[Forcalquier] Expulsion en hiver, les « squatters » sont-ils des sous-hommes, comme les Roms, les Arabes, les Juifs, les gouines et les pédés ?

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Bonjour à vous toutétous !

Voici des nouvelles.

[Ci-dessous], le premier « rapport » de la vie quotidienne dans le squat de Forcalquier.
Ce rapport est distribué afin de faire entendre une voix différente sur des événements qui nous touchent de près.

Nous attendons pour la semaine prochaine l’expulsion de Samuel…
Le commandement de quitter les lieux s’applique en effet à partir du 7 novembre (en pleine trêve hivernale !).
Nous demandons à notre avocat de saisir le Juge de l’exécution pour casser ce commandement qui reprend la formule « de son chef » pour lequel le Conseil général a été débouté par le juge dans son ordonnance du 22 octobre…
Samuel a rempli un dossier DALO et a demandé rendez-vous à la mairie et aux services sociaux afin qu’ils s’opposent à son expulsion.
Nous allons demander officiellement au maire, qui en a le pouvoir, la réquisition du bâtiment que nous occupons (on peut toujours rêver !).
Nous attendons des réponses qui ne viennent pas malgré le soutien du DAL, de la Ligue des droits de l’homme, du CRIP, d’ATTAC et de près de 300 signataires…
La pétition est toujours en ligne sur le site du QueDAL 04 et vous pouvez continuer à la faire signer !
Merci de nous renvoyer un message.

Les flics ont déboulé deux fois la semaine dernière : un pour prendre le nom des résidents et préparer un prochain jugement et deux pour un soi-disant flagrant délit !
Le début de l’hiver nous a un peu surpris et nous récoltons du bois et recherchons encore un gros poële pour la pièce commune !
Enfin, nous vous invitons à notre premier ciné-club ce dimanche soir à partir de 20h30.

Nous continuons à résister et vous invitons à être vigilants.

Les résident-e-s de « la gendarme rit » de Forcalquier, depuis les montagnettes du Sud-Est de la France, 2 novembre 2012

P.-S. : après la fête du livre de Forcalquier qui nous a permis d’accueillir, grâce à la bande du Garage Hell : Le graffeur Gorellaume et une exposition de graveurs américains et français « À l’arrache » ;
Par le truchement de Samuel : Le poète Serge Pey et Chiara Mulas et leur éditeur Fabrice Caravaca (Dernier Télégramme) ;
Nous avons reçu une œuvre postale de Rémy Pénard qui nous servira à orner le fronton du blog de « la gendarme rit » qui parlera de la vie du squat et des activités qui s’y déroulent (ateliers, réunions, etc.)…
En attendant de recevoir d’autres propositions…

N’hésitez pas à faire suivre ce message !


RAPPORT DE LA GENDARME RIT DEPUIS LES MONTAGNETTES DU SUD-EST DE LA FRANCE

Lundi 8 octobre, l’audience en référé qui instruisait la plainte du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence envers notre ami Samuel, demandant l’EXPULSION SANS DÉLAIS de l’ancienne gendarmerie de Forcalquier eut le mérite de faire entendre deux visions des rapports sociaux décidément incompatibles.

D’un côté, celle du plaignant (dont l’étiquette socialiste semble bien délavée), par la voix de son avocate, pour défendre l’inviolable propriété au mépris des nécessités et reprocher aux nécessiteux d’être incapable de se satisfaire de peu, amalgamant la dizaine d’habitants à des « comparses » de Samuel, lequel, argument massue, n’aurait qu’à « retourner vivre chez sa mère » (et à ces mots la gendarme rit !).

De l’autre et faisant face à cette ode réactionnaire cherchant à dévaloriser le contenu social et politique de la réquisition des logements vides, le défenseur de « la gendarme rit » pour parler (enfin !) de justice sociale et de dignité humaine et des progrès à faire pour qu’en France déjà on cesse de tolérer la présence de 2 millions de logements vides pendant que 100’000 galériens survivent dans la rue… Renommant « compagnons d’infortune » les squatters de Forcalquier et interpellant le juge sur la possibilité qui lui était offerte de faire évoluer la loi sur la propriété en opposant à la demande d’expulsion du Conseil général un légitime droit au logement pour les nécessiteux… Ou pour le moins accordant un délai raisonnable d’un an afin de trouver des solutions de relogement.

« Les SDF n’ont qu’a retourner vivre chez leur parents ! » serait donc la solution politique portée au problème du mal-logement par nos administrateurs ? Mais quelle notion du service public, de l’égalité, du partage, des libertés et du changement ! Autant de perspectives qui nous encouragent à désobéir aux ordres injustes, à ne plus respecter le pouvoir de l’argent, de la propriété et du travail sur nos vies, à fédérer nos envies et associer nos énergies pour chercher à produire collectivement des expériences qui puissent motiver chacun de nous…

Nous n’avons pas peur de l’expulsion, sur 2 millions de logements vacants, quelques centaines sont près de chez nous… et si le système n’est pas capable de faire appliquer la loi sur la réquisition nous le ferons nous-mêmes.

Alors on fait notre bois pour l’hiver, on prépare l’ouverture d’un magasin gratuit, les rappeurs qui ont pris le micro lors d’une première fête préparent un enregistrement, des personnes soucieuses de maintenir du lien et de la critique sociale viennent régulièrement se réunir ou proposer des activités (ciné-club, atelier, etc.), enfin, il reste des logements disponibles…

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Nous l’avons pris comme ça ; la plainte contre Samuel ne suffisant pas à faire trembler les insoumis, les politiciens mesquins et arrogants se sont fait le plaisir de nous adresser des représailles.

Trois jours après l’audience du 8 octobre, un bureaucrate du Conseil général, est venu accompagné d’ouvriers du privé, raser la haie que nous avions soigneusement taillée pour qu’elle ne gêne plus notre voisine qui attendait depuis des années que le Conseil général se soucie de sa requête… La manie de couper les arbres, un caractère local ?

Et l’employeur de lancer à un ouvrier « Ne va pas discuter avec eux, ils profitent du système ! » Encore, cette rengaine qui justifie indifférence ou mépris sur nos véritables motivations, qui nous range définitivement dans la catégorie des vauriens, des parias…

Toujours est-il que le « système » le permettant, le Conseil général n’a pas hésité à nous faire subir cet acte de vandalisme légal auquel nous avons dû assister impuissants (ceci étant, l’absence des arbres apporte plus de lumière dans la demeure…).

Non, vraiment, Monsieur, vous ne comprenez pas ce que nous vivons car nous avons trouvé à « la gendarme rit » — grâce à de nombreux soutiens, le moyen d’être mieux lotis chacun et d’avoir ensemble la force de résister et se soustraire à un système dont résolument nous ne voulons plus car, NOUS NE VOULONS PAS UNE VIE DE RICHE, NOUS VOULONS UNE VIE RICHE !

LES COMPARSES
(au théâtre ce sont des figurants muets,
au pénal ce sont les complices d’un malfaiteur)…

COMPLÉMENT D’INFORMATION :
Le délibéré rendu hier au Tribunal d’Instance de Manosque signifie l’expulsion de Samuel, il a quinze jours pour filer chez sa mère… ou trouver quelque bienveillante personne qui l’abrite… à moins qu’il ne bénéficie de la trêve hivernale. C’est donc un échec pour nous ; le débat de fond sur la question du logement, de la précarité, de la justice sociale, n’a pas eu lieu. La loi s’affirme pour protéger les forts, les possédants, et non les démunis. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus que le Conseil général a obtenu, la décision du juge ne s’appliquant qu’à Samuel, pas « aux occupants de son chef » qui était la formule malheureuse désignant dans la plainte, les autres squatteurs, qui restent donc à la gendarme rit…

Liste francophone de diffusion d’infos relatives aux squats, 2 novembre 2012

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