[Dijon] « autoclave » : DIY festival de modifs corporelles contre les prisons

Bonjour ! On voulait t’inviter à participer à…

A U T O C L A V E

festival DIY de tatouage et modifs corporelles
en solidarité avec les prisonnièr·e·s

Tanneries et ailleurs, Dijon
21-22-23 septembre 2012

Invitation : les modifs corporelles te font de l’œil, mais l’atmosphère souvent impersonelle des salons te repousse généralement ? Tu fais plutôt ça clandestinement, tout·e seul·e ou entre potes ? Tu n’as jamais franchi le cap, mais tu trouves ces sujets intéressants ? Tu as bidouillé ton corps de plein de façons, et ça te branche de partager tes expériences avec d’autres gens ? T’en as ras-le-bol des clubs select de modifié·e·s focalisés sur l’apparence, et t’aimerais bien relier ta trajectoire à une histoire, à des idées partagées ? Les conventions de tatouage « ordinaires » ne te font pas tripper, avec leur dominante de « gars » flashant sur quelques pin-up hyper normées ? Tu aimerais bien te (faire) percer, tatouer, et expérimenter hors circuit commercial, sans la pression de l’argent ? Faché·e avec le monde des experts, tu as envie de te réapproprier des savoirs-faires ? Ça te branche aussi de soutenir, par ta présence et tes contributions, des luttes pour la liberté de circulation, la propriété de soi, entre autres évidences sans cesse bafouées ou remises en question ?

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Au programme : ateliers et expos autour du piercing et du tatouage, concert et « placard musical » (concert au casque), projections de films et documentaires sur les modifications corporelles et l’univers carcéral, débats et lectures collectives, entre autres surprises diverses et variées. Tu pourras aussi te poser et dessiner, écouter une émission de radio, feuilleter des brochures et matériaux sur les sujets précités, ou, toi aussi, proposer une activité !

Parmi les espaces proposés : un espace enfants avec des sessions maquillage et faux tatouages, un camping pour te permettre de loger sur les trois jours, un espace meufs/trans/gouines pour celles qui souhaitent se retrouver en non-mixité, une cuisine vegan participative pour se nourrir sans cruauté, un infokiosque thématique pour se documenter, un bar pour se désaltérer, et d’autres trucs étalés en divers coins de l’espace autogéré ou ailleurs !

Infos pratiques : si possible, préviens nous de ton arrivée (même si c’est pour camper, cela nous permettra d’estimer le nombre de participant·e·s), laisse ton ou tes chien(s) à la maison, et RDV vendredi à 12H à l’espace autogéré des Tanneries (17 bd de Chicago).

Tout coup de main sera fort apprécié ! N’hésite pas à nous contacter, en écrivant. En outre, tu trouveras flyers, programme plus détaillé et autres infos sur notre site Internet, régulièrement actualisé : autoclave.poivron.org

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Pour finir, une explication de nos motivations :

Nos corps sont autant de terrains de conflit face aux canons de beauté et codes genrés imposés. Ils sont le lieu de luttes contre la maladie, l’enfermement et autres restrictions de nos mouvements… mais ils sont espaces de résistance et d’affirmation aussi !

Nos corps portent les marques — volontaires ou non — de ces tensions, et nous voulons être de tou·te·s celles et ceux qui se les réapproprient. Ce, notamment, par la subversion et le détournement de ce qui a servi à stigmatiser les indésirables de tous temps : tatouages, brandings, scarifications et autres mutilations ont marqué le corps des bagnards, prostituées [on a ici préféré le terme de « prostituées », et non celui de « travailleuses et travailleurs du sexe », afin de faire référence à celles de ces travailleuses qui furent marquées au fer et à l’aiguille de force au cours de l’histoire, les autres termes ne véhiculant pas la même ambiguïté] et autres femmes marginalisées, esclaves et autres dominé·e·s. Imposées aux concerné·e·s par ceux qui voulaient les posséder, les modifications corporelles ont aussi été outils de résistance face à l’écrasement des expressions et identités, individuelles et collectives.

C’est dans la continuité de ces luttes des corps, par les corps, que nous voulons nous inscrire ; à ces refus et affirmations en chair, que nous voulons donner de la visibilité ; des tatouages pratiqués avec les moyens du bord comme refus de la dépossession de soi dans l’univers carcéral, des rituels marquant l’appartenance volontaire à une force collective autant que l’affirmation d’une individualité… que nous voulons nous inspirer. C’est aussi dans les explorations des communautés S/M brouillant la frontière entre douleur et liberté, dans les expériences queer et trans où corps et identités se voient reconfigurés au delà des normes imposées et où les certitudes sont bousculées, dans les mouvements féministes luttant pour que le corps des femmes ne soit propriété ni des hommes, ni de l’Église ou de quelque autorité… que nous voulons puiser.

Nous voulons que ces pratiques et préoccupations, trop souvent individuelles et isolées, puissent se retrouver, se rencontrer. Assumer leur dimension politique, leur caractère expérimental parfois, loin des experts autoprocclamés et des fashionistas. Nous voulons nous réapproprier notre histoire, notre présent, nos corps et nos identités. Avec tou·te·s celles et ceux que ça intéresse, qu’ils aient appris à percer dans les chiottes de leur lycée, qu’elles aient tatoué pour la première fois avec un compas, qu’ils et elles y consacrent une partie de leur vie, ou pas…

Mais nous ne voulons pas nous couper, ce faisant, de ceux et celles dont le corps, bien que mutilé par la prison, reste un des rares espaces d’expression innacessibles à l’institution. Notre initiative, dans la continuité des « tattoo circus » organisés dans divers espaces autogérés d’Europe ces dernières années, de Barcelone à Zürich en passant par Turin et Berlin, s’inscrit donc en solidarité avec les gens frappés par la répression et autres personnes incarcérées, les éventuels bénéfices leur étant reversés. Également influencé·e·s par les festivals de tatouage féministes organisés de ci de là, nous avons à cœur de contribuer à la visibilité des femmes dans un milieu qui reste à dominance masculine.

Du 21 au 23 septembre, nous invitons donc tou·te·s les intéressé⋅e⋅s à participer au festival « autoclave » à Dijon. Que tu tatoues, perces, scarifies, pratiques la suspension ou toute autre performance liée au corps dans un esprit « DIY », que tu souhaites partager ton expérience des résistances à l’enfermement, parler des luttes qui te portent ou que tu t’intéresses à ces sujets tout simplement… n’hésite pas à nous écrire.

À très bientôt, et d’ici là, fais passer le mot !

Mailing (Prochaines activités aux Tanneries), 9 septembre 2012

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