[Si tu veux être heureux Nom de Dieu Pends ton propriétaire] Le « Rat-Dit » à Bègles

Bègles. Une expulsion imminente

Depuis mai dernier, une douzaine de personnes occupent une maison qui appartient à la CUB.

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Un des squatteurs, ancien SDF, s'est lancé dans la photo et expose.

« Nous avons été directement contactés par un huissier de justice pour la procédure d’expulsion », assurent les habitants du squat du 102, avenue du Professeur-Bergonié, qui deviendra bientôt un habitat coopératif. La CUB est l’actuel propriétaire de cette parcelle de 1390 m². Bordeaux Euratlantique attend la libération des lieux et la démolition de la maison de 189 m², sur laquelle est juché un drapeau de pirate, pour jouir du bien. Une coopérative d’habitants, forme de logement social dans lequel les occupants conçoivent le lieu de vie, doit y voir le jour.

Le squat baptisé « rat-dit »

« Le squat est un accident dans ce processus d’acquisition », glisse Philippe Courtois, directeur de Bordeaux Euratlantique. « Nous, on projetait un collectif d’artistes, et sans le moindre besoin d’argent. Mais ils ne nous ont même pas consultés », commente Emmanuel Derobert-Masure, un des squatteurs, ancien SDF. Alors, parmi la douzaine de personnes qui occupent cet espace, la majorité ira à la rue.

En attendant que la décision de justice tombe, les poules continuent de gratter le sol. Un chien se faufile sous la table en remuant la queue. Des coquelicots poussent sauvagement au milieu du jardin. Et puis, un lit, sous un chapiteau.

Diego téléphone la tête appuyée sur le matelas, les pieds en l’air. Derrière lui, un potager. Dedans, des radis, entre autres. D’ailleurs, ils ont baptisé le squat : le « rat-dit ». « « Rat » parce que nous contribuons à réduire la masse de déchets de la population en consommant les poubelles des supermarchés, et parce que nous sommes considérés comme nuisibles. « Dit » parce qu’on a plein de choses à dire », explique Emmanuel. Effectivement, sur un mur, un pense-bête : proposer des réunions de quartier, projet Euratlantique, politique de la ville, etc.

Pas d’électricité

À part les deux panneaux solaires plantés dans le sol et qui servent à charger les téléphones portables, pas d’électricité. Pas de réfrigérateur donc. Des cageots de fruits et légumes, parfois pourris, envahissent le garage et l’arrière-cuisine. La viande, récupérée dans les invendus de supermarchés, terminera à la poubelle ce soir si elle n’a pas été consommée aujourd’hui.

Une texture solide marron occupe définitivement un pot en verre. « C’est une copine qui a fait du caramel pour s’épiler », indique celui qui a vécu des années dans la rue. Il est là depuis le début du squat, en mai dernier. Il s’est lancé dans la photo, aidé par Michel Martin, un employé de la boutique Panajou, allées de Tourny, à Bordeaux.

Le week-end dernier, lors de la 9e édition du festival des Photographicofolies à Saint-Denis-de-Pile, il a exposé ses photographies. Le thème ? « Assis sur mon sac de couchage, je regarde la misère du monde et je me sens heureux de vivre. »

Les 6 et 13 septembre prochain, deux réunions publiques de lancement du projet d’habitat coopératif, organisées par la Ville de Bègles, se tiendront au parc de L’Intelligence environnementale. Le recrutement des habitants volontaires, réalisé par la commune, débutera ensuite. Sans eux.

Presse périmée (Marie Théobald, SudOuest.fr, 4 juillet 2012)

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