[Poitiers] Soutien à J.-C., condamné pour un jet de confettis !

Aujourd’hui la justice française a franchi un nouveau cap dans le grotesque.

J.-C. était poursuivi pour avoir « outragé » un commandant de police  par un jet de confettis, lors de la tranquille dispersion d’une chorale de Brassens, le jour de la Fête de la musique, en défense de la liberté d’expression.

Il s’agissait en effet, de façon non-violente et festive, de soutenir la liberté d’expression, et d’être solidaires avec les personnes poursuivies pour avoir chanté Hécatombe de Brassens, à travers plusieurs villes. Et ce, en soutien à un Rennais condamné pour avoir poussé la chansonnette à sa fenêtre, à une trentaine de personnes ayant chanté devant le commissariat de Toulouse (arrêtées, puis ayant subi un rappel à la loi) et à deux personnes ayant chanté devant le commissariat central de Paris (finalement relaxées à leur procès).

À Poitiers, la police avait d’abord cherché à dissuader les choristes. La police avait ensuite menacé de disperser ce rassemblement en faisant usage de la force, ce qui n’est légal qu’en cas de « trouble à l’ordre public »… qui n’en était pas un puisque cette chorale n’avait rien d’illégal. La police avait enfin recouru à plusieurs sirènes pour couvrir la chorale, ce qui est un usage abusif de ces dispositifs. Un policier, le commandant Merle, avait finalement profité de l’étalement du groupe lors de la dispersion, pour embarquer brutalement J.-C., qui lançait des confettis en l’air comme d’autres choristes avec qui il se trouvait… alors que le but de ces confettis était justement de désamorcer la tension instaurée par la police.

Tous ces faits ont été rappelé au procès : sirènes déclenchées, légalité du rassemblement, menace de dispersion. Mais l’avocat et le procureur ont trouvé tout cela normal : la sirène répondait tout simplement à des paroles « provocatrices » d’une chanson chantée là par « provocation ».

J.-C. a été déclaré coupable d’avoir outragé le commandant de police Merle, sur la base de cet argument : il se serait éloigné délibérément du groupe, pour jeter au visage d’un policier des confettis !

La justice a ainsi royalement ignoré le témoignage à la barre d’un des témoins de J.-C., affirmant que J.-C. était resté près de lui, et donc du groupe, et ne s’en était jamais éloigné. Ce qui signifiait que le policier l’ayant brutalement embarqué ne se trouvait pas à la porte du commissariat, qui était à plusieurs mètres au moment des faits, mais sur le trottoir.

Les témoins du commandant de police Merle (des policiers, ainsi que l’adjoint du préfet), n’étaient pas présents au procès mais ont tous produit une version semblable : le commandant Merle se serait trouvé à la porte du commissariat et aurait pris au visage une poignée de confettis par J.-C., qui se serait éloigné délibérément du groupe de choristes pour perpétrer cet « outrage ».

Ils ont été déclarés plus « précis » que les témoins de J.-C. qui sont venus à la barre !

Amende de 50 € avec sursis, 1 € de dommages-intérêts pour M. Merle, 1 € de dommages-intérêts pour la justice. Plus des frais de justice à régler de 85 € avec réduction de 10% s’il paye dans le mois. Plus les frais d’avocat… se montant à 700€ !

Voilà qui fait cher de la défense de la liberté d’expression pacifique. C’est inacceptable. Nous sommes révoltés par le résultat de ce procès, qui ajoute au grotesque le volet répressif avec des frais lourds pour J.-C. C’est là un véritable blanc-seing donné aux attaques contre la liberté d’expression exercés par la police sur Poitiers. Police et justice ont aujourd’hui montré, une fois de plus, leur vrai visage !

Les dons de soutien sont les bienvenus, auprès du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux : contact.

Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), 4 mai 2012


Une peine aussi légère que les confettis lancés

On ne doit pas lancer des confettis sur un policier. L’auteur de cet outrage a été condamné hier à une peine d’amende avec sursis.

Le regretté Georges Brassens aimait se moquer des uniformes. Quand il entonnait, sur scène, son célèbre Hécatombe (Au marché de Brive-la-Gaillarde…) c’était à mourir de rire. Mais que des « Indignés » à travers la France décident de venir chanter ce chef-d’œuvre sous les fenêtres des commissariats et des gendarmeries, ça fait déjà moins rire. Notamment les policiers et gendarmes dont on peut admettre qu’ils apprécient modérément d’entendre beugler qu’on « les adore sous la forme de macchabées ».

Le 21 juin dernier, jour de la Fête de la musique, une vingtaine de Poitevins répondant à l’appel des « Indignés » s’en vont ainsi pousser la chansonnette devant le commissariat. Fort civilement quoiqu’en uniforme, le commandant Jean-Christophe Merle signifie aux manifestants que chanter Hécatombe à cet endroit-là relève de l’outrage, ce qui ne met guère de frein au zèle vocalique des manifestants. Moyennant quoi, l’officier de police fait donner les sirènes des motards pour couvrir les couplets les plus offensants.

On en resterait à cet aimable face-à-face si un incident aussi inattendu que fâcheux ne se produisait au moment de la dispersion. C’est cet incident qui vaut ce vendredi matin à un quinquagénaire de comparaître devant le tribunal correctionnel pour outrage.

En quittant les abords du commissariat, les manifestants se mettent à jeter des confettis. Selon le commandant Merle, l’un des manifestants, J.-C. […], 52 ans, sort des rangs et lui jette une poignée de confettis à la figure. L’outrage est constitué.

Un témoin de marque confirme la version du policier

L’offenseur est agrippé par les épaules et amené au poste d’où il ressort après quelques minutes. Depuis lors, J.-C. […] jure ses grands dieux qu’il s’est contenté, comme ses camarades, de jeter ses confettis en l’air. L’ennui c’est qu’un témoin confirme les accusations du policier. Ce témoin n’est pas n’importe qui : c’est le directeur de cabinet du préfet.

Hier, devant le tribunal, le prévenu a fait citer deux participants aux événements du 21 juin, tous deux enseignants, qui assurent que J.-C. n’a jamais jeté ses confettis en direction du commandant. Après avoir entendu tout le monde, le juge se range à la thèse des autorités et prononce une peine à la hauteur de l’outrage : 50 euros d’amende avec sursis.

Leur presse (Vincent Buche, lanouvellerepublique.fr, 5 mai 2012)

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