[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 6 – « On taffait pas c’était pour les travailleurs les vacances de toute façon du coup »

Partie 6

Je venais de quitter Jade parce que elle avait appris que j’avais braqué le Décathlon de chez elle.

Elle m’a tapé un scandale j’ai pris ma voiture je suis parti sans me retourner, elle a essayé de reprendre contact avec moi mais c’était mort.

Avec la réaction qu’elle avait eue j’avais trop peur qu’elle me balance.

Je l’aimais encore mais j’étais persuadé que avec le temps ça passerait, j’avais raison c’est passé de toute façon à l’époque j’étais un diable trop de fierté pour l’appeler alors que j’étais parti comme un voleur, je savais que c’était du gâchis on était bien ensemble mais bon c’est la vie, même les bonnes choses ont une fin…

Me revoilà dans ma 6t en plein été une chaleur de fou, tout le monde allait en vacances moi je m’en tapais des vacances parce que pour moi toute l’année on était en vacances.

On taffait pas c’était pour les travailleurs les vacances de toute façon du coup.

Ça soûle, ça rôde, on tourne en rond dans la 6t chacun faisait semblant d’avoir des trucs à faire alors que rien que du bluff.

Y en a qui dealent mais bon je me vois pas vendre des barrettes dans un hall même si tous mes potes le faisaient.

Moi si je me lançais dans le shit c’est aux sources que j’irais chercher la marchandise quitte à faire autant le faire bien c’était ma devise…

Mais j’avais un grand respect pour les débrouillards qui font tout pour s’en sortir quitte à vendre des allumettes une par une dans un marché.

Malgré ce qu’on pouvait penser de nous on n’était pas des fainéants pour faire nos plans je vous assure on dormait pas et toute l’énergie qu’on a gaspillée à mettre dans le haram, je suis sûr que si on utilisait dix pour cent de cette énergie dans hallal on serait tous millionnaires, mais bon je l’ai compris à 28 ans après un parcours mouvementé mais va toi expliquer à un jeune enragé à peine majeur qui se prend pour Scarface, c’est à coups de pierres qu’il te reçoit.

Mais bon c’est l’erreur qui te fait avancer le plus important c’est de prendre compte de ses erreurs pour les gommer dans le futur c’est pas facile j’ai fait les prisons les plus dures de France j’ai côtoyé les plus grands voyous des mecs à 50 ans qui avaient pris trente ans de perpétuité mais quand je parlais avec eux on dirait qu’ils avaient pris deux mois de prison y a même un jour un ancien condamné à perpétuité qui m’a sorti « Le temps passe trop vite on n’a même plus le temps de profiter de la prison » c’était sur le ton de l’humour.

Mais bon fallait quand même le faire c’était pas des surhommes juste des mecs qui avaient choisi leur vie et qui assumaient totalement c’était la recette « ASSUMER » c’est comme ça qu’ils assument c’est ce que je mets en application chaque jour de ma vie j’assume tout ce que j’ai fait c’est ce qui rend la douleur en moi forte pas de place pour les regrets…

Cet été-là j’étais tout le temps avec un ami un frérot un soldat sur qui je pouvais compter les yeux fermés, un enragé comme j’aime mais il avait un défaut il était trop impulsif il démarrait pour rien.

Mais bon j’étais là pour le tempérer il est actuellement en prison ça fait dix ans pleins.

Bref dans la chronique je vais l’appeler Kamel…

Ce n’est évidemment pas son vrai prénom.

Cet été-là Kamel et moi rêvaient de faire un coup du siècle un plan de fou en attendant de trouver le coup qui va changer nos vies on se met à braquer des Intermarché des PMU des postes etc…

Des 30’000, 40’000 euros par-ci par-là on avait grimpé dans l’échelon de la violence on jouait en Ligue 1 là fini les fusils à pompe trop cramé j’avais un contact dans le 91 plan armes de fou donc le 11.43 (arme de voyou) entre dans nos armureries je voulais encore plus moi je visais la Ligue des champions mais comme Kamel et moi nous étions discrets rares ceux qui doutaient qu’on blaguait plus qu’on visait la cour des grands on s’est fondus dans la masse des jeunes avec qui on avait nous deux grandi nous deux seuls savaient que deux fois par semaine à l’aube on enfilait la cagoule et les gants…

Pour les grands de la 6t nous étions que des jeunes qui se contentaient de tenir les murs alors que on avait la dalle on n’avait peur d’aucune équipe…

Un jour Kamel et moi étions attablés dans un pub du centre-ville de Mantes-la-Jolie je sirotais tranquillement un verre d’orange lorsqu’un clando s’approche de nous et dit à mon pote :

Clando : Donne-moi une clope.

Kamel : Parle poliment ! Bref pour la peine j’te donne rien…

Clando : Tfoou !

Il en fallait pas plus à Kamel pour démarrer il lui a cassé le verre dans sa tête et le terminait au sol MDR.

Mais ce qu’on savait pas c’est que le pub appartenait à un gros grossiste ultra-respecté à Mantes et que le clando était son cousin…

Oulala même pas cinq minutes après une équipe de grands armés arrive vénère et quand ils s’aperçoivent que c’est nous ils se calment, et là le grand de la 6t me dit :

Le grand : Oumar t’as grandi trop vite tu oses venir dans mon pub pour taper mon cousin.

Moi : C’est ton cousin qui nous a insultés.

Le grand : Vous méritez des tartes dans la gueule.

C’etait le mot de trop je lui ai jeté ma chaise dans la bouche et on s’est sauvés en courant, en rigolant on réalisait pas ce qu’on venait de faire.

On venait de déclarer la guerre à un des mecs les plus puissants de Mantes-la-Jolie mais bon on assume.

On arrive en courant dans la 6t tout le monde était déjà au courant que j’avais jeté ma chaise dans la tête du GRAND la plupart des mecs me disaient « T’ES UN OUF ILS VONT VENIR TE LEVER » ce qu’ils savaient pas c’est que je les attendais de pied ferme je savais que tôt ou tard il viendrait avec son armée de lèche-cul…

J’étais assis avec Kamel dans la terrasse d’un café turc qui était juste en bas de chez moi quand tout à coup des grincements de pneu six mecs armés de flash-balls se ruent sur notre table.

Comme un chat je pris la fuite, et mon pote se mange une balle en caoutchouc mais il est arrivé à se sauver là wallah ils savaient pas mais le retour de bâton allait être chaud ma vengeance fut violente.

Le soir même Kamel deux autres poteaux et moi on déboulait cagoulés armés jusqu’à dans leur pub wallah j’ai vu la peur dans les yeux des grands.

Kamel inarrêtable saccage tout pendant que le grand me demande pardon wallah il avait pas de fierté il était à mille lieues de penser que des petits de sa 6t débarquaient pour lui mettre une fessée monumentale notre culot a fait beaucoup parler de nous dans la 6t tout le monde était prévenu on avait peur de personne chaque manque de respect serait payé au triplé mais on sous-estimait personne ni grand ni petit.

« TU PEUX ACHETER UN PORSCHE MAIS LE RESPECT NE S’ACHÈTE PAS IL SE GAGNE. »

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