[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Finie la prison pour des rébellions ou des outrages, je voulais aller chercher l’oseille où il était »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[26 janvier 2012]
Partie flash-back

Août 2001

Je viens de rechausser mes blanches baskets et ma casquette, je m’engouffre dans le RER direction Saint-Lazare, je venais tout juste de sortir de la maison d’arrêt de Fresnes, après un séjour de deux ans pour une affaire de séquestration, dans le train j’avais l’impression que tout le monde me regardait comme si c’était marqué sur mon front que j’étais sorti de taule, j’étais assis dans un coin du train, en silence plongé dans mes pensées, plus on s’approchait de Mantes-la-Jolie, et plus je croisais des visages qui m’étaient familiers, je rencontre deux-trois jeunes galériens, qui avaient élu domicile à la gare, et ils commencent à me poser des questions :

— Wesh Oumar t’es sorti quand ?

Je leur réponds ça fait au moins six mois MDR, j’avais mon gros sac à la main et j’avais mon numéro d’écrou écrit en gros, fallait être aveugle pour ne pas voir d’où je venais, choqués ils ne savaient même plus quoi répondre, je continue mes cent pas, jusqu’à arriver dans ma cité du Val-Fourré, personne n’était au courant de ma sortie, je rentre chez moi, ma mère était dans la cuisine, la pauvre quand elle m’a vu, elle avait l’impression de voir un fantôme elle ne trouvait plus ses mots, elle fond en larmes, je la serre dans mes bras aïe aïe aïe la mama…

Je vais prendre une douche, je me change, et me dirige dans ma chambre, mon petit frère l’enfoiré avait braqué mon lit LOL.

Je fais un petit tour dans le quartier, ça m’accueille avec un grand sourire bras ouverts, alors que pendant deux ans ils avaient signé aux abonnés absents ni courrier, ni mandat.

C’est à cette époque que j’ai appris qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même, que si tu te prenais pas en main personne le ferait à ta place.

À cette époque je retrouve mon acolyte Kamel un frère de cœur, je lui parle de mon envie de monter sur des gros coups. Finie la rigolade, quitte à aller en prison fallait y aller pour la Ligue des champions, des trucs qui en valaient la peine, finie la prison pour des rébellions ou des outrages, je voulais aller chercher l’oseille où il était, je motive deux autres potes, des soldats pour nous prêter main-forte, on arrache un Audi RS4 en plein Paris, on sort les occupants, et fuit dans la nuit direction le 78 !!!

Le lendemain, 7 heures du matin cagoule et gants, je donnais mes dernières consignes, allongés et planqués dans un buisson à – 10 °C, devant un grand magasin. À l’arrivée de la direction on sort de la planque, on les oblige à vider les coffres, on n’a même pas laissé un euro dans le magasin. On venait de réussir un gros coup, on disparaît les billets plein les poches, un sentiment de réussite m’envahit, je voulais plus gros, beaucoup plus gros… Je voulais taper des grosses tirelires on en était plus que capables, il nous manquait juste le bon tuyau. À cette époque, on était prêts à tout ! Même à braquer les coffres de l’Élysée, si on aurait eu le plan, on était plus que déterminés.

Vous connaissez la suite, l’appât du gain m’a mené tout droit dans les zones de la République, où je passe dix ans de ma jeunesse !

Mais je regrette rien, j’assume tout de A à Z, mais si c’était à refaire je ferais autrement.

VAUT MIEUX GÂCHER SA JEUNESSE QUE N’EN RIEN FAIRE DU TOUT.

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2 réponses à [Chronique de Youv derrière les barreaux] « Finie la prison pour des rébellions ou des outrages, je voulais aller chercher l’oseille où il était »

  1. "éclairage" dit :

    « (…) on part pour le 60 (Compiègne) pour une série de banques et cette fois pour changer on s’est tous postichés (fausse perruque barbe rasta etc.) on rentre mais ça s’passe mal la directrice ne voulait pas coopérer on décide de partir bredouilles mais pour couvrir notre fuite on prend la directrice en otage et un banquier qui jouait les héros on les libère sur le périph’ puis on rentre à Mantes dégoûtés de l’échec qu’on venait d’avoir (…) » (Partie 19 : https://juralib.noblogs.org/2012/08/04/chronique-de-youv-derriere-les-barreaux-partie-19-ma-rage-nest-quune-reponse-radicale-a-leurs-humiliations/) : « on prend la directrice en otage et un banquier qui jouait les héros » = séquestration

  2. J’aimerais un éclairage sur « finie la prison pour outrage ou rébellion ». La logique du « quitte à y aller, autant que ce soit pour un vrai truc », je la comprends complètement, mais en l’occurrence, la « séquestration » sus nommée, c’est pas tout à fait la même.
    Du coup, ça sent la rhétorique à plein nez, et le texte perd beaucoup en intérêt.

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