[Ceci n’est pas une ville] La cybernétique et l’urbanisme travaillent

La ville fantôme à un milliard de dollars

Une cité de 15 km² va sortir de terre pour que les chercheurs puissent y expérimenter leurs nouvelles technologies.

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La ville de Rock Hill, en Caroline du Sud, va être reproduite au Nouveau-Mexique.

La poussière qui tourbillonne, emportée par le vent. Un coyote qui s’enfuit devant un tel néant. Une enseigne à demi bringuebalante qui résiste sur la façade d’une maison en ruine. Ainsi imagine-t-on une ville fantôme aux États-Unis. Mais cette fois, rien de tout ça : « Cite » sera bien déserte, mais elle sera fabriquée de toutes pièces pour les besoins de la science et imaginer le monde de demain.

Conditions réelles

C’est en plein désert du Nouveau-Mexique, à 350 kilomètres de la frontière mexicaine, qu’une copie parfaite de Rock Hill, une ville de 66’000 habitants en Caroline du Sud, sortira de terre. Pegasus Global Holdings, la société américaine spécialisée dans les nouvelles technologies à l’origine de ce projet, et l’État du Nouveau-Mexique débourseront près d’un milliard de dollars (770 millions d’euros) pour construire des immeubles et des maisons — en apparence — anciennes ou modernes, ainsi que des kilomètres d’autoroutes qu’aucun citoyen n’utilisera si ce n’est les chercheurs qui y poseront leurs ordinateurs le temps de leurs recherches.

Les travaux de cette métropole de 15 km² appelée « Cite » (pour « Centre pour l’innovation, les tests et l’évaluation ») commenceront cet été pour une durée indéterminée. Objectif de l’opération : permettre aux instituts de recherche et aux sociétés privées de tester les nouvelles technologies dans des conditions réelles, notamment des infrastructures d’énergies renouvelables (réseaux sans fil, gestion de la circulation…), et ce, sans déranger personne. Et l’entreprise américaine de citer en exemple la mise à l’épreuve d’un réseau intelligent qui régule la distribution d’électricité en fonction des réglages de thermostat dans les logements. Ou encore l’expérimentation de voitures sans chauffeur ou d’appareils électroménagers réactifs. Malgré l’absence totale d’habitants, cette ville devrait tout de même générer plus de 3500 emplois dans la région.

Une planète « plus intelligente »

Ce n’est pas le premier projet qui tente de révolutionner la vie quotidienne par la technologie. PlanIT Valley, une véritable « smart city », va être construite à Paredes, à proximité de Porto au Portugal, par Living PlanIT, Cisco, Microsoft, Philips et une pléiade de partenaires, qui y déploient 100 millions de capteurs pour tout savoir, en temps réel, sur toutes les infrastructures (électricité, eau, transport, voirie) et optimiser ainsi l’efficience énergétique pour réduire la consommation d’un tiers. L’Asie n’est pas en reste : la ville de Songdo, en Corée du Sud, sera bientôt la première « U-cité » où les habitants vivront dans un lieu dont les nouvelles technologies permettront d’allier le développement durable et l’hyper-connectivité. Les concurrents de Cisco comme HP, Oracle, ou bien encore IBM ont, eux aussi, l’intention de développer des moyens pour construire une « planète plus intelligente ».

Avec des villes qui rassemblent désormais plus de 50 % de la population mondiale pour une consommation électrique qui représente de 60 à 80 % de la production mondiale, le défi énergétique est colossal… et le marché qui s’ouvre avec, aussi. D’autant que les prévisions de l’ONU portent à 70 % le taux d’urbains d’ici à 2050. Quelle aubaine !

Leur presse (Louise Cuneo, LePoint.fr, 11 mai 2012)

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