Les islamistes brutalisent les civils touaregs
Les extrémistes continuent leur campagne d’intimidation en direction des civils dans le nord du Mali.
Deux semaines après que le Mouvement pour l’Unité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ait imposé sa stricte sanction sur un voleur à Ansongo, ce groupe dissident d’Al Qaida a menacé, le mardi 21 août, d’amputer les mains de 60 autres personnes.
« Par ces pratiques criminelles répétées, la population ne sera que davantage déterminée encore à renoncer aux pratiques du terrorisme et au régime imposé par des étrangers, car la gouvernance de trois mois imposée par ces gangs criminels a changé le style de vie des Touaregs, de ceux qui ont été forcés, en raison de la pauvreté et d’une incapacité à s’enfuir, à rester dans cette zone », explique l’activiste touareg Nina Walet Ntalo, ministre dans le gouvernement de l’état dissident de l’Azaouad.
« Ces comportements suffisent pour que le monde entier agisse, et non seulement les Touaregs », dit-elle à Magharebia.
Le voleur présumé dont la main avait été amputée à Assongo est mort une semaine plus tard, a rapporté malijet.com. Deux jours après, sa mère est décédée d’une crise cardiaque, raconte à Magharebia Moussa Ag Chrouga, qui habite Ansongo.
« Le jeune homme n’a pu supporter la perte de sa main droite, et sa blessure n’a pas répondu au traitement médiocre qui avait été fourni par le centre de soins trop faiblement équipé d’Ansongo, et qui consistait en une simple attelle, des anti-douleurs de base et des antibiotiques, il a été par conséquent saigné à mort », indique Ag Chrouga.
« Concernant sa mère, elle est morte de douleur et de chagrin, quand les militants n’ont pas écouté ses supplications de laisser son fils ou de le transférer dans un endroit plus décent pour y être soigné », ajoute-t-il. « Les habitants d’Ansongo et de Gao ont été très tristes, mais ils se souviennent encore de leurs mauvaises expériences lors des manifestations, ce qui les fait hésiter à sortir défiler afin d’éviter de nouvelles victimes ».
Selon le journaliste Abou Bakr al-Ansar, la population était « sur le point de manifester » contre l’amputation, mais « les terroristes ont lancé une campagne majeure d’intimidation ».
Le journaliste Mohamed Ag Ahmedu explique à Magharebia que la jeune victime était issue d’une tribu appelée Targha. Il avait été accusé de voler des armes et de les vendre pour pouvoir nourrir sa famille en raison de la pauvreté.
Et c’est le reflet de la condition de la majorité des jeunes vivant dans les villages placés sous le contrôle des islamistes, selon Ag Ahmedu. Le vol est l’une des deux options se présentant à eux. L’autre choix est de rejoindre les groupes extrémistes en échange de produits alimentaires, ce que rejettent de nombreux jeunes.
« Les demandes et les médiations de nombreux dignitaires locaux ne sont pas parvenues à convaincre le MUJAO d’accorder sa grâce au jeune homme », indique Ag Ahmedu. « Les militants islamistes semblent avoir eu le désir de se venger de lui parce qu’il avait été recruté dans leurs rangs, puis qu’il les avait abandonnés, qu’il s’était enfui avec son arme et qu’il l’avait vendue à quelqu’un ».
Ce n’était pas « le premier incident de ce genre en termes d’application de la loi de la Charia », explique un religieux de Gao sous couvert d’anonymat.
« On a vu des flagellations et des semonces, et une lapidation à mort a eu lieu à Aguelhok il y a quelques jours », dit-il à Magharebia. « Toutefois, ce qui est nouveau dans cet incident, c’est la mort en raison de la douleur après qu’un organe corporel ait été amputé, car cette souffrance a été une expérience douloureuse pour tous. Nous affirmons qu’il n’y a de pouvoir et de volonté que par Dieu ».
« En tant que religieux, nous considérons que la situation actuelle vécue par la population est similaire à la condition expérimentée par les musulmans durant l’année al-Ramada, quand Omar Bin al-Khattab a suspendu l’application des sanctions dures en raison de la pauvreté et des besoins des gens », ajoute-t-il. « Cette année-là, les mains des voleurs n’avaient pas été coupées au nom de la miséricorde et de la compréhension des besoins des personnes. Mais ces extrémistes assassinent l’aspect humanitaire de l’Islam et ils appliquent la religion de façon littérale ».
Anara Ag Ntalu, un habitant de Gao, confie que la ville vit dans un état de « panique grave et de terreur ».
« Le sentiment dominant parmi nous est qu’après quelques mois de la réalité que nous vivons, il y aura beaucoup de mutilés, d’amputés de la jambe dans notre ville en raison de l’amputation sans miséricorde de ces parties du corps », dit-il.
« Le jour viendra où on sortira, la poitrine nue, défier la mort, et notre slogan sera ‘Oui à la mort, non à l’humiliation' », ajoute Ag Ntalu.
Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott, 27 août 2012 via Temoust
La sécurité au Sahel sur des sables mouvants
Le Mujao et les visées de l’Hexagone
Dans une vidéo visionnée récemment par l’Agence France Presse, l’un des otages de la diplomatie algérienne enlevés à Gao par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, demande l’intervention des autorités algériennes pour trouver une solution permettant de lui sauver la vie.
Une ruse plutôt vile pour faire pression sur l’Algérie qu’on veut impliquer coûte que coûte dans la crise politico-sécuritaire qui prévaut au nord du Mali. Soutenant cette conception, la France, qui instrumentalise l’AFP pour faire passer ses messages, serait-elle en mesure d’arriver à ses fins ? Comment expliquer la relation entre le Mujao et l’AFP ? Cette dernière serait-elle devenue le porte-parole de cette organisation terroriste qui prétend être une dissidence d’Al Qaîda au Maghreb islamique ? Comment expliquer le fait que l’AFP continue de bénéficier de déclarations exclusives du Mujao ? Selon des stratèges bien avertis, l’AFP joue son rôle d’agence de presse officielle qui défend la position et la politique françaises et parle au nom de la France.
Une France, soutiennent nos sources, qui a toujours considéré le Maghreb, le Sahel et une partie de l’Afrique de l’Ouest comme son pré carré exclusif et sa zone d’influence, gardant une attitude méfiante à l’égard de l’Algérie.
Paris n’aime pas certaines positions souveraines exprimées par Alger et n’hésite nullement à le démontrer durant les périodes de crises en tous genres.
Des relations bilatérales à la situation qui prévaut actuellement en Libye ou au Mali, les principes d’autonomie et d’indépendance défendus par l’Algérie ont souvent gêné l’hégémonisme français dans toute la région. Après avoir fini son « sale » boulot en Libye, Paris a actionné le Mpla (Mouvement pour la libération de l’Azawad), qui n’est qu’une création fantoche mise sur pied par des cercles officieux français.
Le but de cette opération était de créer une zone grise aux frontières Sud afin d’isoler l’Algérie de sa profondeur africaine, confient nos interlocuteurs.
L’idée d’un État indépendant Azawad est exploitée à fond pour maintenir un climat de confusion au nord et détourner l’attention d’Alger des véritables desseins de Paris, car les choses sérieuses se déroulent dans le sud du Mali. Si en termes diplomatiques, Algériens et Français se parlent et se concertent, sur le plan opérationnel et ses prolongements médiatiques, il s’agit carrément d’une autre topographie des lieux, ajoutent les mêmes sources. La France a l’intention de réactiver son rôle dans cette région et l’Algérie refuse de subir.
L’apparition du Mujao et l’empressement manifesté par les médias français, et à leur tête l’Agence France Presse, à assimiler cette nouvelle organisation terroriste comme une « extension » d’Al Qaîda au Maghreb islamique, constituent un signe inquiétant d’une ingérence étrangère et d’une menace sur la sécurité nationale. Ce groupe n’est ni une dissidence d’AQMI ni une excroissance, mais un instrument monté de toutes pièces afin d’affaiblir les positions de l’Algérie.
Sa médiatisation démesurée par rapport à sa réelle dimension prouve parfaitement sa « courbe ». Il a été crée par ceux qui accusent l’Algérie d’entretenir des liens plus que poussés avec Ansar Eddine. Il s’agit d’une forme de chantage qui ne dit pas son nom dont le but est d’amener l’Algérie à accepter le fait accompli.
La politique de la France consiste à contraindre à se plier par tous les moyens aux nouvelles exigences régionales, ont conclu les mêmes stratèges.
Publié par des larbins des services algériens (Ikram Ghioua, lexpressiondz.com, 28 août 2012)