[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 63 – « C’est au pied du mur qu’on voit qui est qui »

Partie 63

La place d’un lion n’était pas en cage on m’a dit, alors qu’est-ce que je faisais là ? à respirer l’odeur des barreaux rouillés, le lionceau était devenu lion entre quatre murs, j’ai poussé parmi les mauvaises herbes du ghetto français, ma dinguerie je ressentais à travers mon regard de baisser la tête que devant Dieu j’ai hérité mon prénom d’un de mes ancêtres enchaînés jusqu’au cou, je crois que je n’ai pas hérité que de son prénom, j’avais une envie de vaincre indescriptible, je suis sûr que si la guillotine existait encore, la République française m’aurait déjà coupé la tête.

Ça me rendait malade de voir les faux oufs, les fausses zoulayes à deux balles qui rugissaient pour épater la gente féminine, mais à la moindre poudrière, se chiaient dessus devenaient tout dociles comme un agneau LOL. Ça me rappelle un mec que j’avais croisé en taule, en apparence un putain de soldat avait de la bouche tah les malades, j’étais jeune j’y croyais à sa folie car tout le monde le sauçait « Ouais lui c’est un ouf ». Un jour alors que j’étais au mitard il était environ minuit trente, silence total dans le mitard quand les matons amènent en catastrophe un mec qui foutait la merde, dans un premier temps je ne l’ai pas reconnu, le mec pleurait comme un enfant de dix ans tellement les matons l’avaient traumatisé, il avait oublié qu’il n’était pas seul au mitard, que les murs avaient des oreilles. Les matons l’ont laissé à poil dans la cellule car il avait insulté l’un des leurs, des fois même il pleurait en sanglots, wallah des barres, alors qu’il y a un mois il faisait le terminator en cour de promenade, c’est au pied du mur qu’on voit qui est qui, et là j’avais compris que c’était le plus bidon des bidons et qu’il n’existait pas de ouf à part en psychiatrie.

Je voulais quitter le Sud, Paname me manquait trop, même si j’étais un loup solitaire, ma ville, et les miens me manquaient éperdument. J’avais quitté ma région pour une femme 5 étoiles donc tranquille, j’assume tout ce que je fais, Delphine était une fille sophistiquée, toujours à la pointe de la mode, elle passait pas inaperçue au parloir, combien de matons j’ai failli manger pour des regards insistants, un jour un maton à qui j’ai jamais adressé la parole m’a dit devant Delphine : « Vous avez de la chance vous avez une jolie femme », j’ai même pas relevé car je savais qu’il était pas sincère c’est la jalousie qui parlait, il ne supportait pas qu’une blonde bourgeoise vienne voir un mec du ghetto au parloir. « QUAND T’ES UN BON, Y A UNE BELLE QUI VA AVEC ».

J’étais à la fin de mon parcours et de ma peine c’est là que les difficultés faisaient surface car tout le monde était de retour plus qu’il n’en faut, des barres, à moi de démêler les vrais des faux, même mes pires ennemis avaient osé m’appeler comme si de rien n’était, ils réalisaient que le compte à rebours était déclenché, j’ai même commencé à serrer mes baskets LOL j’avoue que parfois j’ai des pulsions qui me donnent envie de me venger de toutes ces putes qui passaient leur vie à parler et à squatter les coups de téléphone anonymes mais dès que je vois les photos de mes proches je me calme et je me dis : « J’ai pas le droit de leur faire ça. »

J’AI MÛRI J’AI CHANGÉ JE ME SUIS ASSAGI MAIS N’ALLUME PAS LA MÈCHE CAR JE N’AVAIS PAS D’EXTINCTEUR.

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