiwo Mehlwana pense qu’elle ne pourra pas quitter de sitôt son bidonville, face à la mine de platine de Marikana (nord) où travaille son mari.

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Une femme de mineur vivant dans les bidonvilles près de la mine de platine de Marikana, le 30 octobre 2012 en Afrique du Sud

Les dures conditions de logement des mineurs ont été l’une des raisons évoquées pour expliquer la sanglante grève qui a fait de Marikana un « point chaud » du globe. Quarante-huit morts au total, dont 34 mineurs abattus par la police le 16 août.

La cabane de Nosiphiwo est la plus grande parmi les douze qui s’ordonnent autour d’une petite cour boueuse, en bordure du vaste bidonville de Nkaneng. Les toilettes collectives sont juste à la porte, et un unique robinet fournit l’eau à la trentaine d’habitants des lieux.

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« C’est une cuisine, c’est une chambre, c’est un salon ! » préfère-t-elle s’amuser. À l’intérieur de cet espace de tôles de 4 mètres sur 3, un grand lit, une chaise en plastique, un réchaud électrique, un frigo, une télé et un lecteur de DVD. Les quelques affaires personnelles sont stockées dans des sacs.

De sa porte, elle a une vue imprenable sur la mine de Rowland, l’un des quatre sites exploités à Marikana par le groupe britannique Lonmin. Tout près de l’endroit de la funeste fusillade du 16 août.

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Le « propriétaire », le premier à avoir squatté le terrain dans les années 1990, demande 350 rands (31 euros) par mois par cabane, et 100 rands pour l’électricité. Les maris gagnent environ 4.000 rands (355 euros) nets, disent Nosiphiwo et ses voisines.

Les foyers dont elles rêvent sont des logements que Lonmin met à disposition des plus chanceux, à quelques centaines de mètres de là.

Récemment rénovées, ces « appartements pour familles » comportent un séjour/cuisine, une salle d’eau et une ou deux chambres. Du vrai luxe ! D’autant que le loyer est modeste, 230 ou 320 rands.

« Nous étions sur une liste d’attente depuis 2005, et nous n’avons obtenu ce logement que l’an dernier », se réjouit Nosimo Faleni, deux enfants, dont le mineur de mari rapporte à la maison entre 6.000 et 7.000 rands (530 à 620 euros) par mois.

Ils habitaient dans le bidonville voisin depuis 1997.

Mais il n’y en aura pas pour tout le monde : Lonmin, qui emploie 28.000 personnes à Marikana, prévoit de transformer ses foyers en 2.790 logements modernes d’ici 2014, dont 1.966 studios pour mineurs célibataires.

Et en attendant, les anciens foyers des années 1970 ne font pas vraiment envie : quatre lits par pièce, des murs nus, un placard de vestiaire, pas de porte, aucune intimité.

« Quand il pleut, il faut bouger les lits », soupire Mandla Vilakazi, jeune mineur qui vit là depuis quatre ans.

« La nourriture est comprise, mais elle est mauvaise, alors on fait la cuisine nous-mêmes! », ajoute-t-il, désignant la plaque électrique sur le sol d’une entrée qui n’a jamais été faite pour ça.

« Le loyer ne figure pas sur les fiches de paie. Mais nous savons que ceux qui n’habitent pas dans les foyers ont une allocation de 1.900 rands », dit-il. Visiblement, tous les mineurs interrogés par l’AFP ne reçoivent pas une telle somme.

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La visite de cette micro-société des portes de la mine conduit enfin à Wonderkop, lieu appelé « Indigenous Village » (Village indigène) par les habitants eux-mêmes parce qu’il était originalement peuplé de Tswanas déplacés par l’apartheid.

L’endroit paraît plus riant, avec des arbres fleuris. Même si, ici aussi, les cabanes ont poussé dans les arrières-cours.

Le baraquement de tôles peintes de 2 mètres sur 5 de Thumeka Magwangwana serait même presque coquet, avec sa télé à écran plat et son décodeur satellite, son congélateur et son micro-ondes, si la maîtresse de maison ne rappelait ses visiteurs à la réalité : il n’y a pas d’eau et l’odeur du lieu d’aisances, juste derrière, est souvent insoutenable.

Thumeka est au chômage, mais sa fille Zinzi gagne 4.500 rands par mois en comptant des bâtons de dynamite au fond de la mine.

Il reste moins de 3.000 rands (270 euros) pour faire vivre quatre personnes quand ont été payés le loyer (320 rands pour deux cabanes) et l’électricité (200 rands), car il y a aussi plus de 1.000 rands de dettes à rembourser tous les mois.

« Je ne peux pas envoyer d’argent à ma famille. C’est une honte », se désole-t-elle, même si ce revenu reste élevé pour un ouvrier sud-africain.

Comme la plupart des mineurs de Marikana, Thumeka est xhosa, originaire de la très pauvre région du Cap oriental (sud).

Les rues de Wonderkop sont actuellement en travaux, signe que les autorités ont commencé à investir. Mais les 4 km de piste menant au « centre-ville » de Marikana — une seule rue avec des magasins bon marché — sont toujours défoncés, et virent au bourbier dès qu’il pleut.

Il y a bien une route goudronnée parallèle, mais elle appartient à Lonmin et il est interdit de l’emprunter sans autorisation.

Leur presse (Jean Liou, Agence Faut Payer, 5 novembre 2012)


Afrique du Sud : la télévision publique contrôle le vocabulaire des journalistes

La télévision publique sud-africaine SABC a ordonné à ses journalistes de ne pas utiliser les mots « domaine » ou « Zumaville » pour évoquer la propriété du président Jacob Zuma, dont la rénovation aux frais des contribuables fait scandale.

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Le président sud-africain Jacob Zuma, le 30 octobre 2012 à Pretoria

Dans un courrier au personnel obtenu par des médias locaux mercredi, le nouveau patron de la SABC, Jimi Matthews, a écrit que la vaste propriété du KwaZulu-Natal (est), dont M. Zuma n’aurait payé que 5% des 238 millions de rands (21,4 millions d’euros) qu’ont coûté la rénovation, devrait être appelée « résidence de Nkandla ».

« Avec effet immédiat, la demeure du président Zuma à Nkandla doit être appelée la résidence de Nkandla du président ou de M. Zuma, et non complexe résidentiel ou domaine ou un autre terme de la sorte », a-t-il écrit selon The Times.

« Merci aussi de vous abstenir d’utiliser des terminologies importées en vous référant à la controverse portant sur le développement des infrastructures autour de la résidence, tel que Nkandlagate, Zumaville, etc. », a-t-il ajouté.

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Selon le médiateur de la République, qui a ouvert une enquête, un héliport, des bunkers souterrains, des clôtures et une clinique ont été construits dans la résidence de M. Zuma, un vaste complexe comportant plusieurs bâtiments.

Le ministre des Travaux publics, Thulas Nxesi, a expliqué que ces travaux avaient été planifiés de longue date, dans le souci d’améliorer la sécurité du chef de l’État. Et le président a affirmé que sa « très grande famille » — il a quatre femmes et de nombreux enfants — en avait financé une grande partie, sans autre précision.

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Les travaux du président comprennent aussi la construction d’une sorte de cité modèle aux environs — brocardée sous le nom de « Zumaville » dans la presse — et de plusieurs kilomètres de routes.

La révélation de ces coûteux investissements survient alors que l’Afrique du Sud, confrontée à un ralentissement de sa croissance et à une hausse de sa dette, s’efforce de maîtriser ses dépenses et que des millions de personnes vivent toujours dans des bidonvilles.

Les dirigeants de l’Alliance démocratique (DA), le principal parti de l’opposition, ont été empêchés dimanche par la police et des manifestants de s’approcher de la résidence de M. Zuma, et réclament un débat parlementaire.

La SABC n’a pas répondu mercredi aux sollicitations de l’AFP.

Leur presse (Agence Faut Payer, 7 novembre 2012)

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