Propos recueillis le soir du rassemblement devant le CRA du Canet à Marseille, le 8 septembre
<Audio 1> Tu étais dans le centre pendant le rassemblement ?
Oui, dedans, on a commencé à crier, taper sur les portes, on a arraché les chaises, on a tout fait on a arraché les chaises, elles sont fixées par terre avec des boulons.
La commandante est descendu pour nous calmer, elle a dit : « ils se servent de vous dehors, vous êtes ici pour 45 jours maximum, ne vous suicidez pas… pour 45 jours vos familles ont besoin de vous », elle a commencé à nous calmer.
Qu’est-ce que vous en pensez que des gens viennent faire du bruit devant le centre ?
Ça nous fait du bien, on se sent bien, il y a des gens qui pensent à nous dehors, il y a des êtres humains qui pensent encore aux autres, ça fait plaisir, on était très contents.
<Audio 2> Ça fait trois jours qu’on n’a pas mangé, parce qu’il y a un collègue qui a été frappé hier par la police.
Il a été frappé à coups de poing, à coups de pied, par terre. Le mec, il était à poil.
Y’a un policier qui lui a manqué de respect, il lui a dit : « je t’encule », après les policiers lui sont tombés dessus à coups de pieds, à coups de poings, à coups de matraque, les autres retenus ont jeté la nourriture, ils ont fait la bagarre, ont fait tombé la porte. Ça, c’était hier soir (le vendredi 7 septembre) à 18h. Depuis on refuse de manger, ça fait trois jours, c’est la grève de la faim. Il y a que deux mecs qui mangent, un malade du diabète et un vieux, mais nous tous on fait la grève de la faim, ni on mange, ni on boit. C’est que dans le bloc où il y a l’embrouille, aujourd’hui, tout le centre n’a pas mangé. On veut faire la grève de la faim jusqu’au bout. Y’a l’avocate de Achour qui est venu aujourd’hui, il a déclaré la grève de la faim au docteur, à l’avocate, devant la commandante.
<Audio 3> Comment ça c’est passé pour vous là, pendant le rassemblement ?
Ils se sont calmés parce que vous êtes dehors, ils vont attendre que vous partiez, comme ça ils reviennent et ils nous frappent. Il y a un policier noir, il est costaud, il nous frappe, il nous pousse. Mon collègue il a une trace sur le ventre. Ils ont fait de la merde là. Tous les jours ils changent les équipes, toutes les équipes, elles nous frappent, elles nous insultent. On mange comme les chiens.
Tous les jours, là, ça fait trois jours, ils nous font la misère tous les jours. Tous les soirs ils font la merde.
Pour les blessures, il faut que tous les gens blessés aillent voir le médecin pour les faire constater.
On l’a fait aujourd’hui, quand on a demandé le docteur pour faire des certificats médicaux, ils ont dit non, ils ont peur. On fait la grève de la faim.
Hier, ils ont frappé pour de bon. La vie de ma mère, y’a pas de caméra.
C’est grave.
Ils ont frappé beaucoup de gens, moi et deux collègues, et l’autre, ils l’ont mis à poil et ils l’ont traîné jusqu’en bas (à l’isolement) en lui donnant des coups de pieds dans le visage.
Lutte de CRAsse, 9 septembre 2012