Regards croisés sur les prisons et les révoltes carcérales en Afrique du Sud et en France

Regards croisés sur les prisons et les révoltes carcérales en Afrique du Sud et en France

Rencontre/débat avec Hafed Benotman et Natacha Filippi autour du livre Brûler les prisons de l’apartheid, Éditions Syllepse

Jeudi 28 juin à 19h00 au Monte en l’air – 2, rue de la Mare (à l’angle avec le 71 rue de Ménilmontant) 75020 Paris – Métro Ménilmontant

En 1994, l’année des premières élections multi-raciales de l’Afrique du Sud, des mutineries, des mises à feu de cellules, de sit-in et des grèves de la faim collectives secouent les prisons du pays. Qu’ils soient le dernier sursaut des prisons de l’apartheid ou la première insurrection contre les institutions pénitentiaires démocratiques, ces mouvements, de par leur ampleur, constituent un moment d’intensité exceptionnelle dans l’histoire nationale et internationale des révoltes carcérales. Ces révoltes, qui depuis la naissance des prisons ponctuent les changements de régime dans le monde entier, sont rarement anachroniques. Elles sont le reflet des ambiguïtés et des contradictions présentes dans le reste du pays. Elles rappellent avec acuité que les sociétés qui tentent d’établir de nouvelles bases du vivre-ensemble recréent par là même les marges où elles rejèteront tous ceux qu’elles considèrent comme déviant du droit chemin et de la norme.

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Loin d’être une simple situation d’exception, l’apartheid en Afrique du Sud est un verre grossissant qui permet de révéler, dans des pays comme la France où elles apparaissent sous une forme plus camouflée, les logiques qui sous-tendent la gestion (post)coloniale des populations à travers le quadrillage de leur territoire, des lois toujours plus nombreuses sanctionnant les moindres gestes quotidiens et une politique d’incarcération de masse.

En France, les nombreuses mutineries des années 1970 sont longtemps restées gravées dans les mémoires comme les dernières véritables révoltes carcérales avant que la répression et les nouvelles techniques disciplinaires étouffent toute protestation de l’intérieur. Pourtant, cette année encore, des débuts de protestation collective, immédiatement réprimées, des grèves de la faim et des pétitions sont nés dans les prisons de Vezin-le-Coquet, St Brieuc, Roanne, Annouellin… En Afrique du Sud comme en France, il est nécessaire de briser l’isolement des détenus ; de dévoiler les fonctionnements différents de la justice pour les riches et les pauvres, pour les habitants de quartiers populaires et les Blancs des centres-villes ; et de comprendre comment l’administration pénitentiaire harcèle et muselle ceux qui osent riposter.

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