[Domaine autogéré des Quintarets] Communiqué du 2 juillet

ChèrEs GersoisEs,

Les occupants du Domaine des Quintarets (vulgairement appelés « squatteurs ») vous communiquent les nouvelles de leur situation et leur point de vue. Voilà un mois que le Château refait parler de lui après 5 ans de silence. Derrière une simple histoire de squat se déroule un combat : celui des « petits » contre les « gros », celui de ceux qui ont tout contre ceux qui n’ont rien.

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Après avoir escroqué employés et artisans du coin (qui n’ont jamais récupéré un centime même après poursuites judiciaires), les propriétaires reviennent. Ils claquent des doigts, obtiennent une ordonnance de la présidente du tribunal d’instance d’Auch qui les autorise à expulser nous et nos enfants sans possibilité de nous défendre. Dans le Pays de D’Artagnan, on est revenu au temps des lettres de cachet, qui permettent de faire incarcérer, d’interner ou de réduire à l’exil tout dissident au régime, sans procès. Nous demandons le retrait de l’ordonnance établie à notre encontre le 18 juin dernier, qu’une enquête soit ouverte sur les réseaux et les affaires financières de la famille Le Marie – Tranier et vous invitons à vous positionner partant du constat que ça nous concerne tous.

Nous ne sommes pas des voleurs de biens, ni des « squatteurs ». Nous sommes issus d’un mouvement social né il y a de nombreuses années dans plusieurs pays d’Europe. Si nécessité fait loi, nous ne réquisitionnons jamais des biens appartenant à des « petits propriétaires ». Bien au contraire, nous occupons toujours des lieux détenus par des escrocs, spéculateurs et qui mettent en lumière des dysfonctionnements. C’est le mécanisme propriété privée / publique qu’il nous faut remplacer par une propriété d’usage.

Notre mouvement est politique, il est né dans le désespoir d’une jeunesse pour qui l’avenir est synonyme de crise. Il porte l’espoir de ceux qui luttent et la volonté de ne plus se construire sur dogmes et mensonges, ça suffit ! Nous sommes la génération sacrifiée aux trente ans de gloire du capitalisme. Ce dernier arrive à son terme et c’est tant mieux car il a détruit toutes ces valeurs qui faisaient de nous des humains. Venant tous de familles ayant travaillé toute leur vie pour laisser quelque chose à leurs enfants, nous combattons pour la justice sociale. Nous nous sommes toujours retrouvés autour de valeurs telles que la Liberté, l’Égalité, la Fraternité… et nous prônons la réappropriation de nos vies, la reprise en main de notre avenir, la reconstruction des rapports sociaux et des liens qui unissaient les générations.

Ce mouvement social, présent partout en France, a permis l’hiver dernier à Toulouse de colmater la disparition programmée de la solidarité en répondant à plus de 40 % des demandes d’hébergement d’urgence.

Plus de 200 personnes dont au moins 50 enfants ont habité des lieux de vie réquisitionnés et autogérés. Des centaines de concerts et représentations dont l’accès est à prix libre, des dizaines d’ateliers d’entraide (plomberie, électricité, potagers, informatique, réflexions, scolarité, soins…) ont également vu le jour. Ces bâtiments appartenaient soit au domaine public, soit aux spéculateurs, exceptions faites de quelques SCI et surtout de la communauté Jésuite avec qui nous avons trouvé des terrains d’entente ou des accords moraux.

Aujourd’hui ce mouvement social arrive dans le Gers, après ces dernières années de destructions par le gouvernement Sarkozy. À Auch, préfecture du département, le seul lieu d’accueil pour les SDF est en liquidation judiciaire… Il n’y aura bientôt plus un seul endroit dans la ville pour se nourrir, se laver ou dormir… Comble du ridicule, à l’Isle-Bouzon, une petite association (La Paz) s’efforçant de redonner vie et utilité publique à un ensemble autrefois bâti par des personnes en difficulté est aujourd’hui la cible d’une guérilla populaire où on oppose les salariés du centre Canteloup (propriétaires actuels) aux nouveaux habitants des lieux. Le directeur de l’association a même fortement conseillé par courrier à ses salariés de ne pas communiquer avec les membres de la Paz, sans oublier les 2 véhicules brûlés…

On évite encore de saluer leurs initiatives pourtant sans ambiguïté et de pointer les responsables de cette situation absurde mais éloquente d’abandon de lieux et d’activités incontournables pour garantir une vie sociale saine et respectueuse les uns des autres. L’État est plus pressé de réclamer sa redevance TV quand on oublie de cocher la croix sur le formulaire… alors qu’ici et ailleurs quelques personnes concentrent des centaines de milliers d’€.

Ne nous laissons pas entraîner dans le repli sur soi et dans la peur qui nous conduisent déjà trop souvent aux déchaînements de violence, au chacun pour soi et moi d’abord… On reprend les rennes de nos vies et on partage les responsabilités. La meilleure façon de « détruire » ce monde c’est de faire ensemble, sinon on verra la victoire de l’extrême droite et surtout de la haine.

Nous avons sollicité les responsables politiques du Gers à nous aider à trouver une solution à la création de notre projet agricole et social. On remercie tous les coups de klaxon, tout le monde qui s’est déplacé pour nous aider et nous accompagner dans cette aventure et nous portons une attention particulière à M. Tourné, dont les attitudes montrent clairement qu’il connaît bien la situation, tout comme son absence de propositions sur la situation sociale révèle sa véritable éthique politique.

Nous continuerons à occuper des lieux laissés à l’abandon pour réaliser notre projet qui reste une solution directe, concrète et peu coûteuse à de nombreux problèmes sociaux. Comme disait l’autre le changement, c’est maintenant !

Les occupantEs du Domaine Autogéré des Quintarets
Association pour L’Entraide Sociale, l’Émancipation et le Développement Durable

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