[Mort aux pauvres !] Faut-il manger les enfants de chômeurs ?

Les enfants de chômeurs privés de cantine

Sébastien Durand vient de lancer une pétition en ligne pour dénoncer les mesures de plus en plus restrictives d’accès à la restauration scolaire mises en place par de nombreuses municipalités.

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SAINT-CYR-L’ÉCOLE, JEUDI. Sébastien Durand s’estime victime de discrimination anti-chômeur. Parce qu’il ne travaille pas, il ne peut inscrire sa fille à la cantine que deux jours par semaine.

Ce jeune père de famille de deux enfants, originaire de Saint-Cyr-l’École, est actuellement au chômage. Selon le règlement municipal voté en 2008, sa fille âgée de 3 ans ne peut donc déjeuner que deux jours par semaine à la cantine. De même, elle n’a accès au centre de loisirs du mercredi qu’une fois par mois maximum.

« Ces mesures anti-chômeurs me révoltent. Pourquoi devraient-ils avoir moins de droits que les autres? Il y a eu le cas d’Epône, maintenant c’est ici. Trop de communes en France sont dans l’illégalité et il faut que ça cesse », assène Sébastien Durand, qui a donc ouvert un blog afin de fédérer un maximum de familles victimes de discriminations. Et d’ajouter : « il faut plus de places de cantine. On ne peut pas accueillir de nouveaux habitants sans adapter les services et c’est exactement ce qui se passe ici. La restauration scolaire est un droit. C’est aussi un lieu de socialisation et ma fille en a besoin même si je ne travaille pas pour l’instant. »

Du côté de la municipalité, on ne nie pas flirter avec l’illégalité. « C’est un fait, mais nous sommes loin d’être la seule commune dans ce cas. Nous n’avons pas assez de places, ce qui implique des priorités, mais nous étudions toujours les dossiers au cas par cas afin de trouver la meilleure solution. Nous avons par ailleurs élargi les horaires des repas pour accueillir plus d’enfants (NDLR : 82% des élèves fréquentent la cantine) et des travaux d’agrandissement des cantines sont en cours mais cela prend du temps », note Bernard Debain, le maire UMP.

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Bernard Debain, maire de Saint-Cyr-l'École (à gauche)

Il enchaîne avec une pointe d’ironie. « Je n’oublie pas que ce monsieur est le chef de mon opposition municipale. » Sébastien Durand, qui ne détient aucun mandat, est le président de l’association Avançons ensemble. Une association proche de l’opposition de gauche. « J’agis en mon nom et mon combat dépasse la commune de Saint-Cyr », conclut ce dernier.

Presse cannibale (LeParisien.fr, 14 mai 2012)


Enfants de chômeurs interdits de cantine : Signez la pétition !

Nouvelle offensive à Saint-Cyr-l’École (78) où la mairie instaure des restrictions envers les enfants dont l’« un des parents ne travaille pas »… Révolté par ces pratiques discriminatoires et anti-républicaines, soutenu par la FCPE, un papa au chômage riposte.

Il ne fait pas bon être sans emploi dans les Yvelines. Après les récents scandales qui ont eu lieu à Epône et à Noisy-le-Roi, voici que la mairie UMP de Saint-Cyr-l’École perpétue la tradition. On note que ces discriminations anti-républicaines ne se produisent pas en Seine-St-Denis, dans le Pas-de-Calais ou dans la Creuse mais dans les coins huppés : le département des Yvelines est l’un des plus riches de France et son taux de chômage très inférieur à la moyenne nationale. Même constat en Haute-Savoie avec l’affaire de Thonon-les-Bains… Là aussi, l’UMP est aux manettes, quitte à faire dans l’illégalité.

Sébastien est un saint-cyrien privé d’emploi qui vient d’apprendre l’exclusion de sa fille de la restauration scolaire deux jours par semaine. En effet, sa mairie a mis en place un « guide de l’enfance » qui prévoit de nouvelles priorités et conditions d’accès aux services périscolaires : cantines, accueils, centres de loisirs. Les enfants dont l’« un des parents ne travaille pas » ont moins de droits que les autres : deux jours de restauration autorisés par semaine au lieu de quatre, centre de loisirs une fois par mois au lieu de tous les mercredis, etc. Seconde restriction amplifiant cette discrimination : ces enfants stigmatisés ne seront admis que « suivant les places disponibles ». Sont en particulier visés les chômeurs, bien sûr, mais aussi les malades de longue durée.

« Ces mesures anti-chômeurs me révoltent. J’ai décidé de les éradiquer de la ville. Et si possible au-delà », nous écrit ce père de famille qui compte parmi les nombreuses victimes de la crise. « Puisque nous partageons les valeurs de l’école républicaine, au nombre desquelles l’égalité, puisque nous luttons pour que les chômeurs n’aient pas moins de droits que les autres, je vous propose de partager ce combat. »

Il vient d’ouvrir un site internet avec une pétition en ligne.

L’objet de ce blog est de partager les informations et les outils permettant de faire face aux discriminations, édictées par certaines communes, des enfants devant l’école et les services éducatifs. Afin qu’un combat soit mené au bénéfice de tous les enfants, pour qu’ils bénéficient des mêmes droits à l’école quelle que soit la situation de leurs parents (sociale, économique, état de santé…), pour qu’ils y trouvent les moyens de s’épanouir, pour que l’école de la République soit aussi un apprentissage de l’égalité et non du rejet et de la discrimination, parents d’élèves et associations — la FCPE en premier lieu — se sont très vite associés à sa démarche.

Malgré leur illégalité, ces pratiques perdurent : selon L’Humanité, à la rentrée 2011, au moins 70 communes effectuaient une sélection à l’entrée des cantines selon divers critères. Sur ce constat, le 12 septembre dernier, la Fédération des conseils de parents d’élèves a redoublé de mobilisation, appelant les parlementaires à légiférer pour consacrer le droit à la restauration scolaire et éviter de fastidieuses requêtes en référé devant les tribunaux administratifs (ceux-ci statuant inévitablement sur l’atteinte au principe d’égalité avec condamnation systématique).

Il va sans dire que nous, Actuchomage, qui dénonçons ces agissements depuis 2005, soutenons Sébastien dans son combat et avons signé cette pétition. Nous vous invitons à faire de même.

ActuChomage, 9 mai 2012

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