[Penly] « Se préparer à des situations complètement inimaginables. Car la menace existe »

Si Penly…

Ouf ! On respire, ce n’était qu’un « incident » !

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5 avril 2012. Deux départs de feu à la centrale nucléaire de Penly et une fuite d’eau radioactive de 2,3 m³ par heure, classé niveau 1 sur l’échelle INES.

La panne d’une pompe servant au refroidissement du réacteur : grave ou pas grave ?

« Niveau 1 » signifie « anomalie ». Donc pas grave a priori, selon l’ASN.

La fuite ne peut évidemment pas être considérée comme grave par cet organisme étant donné que des fuites sont déjà tolérées par la même agence de sureté nucléaire. D’autant plus qu’on autorise cette centrale à relâcher 72.000.000.000.000 Bq par an dans la Manche, juste pour le tritium (cf. autorisation pour 2008).

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Une fuite connue en 2010 à la centrale nucléaire de Penly (Source : Médiapart, 25 juin 2011)

Juste une anomalie donc.

Pourtant, si une autre pompe n’avait pas pris le relai, le cœur aurait fondu rapidement.

Comme à Three Mile Island. Comme à Fukushima.

On remarque en passant que cet incendie, qui a quand même nécessité l’intervention de 29 personnes, n’a pas eu besoin d’un tremblement de terre ou d’un tsunami pour se produire.

C’est pourquoi il est utile de rappeler ‒ ou d’apprendre ? ‒ à la population ce qui se passerait en cas d’accident majeur : contamination des sols pour des décennies, voire des siècles, et évacuations définitives pour les zones les plus touchées.

Les mots restent des mots, rien ne vaut une bonne carte.

Comme « il faut accepter de se préparer à des situations complètement inimaginables. Car la menace existe » (dixit M. Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), il faut accepter de regarder une carte de contamination radioactive post-accidentelle française, telle qu’elle apparaîtra sur nos écrans de télévision quand la catastrophe aura eu lieu.

Pour comparer avec des catastrophes nucléaires connues, j’ai reporté sur la carte de l’Europe les surfaces des territoires les plus contaminés par Tchernobyl et Fukushima, à la même échelle, en prenant comme source fictive de la pollution la centrale nucléaire de Penly. Évidemment, si un accident arrivait, la pollution se répandrait d’une autre manière, à cause d’autres conditions météorologiques et d’autres reliefs. C’est juste pour se donner une idée. Juste pour se préparer psychologiquement.

Si Penly avait provoqué la pollution radioactive de Fukushima…

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… Le Havre, Rouen, Caen, Angers seraient des villes contaminées. Les côtes anglaises et la Manche seraient également touchées. Ce que ne montre pas la carte, à cause de l’impossibilité de relever les retombées dans l’océan Pacifique lors de la catastrophe de Fukushima, c’est qu’il faudrait aussi très probablement évacuer la ville d’Amiens qui est située exactement sous les vents dominants de la pollution radioactive aérienne qui serait générée par une catastrophe nucléaire à Penly.

Si Penly avait provoqué la pollution radioactive de Tchernobyl…

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… Le Havre, Rouen, Orléans, Calais, Dunkerque seraient des villes contaminées. Mais d’autres pays que la France seraient touchés : l’Angleterre, la Belgique (faudrait-il évacuer Bruges ?), les Pays-Bas et l’Allemagne. Il faudrait aussi sans doute interdire la pêche dans la Manche étant donné que l’essentiel des retombées y seraient localisées.


En savoir plus sur l’évènement de Penly :

Analyse de Bruno Chareyron (Criirad)

Analyse de Bernard Frau

Article du Monde

Communiqué de l’IRSN

Communiqués de l’ASN

Le blog de Fukushima, 7 avril 2012

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