Notre-Dame-des-Landes : 500 robocops s’épuisent pendant 6 plombes pour détruire 5 barricades immédiatement reconstruites !
Cela fait maintenant plus de 3 Semaines que des Anarcho-Autonomes Ultras-Mon-Cul qui font pousser plein de vrais légumes sans pesticides et construisent des cabanes dans les arbres résistent aux agressions et ravages provoqués par un envahisseur capitaliste des plus béliqueux.
Ce matin [mercredi 7 novembre], vers 8 heures les talkies nous signalent la venue de 20 camions blindés de Play-Mobiles en provenance de Fay-de-Bretagne qui se dirigent rapidement vers les barrages nord.
À peine arrivées, les forces du désordre se déploient rapidement et prononcent les trois sommations de rigueur en mode accéléré avant de foncer en mode gros bourrins sur le premier barrage qui est aussitôt repris.
Les tirs de lacrymos fusent accompagnés d’explosions de bombes assourdissantes.
Une quinzaine de camions bleu-marine, des véhicules de la DDE et une grue alignés le long de la D281 témoignent de la lourdeur du dispositif répressif mis en place par la Préfecture de Loire-Atlantique.
Le deuxième barrage tombe, les légions de César progressant à chaque charge d’une 50 de mètres. Petit à petit, ils arrivent au niveau du chemin du Sabot sous une épaisse fumée.
Le dispositif policier continue tout au long de l’assaut à se renforcer pour finalement former un mûr compact d’au moins 150 Play-Mobiles.
Les zadistes et sympathisant.e.s qui leurs font face sont moins nombreux et surtout beaucoup moins bien équipés. Tout le monde a en esprit la défense du Far-Ouezt jusqu’à là préservé des saccages perpétrés sur la ZAD depuis maintenant plus de 20 jours par les chiens de garde de Vinci et de sa filiale AGO.
Les tirs de Flash-balls sont limités par la présence continue de plusieurs journalistes qui peuvent témoigner à tout moment de violences policières. Les flics cherchent à nous blesser sans témoin et un de nos camarades est atteint par un tir tendu de flash-ball dans la jambe juste au dessus de la rotule.
Les dégénérés casqués n’hésitent pas à lancer de nombreux jets de gaz au dessus de nos épaules. Certaines cartouches de lacrymos nous tombant directement sur la tête. Plusieurs grenades assourdissantes explosent parfois tout près de nous..
Plusieurs fois d’affilé l’atmosphère est rendue irrespirable par les gaz. Protégées par l’épais écran de fumée, les forces terroristes de l’État saucialo-fasciste continuent leur progression sur la route.
Au niveau du chemin de la Chèvrerie, les Play-Mobiles prennent une nouvelle barricade grâce à leur appareillage guerrier sophistiqué et à leur supériorité numérique, forçant les zadistes et sympathisant.e.s à se replier derrière une nouvelle barricade proche de la maison du Far-Ouezt. L’hélico de la gendarme déboule avec son fracas rotatif, mais une fusée éclairante est lancée en sa direction et il fait demi-tour.
Au bout de trois heures de charges successives, les Play-Mobiles reprennent plus ou moins un contrôle très précaire de la route pour permettre aux collabos de la DDE de remblayer les trous dans la chaussée et d’embarquer ce qu’il reste des barricades à l’aide d’une grue dans des camions prévus à cet effet.
Sauf que… C’est un convoi de Play-Mobiles, de CRS et de machines stationnées sur une route bordée de haies de trois mètres de haut et de petits bois touffus. Les keufs n’ont aucune visibilité de ce qui se passe autour d’eux. Cachés dans les fourrés, les camarades transformés en guérilleros bocagers, les harcèlent de cailloux, d’œufs de peinture, de verres, de pétards, sur tous les points du convoi, du sud au nord.
Des collabos de la DDE et des véhicules de chantiers évitent de peu des bouteilles lancées sur la route, et les flics censés les protéger réagissent avec un temps de retard, à l’aveuglette, bombardent de lacrymos des champs où il n’y a que du maïs et des taupes.
Ces invertébrés laissent même, au cul du convoi, un véhicule de fonction du Conseil Général sans protection pensant qu’il n’y aura personne, mais des camarades jaillissent des fourrés, pètent une vitre avec une bouteille en verre vide et disparaissent la seconde qui suit.
S’engage alors un face à face surréaliste dans un champ qui relaie le D281 au Far-Ouezt tout proche. Un de nos camarades habillé en Gaulois se met à railler ces imbéciles de romains alignés le long du champ comme des quilles de jeu :
« Allez dire à Rome que son empire s’arrête ici ! »
« Je n’ai pas envie de vous tuer mais j’ai besoin de vos crânes pour boire de la bière ! »
« J’ai embrassé ma femme ce matin et mangé de la chair humaine, je suis fort et prèt à mourir ! »
« Au delà de cette limite (il plante son épée) je ne garantis plus votre sécurité ! »
Sous le chant d’une clarinette et le rythme d’une batucada les Play-Mobiles se gâsent tous seuls comme des cons à plusieurs reprises sous les risées et insultes. Un pique nique s’organise dans le champ face aux flic. Certains font bronzette au soleil. Le face à face dure jusqu’à 14 heures qui marque le départ des forces de répression de l’État saucialo-fasciste.
Cet acharnement Ripoux-blicain contre les habitant.e.s des 2000 hectares de lande et de bocages qui composent la ZAD ne fait que renforcer notre détermination et nos convictions.
Le Premier Sinistre Jean-Marc Ayrault s’acharne encore et toujours sur son projet mégalo, bien plus soucieux de satisfaire l’appétit vorace des actionnaires de Vinci plutôt que de mettre en pratique une politique au service du bien-être commun de toutes et de tous.
Cette dernière attaque de la ZAD montre l’absurdité d’un système tout entier qui vacille, menacé par les outrances successives qu’il a lui-même engendré.
La résistance à ce projet d’Aéroport absurde et à la destruction totale de la ZAD avant bétonnage n’est pas prête de s’arrêter.
En poursuivant sur le chemin du tout répressif, l’État, par les actions scandaleuses de destruction de nos lieux nos de vie, jette aux yeux de l’opinion publique, qui s’interroge de plus en plus du bien-fondé de l’opération César, un spectacle révoltant, lamentable, injustifiable.
À l’heure du réchauffement climatique, de la catastrophe de Fukushima et d’une gestion dévastatrice de la crise économique tournée au service des seuls intérêts spéculatifs et financiers, rien ne peut justifier une opération policière disproportionnée pour réaliser un projet industriel et commercial déjà obsolète avant le début de sa mise en chantier.
À Athènes, à Barcelone, à Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, nous refusons de laisser nos vies entre les mains d’une oligarchie criminelle et sociopathe.
Les saucialos-fascistes pratiquent chez nous la politique de la terre brûlée, aveuglés par la seule flamme qui les anime. Celle de la préservation des intérêts du capital et des grands groupes privés comme Vinci alors que toute l’Europe est traversée par une crise sociale, écologique et politique sans précédant.
Les grands discours pseudos écolos de l’alliance socialos-verte ne changent rien à la mascarade électorale de mai qui a abouti à un nouveau monstre politique rose-vert après des années de sarkozysme tout aussi destructeur et nuisible. Monstre qui détruit tout sous nos yeux.
Le bilan de la journée reste, somme toute, assez modeste pour les Play-Mobiles et leurs version citadine, les CRS : 5 barricades pétées en presque 6 heures… Une présence policière hallucinante pour un résultat proche de zéro. De nouvelles barricades fleurissent au même endroit que les anciennes un peu partout le long de la route bloquée depuis 5 jours.
Il est hors de question de laisser une oligarchie irresponsable décider plus longtemps à notre place. Ce qui est bon pour les actionnaires de Vinci ne l’est pas pour nous.
Nous voulons faire pousser nos légumes, apprendre à nous passer d’un système oppresseur en recherchant l’autonomie qui nous en émancipera.
La résistance continue de s’amplifier sur la ZAD grâce à la solidarité qui s’est mise en place, les actions contre le PS et Vinci, les initiatives citoyennes de désobéissance civile les plus diverses et la présence nombreuse de nouvelles/nouveaux camarades sur les barricades et pour la phase de reconstruction.
Tous les jours de nouvelles personnes solidaires soit nous rejoignent dans la lutte, soit viennent nous apporter réconfort moral.
Nous voulons une vie riche, pas une vie de riches.
Le capitalisme crève, aidons-le !
Vinci dégage !
Des habitant.e.s de la Zone d’Autonomie Définitive
Bob 92 Zinn, 7 novembre 2012
[Le terrorisme d’État ne passera pas !] Un témoignage sur les expulsions dans la forêt de Rohanne
J’avais rejoint sept camarades en haut de la dernière cabane à expulser dans la forêt de Rohanne. C’était le 31 octobre. On s’amusait bien là-haut, peut-être grâce à l’anxiété, à la tension palpable, partagées. On faisait des blagues, on se distribuait les équipements dispos. On a bricolé un baudrier avec une longe. À regarder tout ça de haut pendant vingt minutes, on s’est sentiEs fortEs. à un moment en bas ça a chauffé, des hommes en plastique tout peinturlurés ont encerclé notre arbre et viré nos soutiens au sol, violemment. … Dans quelque temps, ca va être notre tour… Ils ont approché un manitou (un godet avec un bras télescopique de 16 m, je crois) et après quelques tergiversations, deux tortionnaires et un sauveteur (sic !) de haute montagne (re !) se sont embarqués dans le godet et ont été hissés à notre hauteur pendant que l’OPJ au sol nous sommait de descendre en disant « nous n’emploierons pas la force ». À cinq on fait la tortue (position solidaire, assis en rond, bras et jambes entremêlés), tandis que trois autres potes grimpent plus haut pour empêcher que l’arbre ne soit coupé. D’ailleurs il est toujours là. Le premier tortionnaire éventre la bâche à coups de couteau, l’autre attend en retrait, le sauveteur alpin communique avec le sol. Une fois entré, le type se pose, nous mate. “C’est un steack” il dit. Et puis il va au travail. Clé cervicale (il a essayé de m’arracher la tête), étranglement, doigts tordus … il m’a aussi un peu broyé le genou. C’était un moment bizarre, où j’ai vu comme la peur me disciplinait. Je veux dire, j’ai eu plusieurs fois conscience d’occasions de le frapper, même dur. mais la douleur qu’il me faisait, et son calme … le pouvoir et l’ appui de l’État et de la loi, dans ses mains à lui … j’ai pas osé, tant mieux peut-être. J’ai demandé aux copinEs de me lâcher. Pardon. Saucissonné, je résiste mollement, essayant juste de le freiner. Et ma tête me rappelle que je suis plus mou en tout cas qu’un godet de manitou. La mâchoire d’acier se referme pour une fois littéralement, dans mon dos. Je passe la descente avec un genou sur la nuque. De quel droit ? Tout ça là, d’où ? Au sol c’est les robocops qui me prennent en charge. Je passe trois heures menotté serré à un arbre à voir mes codescenduEs traînéEs là dans le même état que moi, yeux enfoncés, baffes et clés de partout, mâchoire d’acier et tête de brute. Et puis ensemble à essayer de nous foutre de la gueule des condés, à les mettre dans la merde éthique, attendre qu’iles aient peur du noir et des louves, que tout ça se casse de chez nous. Illes s’embourbent eux-mêmes, nous, on les emmerde. Nous on habite ici, on partira pas, mieux : on va s’installer, partout où l’État pose ses sales pattes, ses dangereux appétits, ses gros yeux. Faudra devenir moins peu, ce qui paraît en chemin, et aussi cesser de penser qu’i suffira de lancer des pierres [Oui mais aussi, c’est ça ! Pourquoi on les frappe pas ? « La question n’est pas de savoir pourquoi des gens jettent des pierres sur la police, mais pourquoi il y en a si peu ? » Je voudrais mieux pas aller en prison si je sais pas que des potes m’y trouveront. La citation est de Wilhelm Reich, CQFD vous êtes rien que des menteures, j’l’ai jamais eu mon lance pierre ergonomique ! (private joke)]. Mais bon, j’ai espoir. À bientôt !
Vu sur le site internet des occupant-e-s de la ZAD, le 6 novembre 2012
Ping : Un Dimanche en Lorraine » Nancy, sous la rue Saint-Nicolas…