[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 39 – « En tout j’ai fait plus d’un an de mitard, c’était devenu ma deuxième cellule »

Partie 39

Ton passé te rattrape tôt ou tard, tes dossiers remontent à la surface, les murs de la prison n’étaient pas assez épais pour te préserver si tu avais un passé trop lourd.

2003, maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, j’étais en cellule avec un mec de Trappes « 78 », je le faisais croquer, je l’ai toujours mis à l’aise, pendant toute sa peine qu’il a faite avec moi, le jour de sa sortie, je lui ai fait la bise, et lui souhaitai de ne plus retomber, ensuite j’ai été à la douche, le mec de Trappes a profité de mon absence pour sortir avec l’une de mes vestes, de marque « MARKS AND SPENCER » que j’avais achetée 600 euros, un vrai clochard, j’ai appelé les mecs de Trappes que je connaissais, pour le lever et lui mettre une raclée, j’étais trop rancunier un truc de malade, mes potes ont retrouvé sa trace, lui ont mis la fessée mais ça me suffisait pas, je savais que tôt ou tard le destin allait faire en sorte que je le croise.

2004, devinez qui le camion cellulaire m’amène ? Cet enfant de lâche, était mon cadeau de Noël, dès qu’il a mis les pieds dans la taule, c’est arrivé direct à mes oreilles, j’ai ciblé le bâtiment où il avait atterri, il savait que je l’attendais au tournant, il ne descendait [pas] en promenade, il m’a fait parvenir un mot où il se confondait en excuses, moi c’était juste par principe, je voulais sa peau, car fallait être le plus gros des chiens, pour voler un détenu alors que tu sors, il n’avait aucune figure, j’ai fait la demande pour atterrir dans son bâtiment, fallait absolument que je me venge, j’en ai rêvé des mois et des mois, fallait que je corrige ce moins-que-rien, à force d’insister, j’ai obtenu mon changement de bâtiment et la deuxième mission à faire, puisqu’il ne descendait pas en promenade, j’ai localisé sa cellule, et j’ai simulé au maton de lui remettre des cantines « achats divers », quand le maton a ouvert sa porte j’ai vu un vrai clochard, enroulé comme une momie, dans la couverture du hebs, le moment que j’attendais depuis des mois était là, LA VENDETTA je lui ai tombé dessus, je l’ai enchaîné d’une rapidité hallucinante, fallait faire vite, je savais que j’allais aller au mitard, du coup fallait que je le termine dans son lit, le maton a donné l’alerte, quarante matons arrivent de tous les côtés, mais bon j’étais content, car j’avais accompli ma mission, j’ai pris vingt jours de mitard et lui avait gagné une tête au carré avec un bon souvenir de ma part ; le jeu en valait la chandelle.

JE PARDONNE MAIS JE N’OUBLIE PAS.

Mon séjour dans le Sud, a sûrement contribué à faire en sorte que je me suis posé, sur Paname, ça aurait été plus chaud, puisque posé ou pas quand ton pote a besoin de toi, obligé de signer présent, et comme à Paris on a plusieurs potes, je devais signer présent plusieurs fois dans la journée LOL, donc mon éloignement m’a été bénéfique, c’était un mal pour un bien, dans le Sud, comme c’était moins répressif j’ai eu tendance à baisser la garde, à relâcher ma vigilance chose que j’aurais jamais faite à Bois-d’Arcy, dans le Sud, j’suis passé plusieurs fois sur le fil du rasoir, je sortais mon téléphone en pleine journée, kit mains libres dans les oreilles, capuche sur la tête, j’étais dedans et dehors, j’aurais pu me faire balancer à tout moment c’était des risques gratuits, qui auraient pu m’amener des mois en plus, pour un blabla qui aurait pu attendre le soir la fermeture des portes.

J’ai croisé une trentaine de chefs pendant mon incarcération, y en a un que j’oublierai pas de sitôt, il avait mené une chasse à l’homme contre moi c’était un black, à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, il m’a levé en trois ans au moins six téléphones c’était un loup, une nuit il a déboulé dans ma cellule, nous étions quatre, en doublette, huit matons sont rentrés, j’ai eu le réflexe de mettre mon téléphone entre mes cuisses, mon pote lui n’a pas eu le réflexe, les matons étaient repartis avec un téléphone en poche, on avait trop la rage, mais avec ce chef c’était que le début, il nous réservait d’autres surprises, le lendemain matin, le chef en personne vient nous dire qu’il avait décidé de casser la cellule suite à la découverte du téléphone, on devait regrouper nos affaires personnelles puis se préparer pour un imminent changement, il était trop malin, une fois qu’on avait tous regroupé nos affaires personnelles, il nous fouille tous séparément, quand il fouille mes affaires, il trouve un téléphone portable que j’avais dissimulé dans une paire de Timberland, le chef m’avait eu à l’ancienne, il savait que forcément si on changeait de bâtiment j’embarquerais mon téléphone sur moi, j’ai repris trente jours de mitard, en tout j’ai fait plus d’un an de mitard, c’était devenu ma deuxième cellule.

RESTE VIGILANT NE BAISSE JAMAIS LA GARDE MÊME QUAND TU TE CROIS À L’ABRI CAR C’EST À LA FIN QU’ON PAYE LES MUSICIENS.

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