[Vive l’Azawad libre !] « Cette mesure a été prise dans le but d’éviter d’être confrontés, comme par le passé, à des responsables qui prennent la décision de négocier l’avenir de l’Azawad sans en référer à la base »

À la veille du congrès de l’Azawad (Mazli)
Gao en alerte maximale

À la veille de la tenue de son congrès, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad  (MNLA) a mis ses troupes en état d’alerte maximum. Un groupe d’Al Qaîda a tenté de faire exploser l’aéroport de Gao (Mali), mais des cadres du mouvement l’en ont empêché.

Plus de deux semaines après leur enlèvement, les sept otages algériens « sont en  bonne santé et deux d’entre eux, dont le consul, qui souffrent de maladies chroniques, reçoivent leur traitement », nous a déclaré une source sûre au nord du Mali, en contact avec les négociateurs. Dès le lendemain du rapt, ces derniers ont réussi à prendre attache avec le Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour faire libérer les captifs. Un accord aurait été trouvé, mais la détérioration de l’état de santé de deux otages, dont le consul, a changé le plan. « Les terroristes ont gardé les otages pour les soigner et coupé le contact pendant quelques jours. La semaine passée, le contact a été repris et les terroristes auraient fait savoir qu’ils acceptent de libérer les otages en contrepartie de l’élargissement de certains des leurs, détenus en Algérie. Ils sont en train de préparer la liste de ces personnes », précise notre source.

Ces nouvelles interviennent au moment où les dirigeants du MNLA se préparent à tenir un congrès décisif à Gao, du 25 au 27 avril. « Comme vous le savez, le MNLA n’a pas voulu désigner un président ou un chef pour s’exprimer au nom du mouvement. Les responsables ne parlent qu’au nom des structures qu’ils dirigent. Cette mesure a été prise dans le but d’éviter d’être confrontés, comme par le passé, à des responsables qui prennent la décision de négocier l’avenir de l’Azawad sans en référer à la base. Le congrès va trancher la question du dialogue avec Bamako, mais également celle de l’avenir de notre État et la mise en place de ses instances politiques », explique un cadre dirigeant du MNLA. Le choix de la ville de Gao, pour la tenue d’un tel congrès, n’est pas fortuit. « C’est la seule ville où le MNLA a pu nommer des commandants pour assurer une présence effective sur le terrain », révèle notre interlocuteur.

Dimanche dernier, le pire a été évité dans cette ville lorsque des éléments d’Al Qaîda ont pris d’assaut l’aéroport pour le faire exploser. « Les officiers du MNLA ont eu du mal à les maîtriser. Selon eux, cet aéroport va être utilisé par des puissances étrangères pour neutraliser le djihad. Tous les éléments du MNLA ont été réquisitionnés pour se préparer à un affrontement avec Al Qaîda. Après plusieurs heures de discussions houleuses, les terroristes ont abandonné leur projet. Cependant, rien n’indique qu’ils ne reviendront pas à la charge », témoigne un officier du Mouvement. Selon lui, le MNLA a du mal à imposer son autorité à Gao, Kidal et Tombouctou, du fait de la réticence farouche des islamistes et leurs alliés, les trafiquants de drogue. « Nous faisons des campagnes de sensibilisation auprès des populations pour les avoir de notre côté. La tâche est difficile. Les djihadistes et les trafiquants de drogue ont beaucoup plus de moyens financiers que le Mouvement. Ils sont plus influents », note notre interlocuteur, en reconnaissant que le mouvement de l’Azawad est aujourd’hui « totalement dépassé ». Il explique : « Tous ces groupes s’entraident et se rendent service à chaque fois que la nécessité du terrain l’exige. Ils constituent la première force de la région. Pour l’instant, le MNLA ne peut rien faire contre eux. Ils sont très riches, puissamment armés et connaissent parfaitement le terrain. » Cette amère réalité fait craindre le pire.

Raison pour laquelle une réponse « favorable » a été donnée à l’appel au dialogue lancé par Bamako. Une forte tendance au sein du MNLA est aujourd’hui convaincue que l’Azawad ne peut vivre isolé du monde. Jusqu’à ce jour, la majorité des États de la communauté internationale en général et les pays frontaliers en particulier ont rejeté la partition du Mali. Ils encouragent le principe d’une autonomie du Nord et se déclarent prêts à pousser le Mali à garantir une telle issue. « Lors du congrès, cette option sera discutée, mais il sera  difficile de faire admettre à la base de revenir sur l’idée de l’indépendance. Le congrès sera vraiment un test pour la cohésion du Mouvement », a conclu un cadre dirigeant du MNLA.

En tout état de cause, la tenue de cette rencontre, au moment où les groupes de djihadistes renforcent le recrutement parmi les Arabes, les Touareg et les Haoussa, y compris dans les pays du champ comme le Niger, le Nigeria, la Mauritanie et le Burkina Faso. Les jeunes recrues, dont certaines ne dépassent pas les 7 ou 8 ans, sont acheminées vers des campements où elles subissent des entraînements militaires. Selon nos sources, de nombreux convois d’armement sont acheminés ces derniers jours de Libye et du Niger par Al Qaîda. « Ils circulent avec des liasses d’euros et de dollars. Ils ne négocient jamais le prix d’un service, qu’ils paient dix fois son prix réel. C’est pour cela qu’ils n’ont jamais de problème de carburant, de munitions, de moyens de communication ou d’approvisionnement », révèle un notable de Gao.

Leur presse (Salima Tlemçani, ElWatan.fr, 24 avril 2012)

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Une réponse à [Vive l’Azawad libre !] « Cette mesure a été prise dans le but d’éviter d’être confrontés, comme par le passé, à des responsables qui prennent la décision de négocier l’avenir de l’Azawad sans en référer à la base »

  1. **** dit :

    Il faudrait identifier les porteurs d’enveloppes de billets pour les groupes islamistes et les dépouiller (plus facile à dire qu’à faire, je sais).

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