[Toulouse] Le CREA réquisitionne 5400 m² inoccupés depuis six ans

Toulouse : l’expulsion débouche sur une réquisition de logement inédite

Une semaine après leur expulsion, les militants du CREA ont réquisitionné des locaux de 5400 m² vides et inoccupés depuis six ans à quelques mètres à peine de leur ancien squat. Ils espèrent pouvoir l’occuper tout l’hiver.

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Rue Demouilles, dans le quartier du Pont des Demoiselles, les militants du CREA ont investi l’ancien siège de l’URSSAF innocupé depuis six ans.

« On est à 50 mètres à peine à vol d’oiseau (de l’ancien bâtiment occupé, ndlr). Cela montre bien qu’en terme de gestion du patrimoine il y a un problème. » Depuis le toit du bâtiment du 22 rue Demouilles dans le quartier du Pont des Demoiselles, l’ancienne résidence du CREA (Collectif pour la Réquisition l’entraide et l’autogestion) se profile à quelques pâtés de maisons cossues. Expulsés des locaux appartenant au ministère des affaires sociales allée des Demoiselles, les militants ont changé de propriétaire et investi l’ancien siège de l’URSSAF de Haute-Garonne et ses 5400 m² inoccupés depuis 2006 et mis en vente. Entrés discrètement depuis le lundi 3 septembre, ils ont officialisé leur réquisition vendredi 7 septembre. Ce week-end ils ont débuté l’installation des futurs appartements et ateliers.

Cuisine équipée, salle de réunion et moquettes de direction

Inhabités depuis toutes ces années, les locaux semblent pourtant en bon état. À l’entrée, le portique électrique s’ouvre au passage du visiteur. À l’intérieur, tout semble être resté figé depuis le départ des anciens locataires. Au rez-de-chaussée des militants s’affairaient dimanche après-midi à nettoyer les toilettes. À proximité, la cuisine est encore totalement équipée et en état de marche. « J’ai testé le four, il marche », glisse notre guide. Au terminus des monte-plats, la salle de restauration baignée dans le soleil de fin d’été est intacte.

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Au sous-sol des matelas étaient déjà installés vendredi 7 septembre.

Dans les étages, les bureaux vides se succèdent, le nom de leurs derniers occupants parfois encore inscrits sur les portes. Plus aucun mobilier n’est présent mais l’électricité est là et bientôt l’eau chaude. Puis, le lino laisse place aux moquettes et parquets, tandis que les sonnettes en état de marche et doubles portes signalent définitivement l’ancienne présence de la direction. Comme un clin d’œil du destin, encore fixé au mur un tableau d’affichage en présente l’organigramme où figure le nom du père d’un des militants. Au bout du couloir, la salle de réunion se dresse avec sa grande table ovale à peine poussiéreuse qui n’a pas bougé. Tout juste les tentures se sont elles décollées mais les AG ont leur enceinte toute trouvée.

Un lieu commun à différents collectifs, une première

Le lieu, s’il venait à perdurer, s’annonce comme une nouveauté. Par sa taille, il devrait permettre de regrouper différents collectifs dispersés jusque là dans différents lieux. « Il y aura les gens du CREA, du Sloli, le GPS devrait ouvrir une antenne pour les femmes isolées dirigées par la Veille Sociale, des étudiants et des gens actuellement au 66 avenue d’Italie », explique Thomas.

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« C’est une nouvelle expérience commune, on devrait être aux alentours d’une centaine de personnes. Les récentes expulsions nous ont ressoudés en fait », poursuit Mathieu. Le Centre Social Autogéré devrait ainsi reprendre ses activités notamment celles de soutien scolaire et d’alphabétisation. « Avec une trentaine d’enfants, trouver ce lieu la semaine de la rentrée ça tombe bien », se réjouissait Thomas vendredi alors que la police venait constater l’occupation.

Objectif : une procédure légale pour gagner du temps

Ils étaient encore peu nombreux ce week-end dans leurs nouveaux quartiers craignant une possible expulsion. « Vendredi, la direction régionale de l’URSSAF nous a dit qu’elle souhaitait relancer la vente du bâtiment dans la semaine et vendre d’ici la fin de l’année. Dans ce cas, si un permis de construire est déposé, on leur a proposé de s’entendre sur un départ de notre part un mois après », raconte un militant présent aux négociations.

L’objectif pour les occupants est qu’une procédure judiciaire légale soit enclenchée. Le processus s’étalant sur plusieurs mois, il empêche une évacuation rapide de la police. « Un huissier est passé vendredi ce qui ressemble à un début de procédure légale. On espère pouvoir y rester plusieurs mois et passer l’hiver », poursuit-il.

Les militants rencontrés ce week-end assurent par ailleurs que le voisinage a dans l’ensemble bien accueilli la nouvelle. « On a été agréablement surpris, explique l’un deux. Certains viennent nous voir, nous soutiennent et nous donnent des choses. » Lundi matin, l’installation devrait s’accélérer si les autorités ou le propriétaire ne venaient pas à se manifester.

Leur presse (Bertrand Enjalbal, Carré d’info, 10 septembre 2012)

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