Le squat Milada réoccupé quelques heures
L’un des squats historiques de Prague, la Villa Milada, a brièvement été occupé ce week-end avant que la police ne vienne interrompre la fête. Un happening et un concert s’y déroulaient afin de commémorer l’évacuation du site et protester contre la gestion immobilière des autorités publiques. Dans la nuit de samedi à dimanche, près d’une cinquantaine de squatteurs ont été encerclés par des policiers deux fois plus nombreux et suppléés par un hélicoptère. L’intervention des forces de l’ordre n’a pris fin que tard dans l’après-midi, car certains squatteurs avaient trouvé refuge sur le toit du bâtiment.
Déserté depuis 1988, la Villa Milada, située dans le 8e arrondissement de Prague, entre les quartiers de Troja et d’Holešovice, a été squattée plus de dix ans à partir de 1998. Le bâtiment, datant des années 1920, avait ainsi retrouvé une seconde jeunesse en devenant un espace ouvert aux arts, accueillant régulièrement un festival antiraciste. Comme souvent, ces activités n’étaient pas du goût des voisins qui se plaignaient du bruit et du désordre. Aussi, la police avait-elle finalement violemment délogé les squatteurs en juin 2009.
Les militants avaient donc organisé ce week-end un concert au sein de la Villa en souvenir de cette évacuation et dans le but de dénoncer les autorités publiques, lesquelles n’ont engagé aucuns travaux de réparation. Selon, Jana Rösslerová, la porte-parole de la police de Prague, l’intervention était inévitable du fait de l’hostilité des squatteurs :
« Ils étaient très agressifs envers la police. Ils n’arrêtaient pas de leur crier des mots vulgaires. Ils insultaient les policiers, leur ont balancé des bouteilles enflammées et des objets dangereux, et les ont menacé d’une liquidation physique. »
Pourtant, loin de cette terrible description, le comportement des squatteurs semblait relativement pacifique et bon enfant. Le groupe sur le toit s’est agrandi jusqu’à atteindre une vingtaine de personnes. L’une des figures de l’anarchisme tchèque, le journaliste et militant antiraciste Jakub Polák les a rejoints. Quelques-uns avaient apporté des enceintes et des instruments de musique. Aussi, les quelques invectives lancées aux représentants de l’ordre étaient plutôt humoristiques. Mais les protestants ont réellement souhaité adresser un message politique aux autorités, comme l’explique l’un d’entre eux :
« Pour nous, il s’agissait d’une pure action de protestation visant à attirer l’attention sur le fait que cette maison a été évacuée il y a près de trois ans et qu’il a été promis de la réparer. Elle n’a pas été réparée. Nous avons voulu montrer comment les choses sont gérées quand l’État est propriétaire. »
Quatre squatteurs et deux policiers ont été légèrement blessés suite à l’intervention. Le ministère de l’Éducation, propriétaire de la villa, n’a pour l’instant pas réagi. En février 2010, il était envisagé d’en faire don à l’Université Charles. Le coût des travaux de réhabilitation est estimé à environ dix millions de couronnes (soit près de 400’000 euros).
Presse propriétaire (Pierre Meignan, Radio Prague, 2 juillet 2012)