[La liberté ou la mort] Du Bordelais à la Chine, abolir la valeur d’échange

Bordeaux. Fraude dans le vignoble : un millésime relevé à l’acide sulfurique

Douze viticulteurs, un œnologue et un droguiste poursuivis pour avoir utilisé, conseillé et vendu ce produit interdit qui avait redonné de l’acidité à un millésime médiocre.

Depuis quelques mois, le tribunal correctionnel de Bordeaux n’en finit pas de dresser l’inventaire des pratiques douteuses des francs-tireurs du vignoble girondin. Après avoir examiné l’ajout d’antibiotiques dans le barsac, de lait dans le sauternes et de sucre dans le sainte-croix-du-mont, les magistrats se pencheront demain sur l’usage d’acide sulfurique concentré, en 2003, par plusieurs viticulteurs de l’appellation Côtes de Blaye.

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À l’issue d’une instruction interminable, douze d’entre eux ont été finalement poursuivis pour fraude et détention de produits destinés à corrompre des boissons destinées à la vente. Demain, ils ne seront pas les seuls à s’asseoir sur le banc des prévenus. Bien que protestant de leur bonne foi, le droguiste de Blaye — qui leur a procuré l’additif — et l’un des œnologues de la région — auprès de qui ils disent avoir pris régulièrement conseil — devront eux aussi s’expliquer. Le premier pour avoir écoulé des produits dont il n’ignorait pas l’usage illicite qui en serait fait, le second pour complicité de falsification.

Millésime défaillant

Plus communément appelé vitriol, l’acide sulfurique est une substance aussi dangereuse qu’utile. Elle intervient aussi bien dans la fabrication des engrais et le raffinage du pétrole que dans le traitement des eaux et des minerais, le décapage des métaux et le fonctionnement des batteries. Au XIXe siècle, ce liquide visqueux et corrosif servait à la conservation de la viande. Aujourd’hui encore, certains aigrefins l’utilisent pour régénérer des morceaux avariés. C’est interdit, tout comme est banni son usage en viticulture.

En 2003, la sécheresse et les orages qui s’étaient abattus sur le Blayais avaient quelque peu déséquilibré le millésime. Trop d’alcool, pas assez d’acidité. Plutôt que d’injecter de l’acide tartrique, l’un des acides présents dans le raisin et dont l’emploi est autorisé sous certaines conditions, les vignerons avaient choisi l’acide sulfurique concentré, un « remontant » beaucoup plus puissant, seul capable selon eux de sauver leur récolte de la distillation.

Les agents de la répression des fraudes ont retrouvé sa trace en vérifiant en 2004 les registres du commerçant de Blaye auprès de qui ils s’étaient fournis. En un an, ce dernier avait écoulé près de 580 litres, dont 200 à des viticulteurs. La mention « acide sulfurique » n’apparaissait jamais sur les factures. Il était simplement question de « désincrustant » ou de « déboucheur professionnel ». Des mentions que le commerçant disait avoir portées à la demande de ses clients. Selon ses dires, le produit devait servir au nettoyage des cuves, même s’il se doutait qu’un tout autre usage était possible.

Un œnologue sur le gril

La plupart des viticulteurs entendus par les enquêteurs ont reconnu avoir eu recours à la substance prohibée. À raison de 1 à 2 centilitres par hectolitre. Des quantités, minimes certes, qui n’ont jamais mis en danger la santé du consommateur mais dont l’usage laisse songeur.

Pour certains d’entre eux, c’était ça ou déposer le bilan de l’exploitation. Cette année-là, la chaleur et la grêle ayant retardé la maturité, les vins manquaient de fruit et d’équilibre. Presque tous mettent en cause un œnologue, affirmant qu’ils ont agi sur ses recommandations et suivi ses prescriptions relatives au dosage.

La lecture des bulletins d’analyse découverts chez certains vignerons démontre que le conseil a bien été donné d’utiliser de l’acide sulfurique. L’œnologue se défend pourtant d’avoir préconisé cette solution. D’autant que les investigations conduites par le juge d’instruction n’ont pas permis d’identifier l’auteur des mentions manuscrites qui figurent sur les pièces saisies. Un dialogue de sourds a de fortes chances de prospérer demain lors du procès, même si chacun sait que le recours à l’acide sulfurique par une infime minorité de viticulteurs reste un secret de Polichinelle.

Leur presse (Dominique Richard, SudOuest.fr, 9 mai 2012)


Chine : après le porc au clenbutérol et le canard malade, le chou au formol

Les autorités chinoises ont ouvert une enquête sur des vendeurs de légumes, soupçonnés d’asperger les choux avec du formol pour préserver leur fraîcheur, nouveau scandale alimentaire dans ce pays qui en a connu beaucoup, a indiqué un responsable mardi.

Cette affaire est la dernière d’une longue série de scandales dans l’industrie agro-alimentaire chinoise, après notamment ceux du porc piqué au clenbutérol, un anabolisant, et du lait contaminé à la mélamine, un additif mimant un taux élevé de protéines.

Selon des informations parues dans la presse et sur internet, des dizaines de marchands de légumes dans la province du Shandong (est), grande région agricole, utilisent des produits chimiques pour maintenir la fraîcheur de leurs légumes jusqu’à ce qu’ils parviennent sur les marchés.

Le formaldéhyde — ou formol — est un liquide utilisé couramment pour préserver des spécimens de laboratoires ou pour embaumer les corps. Cette substance, cancérigène, peut être mortelle si elle est ingérée en trop grande quantité.

Un responsable de la ville de Dongxia a confirmé la pratique des vendeurs. « Nous enquêtons sur cette affaire », a-t-il déclaré, sans vouloir donner de détails.

Cette pratique serait répandue dans le Shandong et la province voisine de Hebei, notamment lors des mois les plus chauds, selon l’agence officielle Chine Nouvelle.

« On fait ça couramment pour garder les choux frais. Sinon, les choux qui sont empilés les uns contre les autres dans les camions pourriraient en deux ou trois jours », a expliqué à l’agence un agriculteur de Dongxia.

Le chou est un des aliments de base de la nourriture chinoise, notamment dans le nord.

En mars, une grande entreprise de volailles chinoise avait licencié quatre employés soupçonnés d’être impliqués dans une affaire de vente de viande de canards abattus alors qu’ils étaient malades.

Le scandale alimentaire le plus retentissant reste celui du lait contaminé à la mélamine qui, en 2008, avait provoqué la mort de six enfants et rendu malade 300.000 autres.

Leur presse (tempsreeel.nouvelobs.com, 8 mai 2012)

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