[« Antiterrorisme »] Les espions travaillent (2)

Les renseignements de la Préfecture de police, une exception parisienne

La direction du renseignement de la Préfecture de police (DRPP) à Paris a succédé aux renseignements généraux de la préfecture de police en juillet 2008. Le préfet de police avait obtenu de tenir ses propres services à l’écart de la fusion entre les renseignements généraux et la DST, qui a donné naissance à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Michel Gaudin, installé dans ses fonctions le 25 mai 2007 par Nicolas Sarkozy, justifiait la présence de cette force de police par « la spécificité » de la capitale où « il y a environ dix manifestations de rue par jour ».

Les missions de la DRPP, limitées aux frontières de la région Ile-de-France, visent notamment à suppléer la DCRI dans le cadre de la prévention des actes terroristes. La DRPP coordonne également l’activité des sous-directions de l’information générale (SDIG) dans les départements de la région, alors que dans les départements de province, les SDIG relèvent des directions de la sécurité publique. Environ 800 fonctionnaires, dont près de 700 policiers, y sont rattachés.

Mardi, au Palais de justice, la policière qui s’est laissé surprendre en train de photographier les personnes présentes dans la salle des pas perdus avait pour tâche la surveillance d’un groupe considéré comme extrémiste et dont les agissements sont, pour le pouvoir, susceptibles de porter atteinte à l’ordre public.

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Le 16 mai, lors de la première journée de l’audience qui juge six militants anarcho-autonomes, plusieurs personnes avaient peint des slogans sur les murs du tribunal. Depuis sa cachette et derrière la vitre sans tain, la policière-photographe essayait de saisir l’un de ces taggeurs sur un cliché, afin de le confondre ensuite devant la justice. Toutefois, et cela ne fait guère de doute, la policière devait également profiter de ce rassemblement pour compléter la galerie de portraits de militants de la mouvance anarcho-autonome conservée dans un placard de la Préfecture.

Pour les policiers de la DRPP, les procès de prévenus suspectés d’agissements terroristes sont toujours l’occasion d’une couverture exhaustive. Outre le fait qu’ils permettent de repérer et éventuellement de photographier des têtes jusque-là inconnues des services, ces rendez-vous judiciaires sont aussi une source d’information et d’analyse. Ces audiences sont suivies avec attention par des fonctionnaires qui rédigent tous les soirs des comptes rendus qu’ils versent ensuite dans des dossiers.

Longtemps suspectés d’être « une police politique  » au service des gouvernements en place, les renseignements ne surveillent plus les partis politiques et les syndicats. Cette mission a été officiellement abandonnée en 1981, après l’arrivée de la gauche au pouvoir.

Mais, en octobre 2011, la direction du renseignement de la Préfecture de police avait fait l’objet de suspicions concernant ses pratiques. Selon le site de L’Express, une enquête de renseignement sur la personnalité de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, avait été ouverte en dehors de tout cadre légal.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr, 24 mai 2012)

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