[La police travaille à Cambrai] « Je ne les ai pas insultés, je leur ai juste dit qu’ils me dégoûtaient »

EN DIRECT DU TRIBUNAL
Ils refusent le travail d’intérêt général : direction la case prison

C’est en victimes que se présentent ces trois jeunes prévenus à la barre du tribunal, mardi après-midi. Ils comparaissent pour des outrages à des policiers, pour rébellion et pour des violences pour l’un.

Le 20 mars, deux frères, P. A. et S. A. et leur copain, Y. H., boivent des bières dans le jardin public. Quand une patrouille de police surgit et leur demande de vider leurs cannettes. Rappelons qu’un arrêté interdit la consommation d’alcool dans le jardin public. Les policiers contrôlent aussi les identités de ces jeunes. Y. H. n’a pas ses papiers, ils lui demandent de le suivre au commissariat. Et c’est là que la situation dégénère. Ils ne sont pourtant pas connus comme des délinquants. Le plus jeune, P. A. n’a jamais été condamné, tandis qu’une condamnation apparaît aux casiers judiciaires des deux autres, un défaut d’assurance pour S. A.. Mais les deux frères interviennent.

Insultes et outrages pleuvent. À la barre, les trois jeunes, âgés de 20 à 25 ans, ne semblent pas mesurer la portée de leurs actes. Si la consommation d’alcool est pointé du doigt, ils affirment, presque fièrement, qu’ils étaient « conscients ». « Ils nous ont interpellés pour rien », lance l’un. « Je ne les ai pas insultés, je leur ai juste dit qu’ils me dégoûtaient », affirme un autre.

Le procureur de la République, Jérôme Marilly, rappelle qu’il est interdit de consommer de l’alcool dans le jardin public. Qu’à Cambrai, comme à Douai ou Valenciennes, ces comportements constituent un trouble à l’ordre public. Il se dit « désespéré par de tels comportements » et pointe du doigt « leur oisiveté et leur consommation d’alcool… Il serait plus utile qu’ils travaillent ou s’investissent dans un projet professionnel. » Il requiert 140 heures de travail d’intérêt général. Mais coup de théâtre, le plus âgé des frères, refuse ce TIG. Le procureur reprend immédiatement la parole et requiert trois mois de prison ferme. Solidaires dans leur inconscience et leur bêtise, P. A. et Y. H. rejettent aussi le TIG. Ils peuvent aujourd’hui s’en mordre les doigts. P. A., jamais condamné, a écopé de quatre mois de prison avec sursis. S. A. à qui des violences étaient aussi reprochées, de trois mois ferme et Y. H. de deux mois. Ils devront en outre, verser solidairement, des dommages et intérêts, deux fois 150 euros à deux policiers.

Leur presse (lavoixdunord.fr, 22 avril 2012)

Ce contenu a été publié dans Beau comme une prison qui brûle, Violences policières et idéologie sécuritaire, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.