Partie 27
7 heures du mat, le maton d’une voix rauque ouvre la porte et me lance un bonjour, j’étais dans les vapes même pas j’ai pris la peine de répondre, cinq minutes plus tard ma porte s’ouvre brutalement, c’était le nouveau gradé de Liancourt ; ils avaient changé la direction suite aux agressions que faisaient subir les matons à certains détenus. Le gradé à son tour me dit : « Monsieur Oumar levez-vous c’est une fouille », j’avais compris que ça allait être chaud parce que quand les gradés en personne viennent te lever pour une fouille c’est qu’ils vont retourner ta cellule de fond en comble, j’ai dormi avec mon tel scotché entre les cuisses, je me lève enfile un bas de survet puis suis le maton qui m’amène jusqu’à dans une salle où se trouvaient tous les DPS « détenus particulièrement surveillés » de l’établissement. En fait c’était une grosse opération de l’administration pénitentiaire y avait même des plombiers pour démonter les toilettes, les lavabos pour voir si rien ne se cachait derrière.
Sur moi ils trouvent rien, mais dans ma cellule dissimulé derrière le globe de la lumière ils trouvent 50 grammes de shit, et trois bigos ; je pensais jamais qu’ils y auraient pensé mais ils étaient trop forts, des vraies fouines ma parole. Je prends trente jours de mitard plus quatre mois de prison ferme LA TOTALE, mais bon c’était le risque du métier, mais Liancourt c’était l’Intermarché du bigo, y en avait tellement qu’il y avait des mecs que tellement ils en avaient ils les enterraient en cour de promenade.
On était une vingtaine de jeunes de Paname, mais dans la Picardie on ne passait pas inaperçus, la mentalité du coin était pas la même que la nôtre, les mecs du 60 avaient leurs codes leur manière de parler, je savais que dans pas longtemps je serais transféré sur Beauvais « 60 » pour passer pour la deuxième fois aux assises, Beauvais c’était une prison des années 40 c’était un ancien couvent où on était de dix à seize en cellule c’était des grands dortoirs une télé pour seize wallah des barres de rire, ambiance colonie de vacances, et là-bas c’est pas des parachutes mais des avions que tu reçois en cour de promenade.
Quand j’arrive dans cette maison d’arrêt, j’ai halluciné on était vraiment seize en cellule, des lits superposés à GOGO jusqu’au plafond c’était ABUSER, ces prisons c’est la HONTE DE LA RÉPUBLIQUE je m’en rappelle y a même un mec qui dormait sur une table qu’on avait calée entre deux chaises, il avait posé son matelas dessus il avait pas trop le choix car c’était ça ou dormir à même le sol, j’ai eu de la chance j’suis tombé sur de braves mecs et débrouillards comme je les aime, ils avaient chacun leur téléphone moi j’avais fait le voyage avec mon bigo scotché entre mes cuisses, je prenais d’énormes risques pour avoir ma Delphine au tel jusqu’à l’aube, je passais des nuits entières à refaire le monde avec elle. Elle c’était « Ma force ».
Les assises de Beauvais étaient réputées extrêmement sévères contre les mecs comme nous qui venaient d’autres départements pour piller les banques de la région. Mais j’étais confiant car ils avaient aucune preuve contre moi, ma plus grande crainte était de perdre celle que j’aimais parce que le temps est ASSASSIN même si elle m’aimait d’un amour surnaturel rien n’était acquis, elle m’étonnait de jour en jour par son courage, et sa folie car fallait être folle pour attendre des années un YOUV, on vit pas avec le regret mais j’avais des scrupules à faire souffrir celle que j’aimais, ma famille et mes proches. Ces épreuves m’ont ouvert les yeux. UN BONHOMME DOIT RECONNAÎTRE SES TORTS QUAND IL A TORT. La vie continue faut que tes erreurs te servent pour l’avenir. En prison j’ai vu des gens abandonnés par leur famille, oubliés, rejetés moi j’avais la chance d’être escorté, supporté à croire que quand tu fais le bien dans ta famille ça paye, en huit ans je n’ai jamais manqué de rien, miskina quand ma mère vient au parloir dissimulé sous son boubou y avait au moins trois kilos de graille LOL y avait de tout, PIZZA KFC, elle avait trop peur que je meure de faim elle lisait dans mon regard quand ça n’allait pas trop fort la daronne, JE POUVAIS RIEN LUI CACHER À LA MAMA.
Y A QUE LES MURS ET LES MATONS QUI RESTENT EN PRISON une pensée pour tous les enfermés qui sont à jamais LIBRES DANS LEUR TÊTE.